STELLA Jean

Par Éric Nadaud

Né le 18 novembre 1909 à Rumelange (Luxembourg), mort le 23 février 1977 à Tucquegnieux (Meurthe-et-Moselle) ; ouvrier mineur ; membre du bureau de la Fédération nationale CGT des travailleurs du sous-sol de 1948 à 1966 ; président de la Fédération régionale CGT des mineurs de fer et de sel de l’Est ; membre du conseil national du Mouvement de la paix ; premier adjoint à la mairie de Piennes (Meurthe-et-Moselle).

Fils Jean Stella, ouvrier italien originaire de la province des Marche, Pierre Stella, venu travailler dans les années 1900 dans les mines du Luxembourg, et de Alexandrine Pfeimelding, Luxembourgeoise de Kayl, Jean Stella entra à l’âge de 17 ans comme apprenti à la mine de fer de La Mourière, près de Piennes, en Meurthe-et-Moselle. Après une formation d’électricien, il y travailla à la maintenance du système électrique. En 1939, il était délégué d’atelier, et appartenait au Parti socialiste SFIO.

Sous l’Occupation, il s’engagea dans la résistance armée, au sein d’un réseau local FTP, puis dans les FFI du réseau Libération-Nord. Arrêté à plusieurs reprises, il fut incarcéré, notamment à la prison de Metz, mais s’évada chaque fois. Son action lui valut plus tard plusieurs citations au titre de la Libération. En 1944, il était responsable du comité de libération de la ville de Piennes.

Au lendemain de la guerre, il prit une part active à la reconstitution du Syndicat régional des mineurs de fer de Meurthe-et-Moselle, fort début 1948 d’environ 12000 adhérents, dont il fut le secrétaire permanent. Il le représenta dans les congrès nationaux de la CGT à partir d’avril 1946.

Lors de la crise syndicale de la fin 1947, il fut personnellement invité par Jules Moch à soutenir la tendance Force ouvrière (FO), dont il avait auparavant été proche, mais choisit en définitive de combattre celle-ci avec vigueur, et contribua à faire échouer la scission chez les mineurs, aussi bien dans le bassin de Briey qu’au plan national. La CGT cherchant à remplacer ses responsables passés à FO par des militants non communistes fidèles, sa promotion au sein des organisations confédérées s’en trouva favorisée. En mai 1948, il entra à la commission administrative de l’Union départementale CGT des syndicats ouvriers de Meurthe-et-Moselle. En juin 1948, il fut élu au conseil national de la Fédération nationale des travailleurs du Sous-sol, où il siégea jusqu’en 1966 au titre des syndiqués actifs de la 2e Région – Fer Est, puis de 1966 à 1971 au titre des retraités de la 2e Région. Il fut porté en même temps au bureau fédéral, où il demeura jusqu’en 1966, comme secrétaire fédéral non permanent, puis permanent, avec la fonction de trésorier adjoint de 1956 à 1966.

Il se voua aussi au développement de l’organisation des mineurs de fer lorrains. La Fédération nationale CGT des travailleurs du sous-sol ayant décidé de regrouper en une même formation les mineurs de fer des différents départements de l’Est, afin de mieux coordonner et d’intensifier leur action « contre les trusts et contre la politique de guerre », il mit sur pieds en 1950, avec Albert Balducci, la Fédération régionale CGT des mineurs de fer et de sel de Lorraine, qui revendiqua à ses débuts 22 000 adhérents. Il en fut le président, du congrès constitutif des 30 septembre et 1er octobre 1950 jusqu’à sa retraite, en 1966, et en dirigea l’organe officiel, le Sous-Sol lorrain, jusqu’à son décès. Une fois retraité, il fut élu et constamment réélu président d’honneur de la Fédération régionale, et assuma jusqu’en 1970 les fonctions de secrétaire du Syndicat régional des retraités, veuves et invalides des mines de fer et de sel de Lorraine.

Dans le cadre de ses activités syndicales, il s’intéressa particulièrement à la question de la Sécurité sociale minière (SSM). Il présida la Caisse de retraite des mineurs de Piennes, et siégea à partir des années 1950, au nom de la CGT, au conseil d’administration de l’Union régionale des caisses de SSM, à Metz, ainsi qu’à celui de la Caisse autonome nationale des retraites minières, à Paris. En 1969, il était aussi l’un des deux administrateurs de la Fédération régionale des mineurs à la CRIREP (retraites complémentaires). Il représenta en outre la CGT à la Commission nationale du statut du mineur, où il s’occupa de l’application du statut, notamment en 1952.

Sur le plan politique, son parcours fut celui d’un socialiste de gauche. Il représenta la SFIO aux élections municipales du 26 octobre 1947 à Piennes, sur une liste socialo-communiste qui fut battue. Cependant, il rompit avec elle fin 1947, parce qu’il n’en admettait pas l’attitude « anti-ouvrière » et « anti-unitaire ». En avril 1948, il adhéra au Mouvement socialiste unitaire et démocratique, dénommé quelques mois plus tard Parti socialiste unitaire, que venaient de fonder les dirigeants de la tendance Bataille socialiste exclus en janvier 1948 de la SFIO et partisans de l’unité d’action avec le Parti communiste. Il fut l’un des principaux animateurs du socialisme unitaire en Meurthe-et-Moselle. Plusieurs fois candidat aux élections municipales à Piennes, il fut élu en 1959 sur une liste conduite par le Parti communiste, puis réélu dans les mêmes conditions en 1965 et 1971, et exerça les fonctions de premier adjoint. Au second tour des élections législatives de juin 1968, il appela les lecteurs du Sous-sol lorrain à voter en faveur des candidats uniques de la gauche. Selon le témoignage du maire du Piennes, Lucien Caro, il aurait adhéré en 1969 au Parti communiste.

À la CGT comme au PS unitaire, il fut un « compagnon de route » du Parti communiste. Il ne tarit pas d’éloges sur le régime soviétique, dont il exalta « l’éclatante volonté de paix » et les « immenses réalisations pour la classe ouvrière » après s’être rendu en URSS en juillet 1952 à la tête d’une délégation de mineurs français. Il s’associa aussi au combat des communistes « pour la paix ». Il apporta son concours à des manifestations contre l’envoi de minerai de fer dans la Ruhr en 1948-1950, prit part aux Assises lorraines de la paix le 5 novembre 1950, appartint durant une dizaine d’années au Conseil national du Mouvement de la paix à partir d’avril 1955, fit partie du comité de préparation des Etats Généraux du désarmement en mai 1963, et s’employa sans répit à mobiliser la corporation minière contre la « politique de guerre » des Etats occidentaux.
Il décéda d’une crise cardiaque immédiatement après un discours devant le 5e congrès du syndicat régional des retraités des mines de fer de l’Est. Ses obsèques civiles eurent lieu à Piennes le 26 février 1977 devant une foule imposante d’habitants, de syndicalistes, et de centaines de mineurs. Son nom fut donné au gymnase municipal de Piennes. Il avait épousé le 11 mai 1935, à Piennes, Jeannette Chiarinotti, née à Fontaneto d’Agogna en Italie, dont il avait eu deux fils, Alexandre et Roger, en 1938 et 1943.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article174827, notice STELLA Jean par Éric Nadaud, version mise en ligne le 28 juillet 2015, dernière modification le 18 octobre 2021.

Par Éric Nadaud

SOURCES : - Entretien avec Alexandre Stella (2002). – Livret de famille. — La Bataille socialiste, 30 avril 1948. – La Voix de l’Est, 1948-1951. — Le Droit minier, 1948-1977. — Le Travailleur du Sous-sol, 1946-1970, et 1er au 15 mars 1977. — Le Sous-Sol lorrain, 1950-mars 1977. – Comptes rendus des congrès de la Fédération nationale CGT des travailleurs du sous-sol et parties similaires, 1948-1971. — Sources familiales.

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