BOULAY Gaston, Pierre, Maurice

Par Stéphane Paquelin, Jean Vigreux

Né le 1er avril 1922 à Comblachien (Côte-d’Or), mort le 26 juin 2007 ; employé de bureau ; militant communiste de Dijon ; secrétaire de l’UD-CGT et de la Fédération communiste de Côte d’Or.

Gaston Boulay naquit à Comblanchien dans un milieu ouvrier. Son père possédait une boucherie avant d’être mobilisé pour la Première Guerre mondiale ; une absence qui conduisit sa mère à vendre le commerce pour nourrir ses quatre enfants. Elle travailla ensuite dans les vignes, à la tâche. De retour de la guerre, son père trouva une place dans les carrières de Comblanchien. Si sa mère ne manifestait que peu de convictions politiques, son père militait à la SFIO. Gaston Boulay fréquenta l’école primaire, obtint le certificat d’études et fit un an et demi de cours complémentaires et devint tailleur de pierres. Son frère Paul, également tailleur de pierres, partagea son itinéraire politique. C’est dans le contexte du Front populaire, au moment des grèves de juin-juillet 1936, alors qu’il était apprenti aux carrières de Comblanchien que commença la vie militante de Gaston Boulay, âgé de quatorze ans. Ce bassin des ouvriers de la pierre, comptait alors plusieurs centaines d’ouvriers et notamment un certain nombre d’immigrés italiens, la plupart ayant quitté leur pays pour fuir le fascisme et aux convictions politiques très marquées.

Engagé, grâce à son frère à la CGT, puis aux Jeunesses communistes au cours de ces événements, le jeune Gaston Boulay, au cours de l’une des grèves posa la question cruciale de la rémunération des apprentis. Il demanda qu’elle soit inscrite dans le cahier de revendication, et fut ainsi intégré à la délégation devant se rendre devant le préfet pour présenter le cahier en question. Il obtint satisfaction : les apprentis tailleurs de pierre de Comblanchien, puis de la région, ont obtenu un salaire... C’était le début de son engagement, et d’un long parcours de militant syndicaliste et politique.

Après avoir été mobilisé, lors de la drôle de Guerre, il revint au pays à la suite de la défaite. Gaston Boulay fut exempté comme toute la classe 1942, mais envoyé au STO du 3 décembre 1942 au 7 décembre 1943 à Ludwigshafen (IG Farben). Rentré en France à cette date, hospitalisé à Dijon du milieu de janvier au milieu de mars, il entra dans la résistance FTP où son frère jouait un rôle important comme instructeur du maquis d’Arcenan. Il fut agent de liaison FFI avec les maquis. Il resta dans la région jusqu’en juin 1944, date de l’attaque du maquis par les troupes allemandes, puis rejoignit le Jura. De retour en août 1944, il assista au martyr de son village dans la nuit du 21 au 22 août. Le 8 septembre, les troupes de la Première armée française entrent dans le village déserté deux jours auparavant par les Allemands.

Après la Libération, dans l’impossibilité de continuer sa profession de tailleur de pierres pour raison de santé, il fut de 1945 à 1947 surveillant de travaux au MRU (ministère de la reconstruction et de l’urbanisme), d’abord sur un chantier à Chatillon-sur-Seine, puis à Dijon, comme auxiliaire de bureau. Durant toute cette période il continua son activité militante et se retrouva sans emploi. Après un cours passage par les établissements Lanvin, dont il fut licencié, c’est finalement aux Coopérateurs de Lorraine qu’il se stabilisa professionnellement puisqu’il y travailla jusqu’en 1962, date à laquelle il devint permanent syndical ; certes il fut licencié à deux reprises, mais le syndicat CGT de l’entreprise était alors suffisamment puissant pour exiger et obtenir sa réintégration.

Militant des Jeunesses communistes, section de Nuits-Saint-Georges, depuis 1936, il avait donné son adhésion au Parti communiste en 1943. Le Parti communiste lui confia d’abord des responsabilités dans les Jeunesses communistes (secrétaire pour Dijon en 1945) puis à l’UJRF. Secrétaire de la cellule de Bourdy Sardo à Dijon, il entra au bureau de la fédération communiste en 1949 puis au secrétariat fédéral en 1954, qu’il quitta en 1956. En effet, en octobre 1956, le comité fédéral (accord du secrétariat du comité central du 23 octobre 1956) lui avait demandé de concentrer son activité sur l’UD-CGT.

Il était entré au secrétariat de l’UD-CGT en juin 1948 (secrétaire général Gabriel Lejard), comme responsable à la jeunesse et suivit la même année une école syndicale. À partir de mai 1957, il siégea au bureau de l’UD. En 1960 il fut élu au secrétariat de l’UD avant d’accéder au secrétariat général pour succéder à Gabriel Lejard*. Il occupa ce poste jusqu’en 1972. Il participa également à une école de section et une école de fédération communiste. Doté d’un bon bagage politique en raison de ses lectures, il était qualifié par Juliette Dubois* d’intelligent et combatif.

Il fut ensuite et jusqu’à son départ en retraite en 1982 secrétaire régional de la CGT, chargé de coordonner les activités des quatre unions départementales de la région. Il a également assumé divers mandats de représentation de la CGT, notamment au Comité Économique et Social, y compris après son départ en retraite et a siégé aux ASSEDIC de Bourgogne. Il quitta le bureau fédéral en 1976. Sa femme, Jeanine Dubost, employée de banque, était également communiste. En 1950, le couple avait deux enfants.

Le Parti communiste avait présenté Gaston Boulay aux élections cantonales de 1955 et 1961 à Nuits-Saint-Georges.

En 2006, Gaston Boulay participa activement à la vie de la section des vétérans du PCF en Côte-d’Or et il contribua à relancer l’ARAC dans le département. Au moment de son décès, il avait entamé l’écriture de ses souvenirs et participait à l’élaboration d’une exposition du mai 1968.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17483, notice BOULAY Gaston, Pierre, Maurice par Stéphane Paquelin, Jean Vigreux, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 24 septembre 2010.

Par Stéphane Paquelin, Jean Vigreux

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Arch. Dép. Côte-d’Or ; — Archives d’ADIAMOS (Fonds Jarlaud et Caignol). — Entretiens répétés avec Gaston Boulay, du 2 mars 1999 au 22 juin 2006 et avec Guy Thibaut ancien responsable CGT du département. — L’Avenir de la Côte-d’Or, bimensuel de la fédération PCF, n°480 : — Travaux : Aude Saldana, Les mouvements sociaux et les organisations ouvrières (syndicats et partis) dans l’Yonne et la Côte d’Or de 1965 à 1975, Mémoire de maîtrise d’histoire contemporaine, Université de Bourgogne, 1998. — Marcel Vigreux et Jacky Cortot, Comblanchien, village martyr, 21-22 août 1944, Comblanchien, 1995.

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