SURAN Charles, Jean, Cyprien

Par Gilles Morin

Né le 2 mai 1904 à Blajan (Haute-Garonne), mort le 1er août 1971 à Boulogne-sur-Gesse (Haute-Garonne) ; instituteur puis professeur de cours complémentaire ; résistant ; militant socialiste de la Haute-Garonne, maire (1947-1971) et conseiller général de Boulogne-sur-Gesse (1945-1971), conseiller de la République puis sénateur de la Haute-Garonne (1955-1971).

Fils de Célestin Suran, employé de la compagnie des chemins de fer du Sud-Ouest, Charles Suran suivit les cours de l’école primaire de Saint-Pé puis ceux de l’école primaire supérieure Berthelot de Toulouse enfin ceux de l’École normale d’instituteurs de Toulouse (promotions 1920-1923). Titulaire du brevet supérieur, il sortit instituteur et exerça par la suite comme professeur de cours complémentaire à Boulogne-sur-Gesse jusqu’en 1939. Ayant suivi à l’ENI les cours de la préparation militaire, il effectua son service militaire au 24e Régiment d’artillerie, suivi les cours de l’École des officiers de réserves de Poitiers et obtint le grade de sous-lieutenant de réserve en 1925.

Il se maria le 29 septembre 1929, à Boulogne-sur-Gesse, avec Marie-Antoinette Arne, née le 13 mars 1912 dans la commune, sans profession.

Il adhéra en 1926, à la section socialiste SFIO de Boulogne-sur-Gesse, fut son candidat au conseil général en octobre 1934 dans le canton et était secrétaire de l’Union des sections SFIO de l’arrondissement de Saint-Gaudens (Haute-Garonne) en 1936. Ses années de jeunesse furent aussi marquées par une intense activité sportive, il pratiquait le rugby à l’Union sportive de Bazas et vouait une véritable passion à l’alpinisme, dans son cas au pyrénéisme, assidu aux camps d’altitude du Club alpin français avec le docteur Arlaud. Au congrès fédéral du 29 mai 1938, il vota contre le rapport de la CAP, qui avait prononcé l’exclusion de Marceau Pivert et réclamait une amnistie. Il se prononça pour la motion de la Bataille socialiste et demanda la reprise immédiate des pourparlers d’unité avec les communistes.

Mobilisé en 1939 dans l’artillerie, il fut décoré de la Croix de guerre avec citation. Fait prisonnier dans les Vosges, il s’évada à deux reprises et fut de retour à Boulogne avant la fin de l’année 1940. En 1941, il prit contact avec la Résistance, appartint à différents organismes, mouvements et réseaux (l’AS, Libérer et Fédérer, les Corps francs de la Libération et le réseau Buckmaster). Il échappa à des arrestations, sa femme et son beau-père étant emprisonnés quelques temps à Saint-Gaudens et Toulouse. En 1944, il devait obtenir le grade d’Officier de la Légion d’honneur au titre de la Résistance.

Élu conseiller municipal de Boulogne-sur-Gesse en avril-mai 1945 puis conseiller général du canton du même nom en octobre (au second tour en 1945 avec l’apport des voix communistes), enfin maire du chef-lieu du canton en 1947, il fut constamment réélu jusqu’à son décès. Président de la commission départementale de 1951 à 1955, il présida par ailleurs le Syndicat départemental d’électrification et s’ingénia, grâce au Syndicat intercommunal des eaux de la Barousse et du Comminges, dont il fut le fondateur en 1948 et qui regroupait 140 communes en 1950, à faire parvenir l’eau potable dans toutes les habitations, jusqu’au plus profond du monde rural. Sur le plan municipal, il impulsa une modernisation de sa commune, faisant construire un groupe scolaire et divers équipements (hôtels des postes et des finances, centre nautique et sportif, gendarmerie, club des Jeunes, abattoirs, etc…). Placé en quatrième position sur la liste SFIO, apparentée avec celles du parti radical et du MRP aux élections législatives de 1951, il ne fut pas élu. Le préfet le décrivait en 1946 par ces mots : « Intelligent, actif, brutal, tenace en toutes choses, droit, consciencieux » et signalait son autorité croissante.

Suran atteignit le sommet de sa carrière lorsqu’en 1955, il fut élu conseiller de la République puis sénateur de la Haute-Garonne, succédant à André Hauriou qui ne se représentait pas. Élu le 19 juin 1955, réélu les 26 avril 1959 et le 23 septembre 1962, il fut désigné comme rapporteur du budget du ministère de l’agriculture, de la presse, de la radio et du cinéma. Il appartenait par ailleurs aux commissions de la production industrielle, des affaires économiques et du plan, puis, après 1965, à la commission des Finances. Il devait rapporter le projet d’aménagement du cours supérieur de la Garonne, qui fit l’objet d’une convention entre la France et l’Espagne. Élu le 15 juillet 1959 sénateur de la Communauté, désigné comme candidat du nouveau Parti socialiste au renouvellement du Sénat en septembre 1971, il décéda six semaines avant les élections.

Suran n’avait pas de fonction dans la fédération socialiste mais, animateur du parti dans la région de Saint-Gaudens, intervenait ponctuellement dans la vie de la fédération. Ainsi, en novembre 1958, il appela à voter “oui” au référendum constitutionnel, en publiant avec André Méric une lettre aux maires du département. En 1967, il s’insurgea violemment contre l’investiture accordée par la FGDS au vieux parlementaire radical Hippolyte Ducos, et annonça sa démission à cette occasion pour accorder son soutien au socialiste Jean Lasserre. En fait, il demeura à la fédération socialiste mais une certaine contestation se fit jour contre lui.

Pour le congrès national extraordinaire de décembre 1968, il signait un texte intitulé “Non !”, refusant la fusion dans un nouveau parti socialiste. Le premier août 1971, Charles Suran, décéda dans son fief de Boulogne-sur-Gesse. Il reçut un ultime adieu de plusieurs milliers de personnes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article174634, notice SURAN Charles, Jean, Cyprien par Gilles Morin, version mise en ligne le 19 juillet 2015, dernière modification le 29 mars 2022.

Par Gilles Morin

SOURCES : Arch. Nat., F/7/15531, n° 18113, F/1cII/203, 255, 270, 276, 305, 309, 703, F/1cIV/152. CAC, 20010216/94/2718. — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-67. — Archives de l’OURS, dossiers Haute-Garonne et dossier personnel. — Le Populaire, 4/10/1934. — L’Émancipation (Haute-Garonne), 12 janvier 1936. — L’Avenir, 13 septembre 1958. — Bulletin intérieur de la SFIO, décembre 1968.

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