SPANIEN Samuel, dit Sam

Par Gilles Morin

Né le 24 février 1896 à Paris, mort en septembre 1952 ; avocat ; socialiste ; résistant ; membre du comité central de la Ligue des Droits de l’Homme.

Dédicace de Léon Blum "à Sam son ami Léon"

Samuel Spanien suivit des études à la Sorbonne. Appelé en 1915 pour combattre durant la Grande guerre, comme aspirant d’infanterie, il a été fait prisonnier de guerre sur le chemin des Dames. Il s’évada à la troisième tentative en 1917 et fut décoré de la Croix de guerre.

Samuel Spanien démobilisé acheva ses études de droit à la Sorbonne et se fit inscrire comme avocat au barreau de Paris, le 8 février 1922. Il a été quatrième secrétaire de la conférence de stage en 1924-1925. Spécialisé dans le droit civil, brillant pénaliste, il se lia au Palais, puis à la salle de la conférence où ils sélectionnaient les jeunes candidats de la nouvelle promotion avec Léo Lagrange et son épouse Madeleine. Il avait déjà fréquenté le groupe des Étudiants socialistes, où il y avait connu André Blumel et Henry Torrès.

Samuel Spanien a-t-il été socialiste au sens partisan du terme ? Par moment certainement, mais il resta « rétif à toute discipline », selon Daniel Mayer qui lui reconnaissait pourtant cette qualité dans un hommage solennel : « Il l’était foncièrement, complètement, s’il s’agit de la critique du monde présent, de son injustice et de ses misères, s’il s’agit de l’aspiration généreuse des êtres vers un idéal plus humain, vers une conception améliorée de la vie ».

Mobilisé en 1939, comme lieutenant, Spanien acheva la guerre à l’état-major de la 17e région. Démobilisé, installé à Clermont-Ferrand, il entra en contact avec plusieurs réseaux de résistance naissants.

Spanien, avocat juif – religieux et pratiquant selon André Blumel–, bravant les persécutions, atteignit la célébrité durant l’Occupation en défendant Léon Blum. Il a été son avocat dès 1940, mais surtout lors du procès de Riom en 1941-1942, avec André Le Troquer et Félix Gouin. « Dans la tourmente et dans la peine », selon les mots de Léon Blum, les deux hommes deviennent vite amis. « Spam », comme il l’appelle dans leur correspondance, prépara avec le leader socialiste emprisonné à Chazeron puis Bourrasol, le dossier de défense et les plaidoiries qui contribuèrent à réveiller l’opinion républicaine et socialiste et contraignit Vichy à abandonner l’accusation. Avec sa femme Simone (décédée en novembre 1947), ils militèrent ensuite activement dans la Résistance, sous de fausses identités. Il participa à la réunion où le comité directeur du Parti clandestin rencontra Yvon Morandat, l’un des premiers envoyés politiques en France du général de Gaulle.

Après la Libération, on retrouva Samuel Spanien plaidant de grands dossiers, comme celui du président Frémicourt, et il représenta souvent la défense de ses amis socialistes, notamment Félix Gouin contre Yves Farge, ou Paul Auriol, fils de son ami Vincent Auriol, et, bien sûr, le Populaire de Léon Blum.
Élu membre du comité central de la LDH en 1948, Spanien, nommé par Georges Bidault, représenta la France dans la commission consultative des droits de l’homme à l’ONU, puis, sur proposition de René Cassin, dans la sous-commission des minorités et de la lutte contre les mesures discriminatoires.

Il mourut, deux ans après Léon Blum, en septembre 1952 dans un accident de la circulation et fut inhumé au cimetière Montparnasse.
La Ligue des droits de l’Homme lui consacra son émission radiophonique sur la chaîne parisienne et une cérémonie d’hommage lui a été rendu en mars suivant, en présence du président Auriol.

Il était décoré de la Légion d’honneur au titre de la Résistance. Père de deux enfants, il était apparenté à la famille Servan-Schreiber, par sa fille, et lié à la famille de Jean Zay

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article174792, notice SPANIEN Samuel, dit Sam par Gilles Morin, version mise en ligne le 26 juillet 2015, dernière modification le 5 février 2021.

Par Gilles Morin

Avec Léo Lagrange
Dédicace de Léon Blum "à Sam son ami Léon"

SOURCES : Arch. PPo, 1W613/27875. — Arch. de l’OURS, fonds Spanien. — Daniel Mayer, Les socialistes dans la Résistance, op. cit., p. 57-58. — Le Populaire, 9 et 10 septembre 1952. — Le Monde, 10 septembre 1952.

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