SOUCHON Claude, Francis

Par Pierre Chaumont

Né le 23 août 1937 à Lyon (Rhône) ; médecin généraliste à Saint-Rémy (Saône-et-Loire) ; militant de la contraception et de l’IVG ; membre du Parti socialiste depuis 1971 ; maire socialiste de Saint-Rémy de 1977 à 1997.

Claude Souchon naquit à l’Hôtel-Dieu de Lyon. Il était l’aîné d’une fratrie de cinq : un frère et trois sœurs. Il fut élevé dans un milieu familial catholique très pratiquant. Un de ses oncles, son parrain, était prêtre. Son père, Jean Souchon, fut élevé chez les Frères des Écoles chrétiennes et souhaitait entrer dans la Congrégation. Seul enfant de la fratrie à avoir fait des études, il fut instituteur « libre » successivement chez les Frères des Écoles chrétiennes, à Chazelles-sur-Lyon (Loire) où il rencontra son épouse ouvrière-chapelière, à Irigny (Rhône), aux Roches-de-Condrieu (Isère) puis à partir de 1949 à Saint-Étienne.

Ce fut dans cette ville que Claude Souchon fit ses études secondaires à l’école Sainte-Thérèse de la 6e à la 4e. En 3e, il entra au petit séminaire de Montbrison (Loire) où il resta jusqu’en 1re. Ses professeurs, prêtres, ayant décelé ses capacités scientifiques et son attirance pour la médecine lui conseillèrent de quitter le petit séminaire où il n’y avait pas de terminale scientifique. En 1955, il obtint le baccalauréat Sciences-Ex au lycée public Claude Fauriel à Saint-Étienne (Loire). Au cours de cette année, il assuma la responsabilité du groupe JOC du lycée que son aumônier lui avait confiée.

Pendant l’année préparatoire qu’il fit à l’Université de Lyon pour faire des études de médecine, il rencontra celle qui allait devenir son épouse, Nelly Montagné. Ils se marièrent en 1962. De 1962 à 1965, il fit son internat au centre hospitalier de Chalon-sur-Saône et dix-huit mois de service militaire. Au cours de ses études, il ne s’engagea ni syndicalement, ni politiquement : étant boursier, il ne pouvait se permettre d’échouer à un examen. Toutefois, les événements de la guerre d’Algérie, qu’il suivit avec passion, contribuèrent largement à sa prise de conscience politique.

En 1966, il arriva comme médecin à la clinique Rifaux à Saint-Rémy. Il chercha à ouvrir un cabinet et s’associa dès la fin de l’année avec le docteur Josse. Bien qu’il se définît comme catholique anticlérical, il s’intégra néanmoins, avec sa femme, à la paroisse Sainte Thérèse et s’engagea dans le mouvement catholique Couple et famille, participant à la formation de conseillers familiaux et à la réflexion des membres du groupe sur la sexualité conjugale. La proximité du mouvement avec les thèses soutenues par le professeur Jérôme Lejeune dans le sillage de l’encyclique Humanae vitae de juillet 1968 (méthode naturelle de contraception, abstinence, militantisme anti-avortement) les amena à quitter le mouvement. À la demande de plusieurs lycées châlonnais, Claude Souchon intervint dans des classes, donnant des cours d’éducation sexuelle. Il fut l’un des premiers médecins du secteur, avant même l’application de la loi Neuwrith, à prescrire la pilule contraceptive, à faire des conférences et des débats publics contradictoires sur la contraception et l’avortement, à faciliter le déplacement de femmes enceintes vers la Suisse pour y avorter. Après l’adoption de la loi Weil en janvier 1975, il fut l’un des rares médecins du Châlonnais à pratiquer des IVG, au sein du Centre hospitalier d’orthogénie, s’exposant à la vindicte des militants anti-avortement qui s’enchaînaient aux grilles de la maternité Boucicaut. Il y pratiqua des IVG pendant plus de trente ans, jusqu’à son départ en retraite en 1999.

Dès 1966, il avait rencontré le groupe local de La Vie nouvelle, animé par Georges Farge*. Au début des années 1970, le mouvement s’engagea dans une réflexion sur l’adhésion au Parti socialiste en construction et sur l’engagement municipal. La revue Citoyens 60, dirigée par Jacques Delors, alimenta largement les débats. La Vie nouvelle participa au congrès d’Épinay en 1971 et aux Assises du socialisme en 1974.

À Chalon, des militants de gauche avaient rejoint le mouvement comme Bernard Dondon, Jean Louis Sommier, Yves Heutte. Cette réflexion déboucha sur la présentation de listes de gauche aux municipales de 1971 dans la banlieue châlonnaise, la victoire de plusieurs d’entre elles aux municipales de 1977 et l’élection de ces militants comme maires.

Aux municipales de 1971, Claude Souchon fut le seul candidat de la liste d’opposition, l’Union de la gauche ayant été réalisée au second tour, à être largement élu. Il créa alors le GEM (Groupe d’études municipales) à l’image du GAM (Groupement d’action municipale) nouvelle forme d’action citoyenne dépassant le clivage des partis mis en place à Grenoble (Isère) par Hubert Dubedout. Le GEM tint régulièrement des réunions publiques informant et consultant la population. Cette démarche participative conduisit à une large victoire de la liste conduite par Claude Souchon aux municipales de 1977. Il fit trois mandats à la tête de la commune de 1977 à 1995, conduisant des listes d’Union de la gauche, toujours élues au premier tour. Il en commença un quatrième jusqu’à fin décembre 1997. Il laissa alors, comme il s’y était engagé, le fauteuil à son premier adjoint, Pierre Jacob. Il fut président du SIVOS du collège Pasteur de 1977 à 2001. Ces dix-huit années de mandats virent la transformation profonde de la petite bourgade de la banlieue châlonnaise en une véritable ville par l’urbanisation de la zone de cinquante hectares de terres agricoles situés entre l’actuelle mairie et l’autoroute A6.

Le premier mandat fut marqué par le rachat de l’ancien foyer paroissial pour en faire la Maison de l’enfance, l’aménagement de l’aire de sports de l’Étang, l’installation d’un chauffage solaire à la piscine municipale et la construction de la salle Georges Brassens, inaugurée en 1982, premier bâtiment de ce qui devint au fil des mandats, le centre-ville dont Saint-Rémy était dépourvu.

En 1981, Claude Souchon lança le jumelage avec Ottweiler en Sarre. En 1992, il soutint l’appariement du collège Pasteur avec le collège de Tita au Burkina Faso, lequel conduisit au jumelage entre Saint-Rémy et Tita Pouni en 1996.

Par refus du corporatisme, il ne fut jamais membre d’un syndicat de médecins. Il adhéra au Parti socialiste lors du congrès d’Épinay en 1971. Il était toujours adhérent en 2015. Il se méfia constamment des étiquettes et des courants, s’attachant à garder sa liberté de pensée et de positionnement. Il n’envisagea jamais d’arrêter sa pratique de médecin généraliste pour embrasser une carrière politique. Il refusa de se présenter aux cantonales. Pour les législatives de 1997, il fut sollicité par André Billardon et Didier Mathus pour être candidat sur la sixième circonscription. Il déclina cette proposition et le choix se porta alors sur Arnaud Montebourg. Il fut un grand militant de la proximité, refusant d’être un homme politique d’appareil. Il n’accepta aucune décoration.

Son épouse, Nelly Montagné, née en 1939, fut élevée dans le Beaujolais dans un milieu tout à fait laïque et anticlérical. Ses parents, tous deux instituteurs s’étaient rencontrés à l’École normale de Lyon. Peu actifs dans le syndicalisme enseignant, ils étaient proches du PC. Son père aida beaucoup le maquis du Beaujolais sans jamais se faire arrêter. Nelly Montagné ne fut pas baptisée à sa naissance. Elle fit toutes ses études secondaires au lycée de Saint- Just à Lyon comme interne. C’est au cours de sa classe de philosophie qu’elle s’ouvrit au questionnement religieux. Elle suivit le catéchuménat d’adultes à Lyon, y fut baptisée l’année de son mariage en 1962. Elle fit toute sa carrière professionnelle comme médecin au Centre de transfusion sanguine de Chalon-sur-Saône jusqu’à sa retraite en 1999. Elle adhéra au Parti socialiste en 1971. En 1972, elle fut élue au bureau de la section de Chalon. Elle ne reprit pas sa carte lorsque son mari devint maire en 1977. Elle fut déléguée départementale de l’Éducation Nationale (DDEN) de 1979 à 2015. Le couple milita à la Fédération de parents d’élèves Cornec puis FCPE dès 1971 et durant toute la scolarité de leurs quatre enfants : Hélène, née en 1966, Pierre en 1969, élu municipal à Saint-Thibault (Côte-d’Or), Catherine en 1970 et Jean-Philippe en 1972.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article174794, notice SOUCHON Claude, Francis par Pierre Chaumont, version mise en ligne le 24 juillet 2015, dernière modification le 24 juillet 2015.

Par Pierre Chaumont

SOURCES : Entretien avec l’intéressé et son épouse en janvier et juillet 2015. — Archives personnelles de Claude Souchon. — Articles du Courrier puis Journal de Saône-et-Loire. — Association bourguignonne des Amis du Maitron.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable