SION Paul [SION Albert, Joseph, dit Paul]

Par Gilles Morin

Né le 14 mars 1886 à Marquillies (Nord), mort le 13 novembre 1959 à Lille (Nord) ; ouvrier mineur ; militant syndicaliste et socialiste ; trésorier du syndicat des mineurs du Pas-de-Calais (1922-1936) ; maire de Lens (1944-1945) ; conseiller général (1928-1940, 1949-1951) ; député du Pas-de-Calais (1936-1940 ; 1945-1955).

Paul Sion
Paul Sion

Né dans un milieu ouvrier, Paul Sion descendit à la mine à l’âge de treize ans, en qualité de galibot à la fosse 6 des mines de Dourges. N’ayant fréquenté que l’école primaire, il s’efforça de parfaire son instruction et aussi d’acquérir des connaissances techniques sur les mines et le charbon. Aussi fut-il un militant syndicaliste avisé. Il adhéra au syndicat des mineurs en 1906 et y occupa diverses fonctions, avant d’être élu trésorier général du Syndicat des mineurs de 1922 à 1936, date à laquelle il devint élu député. Coopérateur, lors des manifestation contre la vie chère de 1912, il fonda, avec un groupe d’ouvrier et Célestin Moinier, une coopérative-boucherie dont il fut par la suite administrateur-délégué. La même année, il adhéra au Parti socialiste SFIO. Mobilisé en 1914, il fut blessé à deux reprises à Verdun et fut décoré de la Croix de guerre.

Démobilisé en 1919, Sion reprit sa vie professionnelle et trois ans plus tard, pour assurer ses fonctions syndicales, se fixa à Lens (Pas-de-Calais). Lors de la scission de Tours, il resta fidèle à la SFIO et le 5 mai 1925, il y fut élu conseiller municipal sur la liste socialiste ; il siégea à la mairie de Lens jusqu’en 1939.

Le 6 mai 1928, il fut élu conseiller général dans le canton de Lens-Est par 7 044 voix contre 5 302 à deux adversaires. En 1931, il y fut réélu avec 2 650 voix d’avance sur son adversaire et exerça la fonction de secrétaire de la commission départementale.

Aux élections législatives de 1936, la Fédération socialiste du Pas-de-Calais posa sa candidature dans la 2e circonscription de Béthune. Sur 19 049 inscrits, il obtint 6 153 voix devant Jiolat, communiste, 5 615, Révillon, démocrate populaire, 4 804. Au ballottage, Sion battit Révillon par 10 934 suffrages contre 5 154. Il s’attacha surtout aux problèmes de la mine et des mineurs.

À la Chambre, Paul Sion appartint à plusieurs commissions : assurance et de prévoyance sociales ; mines et force motrice ; Alsace et Lorraine. Il s’attacha plus particulièrement aux questions sociales qui concernaient les mineurs : retraites, redevance communale des mineurs. Il rapporta aussi des propositions de résolution concernant les allocations aux familles dont les soutiens étaient mobilisés et participa aux discussions des budgets de 1939 et 1940.

Paul Sion ne put se rendre à Vichy pour le vote du 10 juillet 1940. En décembre 1941, lors du remaniement municipal provoqué par le décès de Maès, député-maire de Lens, il refusa de faire partie de la nouvelle assemblée municipale. Il fut arrêté en décembre 1942 par les Allemands, qui le soupçonnaient d’avoir invité les maires de la région à ne pas établir de liste de travailleurs pour la zone côtière et il fut détenu durant deux mois.

À la Libération, maintenu par le congrès de novembre 1944, il présida le comité de Libération de Lens, qui le désigna comme président la délégation municipale provisoire de la ville, et il fut désigné à l’Assemblée consultative provisoire (ACP). Candidat malheureux à la mairie, en avril 1945 – le communiste Auguste Lecœur étant élu – puis aux cantonales en septembre 1945 (il se présentait comme vice-président du syndicat des mineurs du département), il figura en troisième position sur la liste SFIO, dans la deuxième circonscription du Pas-de-Calais, derrière Guy Mollet et Just Evrard. Élu, il siégea en 1945 et 1946 aux deux Assemblées nationales constituantes (ANC). Secrétaire de la commission équipement national, production et mines de la 2e ANC en juin 1946, il a été désigné par le groupe socialiste pour siéger à la Haute-Cour de Justice le 21 juin 1946. Son mandat de député du Pas-de-Calais lui fut renouvelé en novembre 1946 et juin 1951, mais il ne se représenta pas en janvier 1956. Son action parlementaire resta dans la continuité de celle qu’il avait eu dans la chambre du Front populaire. Il s’intéressa personnellement plus particulièrement au régime de retraite des ouvriers mineurs et à l’organisation de la sécurité sociale des mineurs.
Sion fut président de la commission des mines, puis de la commission de la production industrielle de 1946 à 1949, puis vice-président ce celle-ci jusqu’en 1951, reconduit en 1951-1956. Il siégea également à la commission du travail et de la Sécurité sociale (1946-1951), dont il fut le secrétaire en 1946. Le 9 janvier 1952, il est élu secrétaire de l’Assemblée nationale. Enfin, il fut délégué à la commission de coordination chargée des questions relatives à la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA).

Au Parlement, il se montra un militant discipliné du groupe. Alors que le projet d’une Communauté européenne de défense (CED) déchirait son parti, Paul Sion suivit la ligne de Guy Mollet et approuva la ratification du traité, qui fut néanmoins rejetée le 10 août 1954.

Élu vice-président du syndicat des mineurs le 9 février 1944 à Lens, il démissionna lors de la scission syndicale de décembre 1947 et appartint au syndicat des mineurs retraités de la CGT-FO. Il a été membre de la commission exécutive de la SFIO du Pas-de-Calais en 1947-1956. Élu à une cantonale partielle les 11-18 décembre 1949 dans le canton de Lens-Est, il ne se représenta pas en 1951.
Sion était correspondant pour la SFIO de la fédération nationale des mutilés du Travail, avec Cordonnier, puis après la mort de celui-ci, avec Robert Coutant.
Marié le 24 mars 1910, il était père d’une fille. Ne se représentent pas à la députation en 1956, se retire de la vie politique et décède le 13 novembre 1959 à la cité hospitalière de Lille à l’âge de 73 ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article174729, notice SION Paul [SION Albert, Joseph, dit Paul] par Gilles Morin, version mise en ligne le 22 juillet 2015, dernière modification le 10 juin 2016.

Par Gilles Morin

Paul Sion
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SOURCES : Arch. Nat. F7/13084 ; F7/15508 n° 4631 ; F/1cII/112/B, 122 ; F/1cIV/154. — Arch. Dép. Nord, série M. — Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Arch. de l’OURS, AGM 118. — Dict. parl. 1870-1940 — Le Monde, 15-16 novembre 1959. — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-67. — Rapports des congrès de la fédération SFIO du Pas-de-Calais, 1945-1967. — PS-SFIO, Rapports du XXXVe congrès national, Libairie populaire, 1938. — J. Derville, La Fédération socialiste SFIO du Pas-de-Calais, 1944-1969, thèse d’études politiques, Paris, FNSP, 1970. — Notice de J. Raymond dans le DBMOF. — État civil, recherches infructueuses.

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