SAUNIER Marcel, Louis, Eugène

Par Jacques Defortescu

Né le 16 février 1932 à Épouville (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) ; mort le 20 novembre 2021 militant syndical CGT dans la Chimie et le pétrole.

Marcel Saunier en manifestation le 18 octobre 2018
(Photo Jacques Defortescu)

Marcel Saunier est l’ainé de trois frères, Martial né en 1936, Marc né en 1940 et Michel né en 1949. Son père Marcel né le 21 avril 1910, fut colporteur dans la campagne autour du Havre et plus particulièrement à Rolleville (Seine-Inférieure), il devint cheminot (gardienneur) à la SNCF puis mécanicien de route. Sa mère tout d’abord commerçante, éleva ses fils. Né dans un milieu très anticlérical du côté de son père, radical socialiste, (celui-ci devenant socialiste à la SFIO et sa mère étant également candidate aux élections municipales, sur une liste socialiste). Son père se convertira ensuite au protestantisme.

Marcel Saunier suivit un enseignement assez classique, après l’école maternelle à Caen (Calvados), il ira à l’école primaire de la rue Massillon au Havre, puis passa son Certificat d’Etude Primaire à Rouen, ou il ira également au collège. Après un séjour en préventorium en Allemagne, il passera un brevet de mécanicien de marine en 1950.
Dès 1949, il navigua dans la marine marchande sur le « Dijon ». C’est à cette époque qu’il adhéra à la CGT à Dunkerque au syndicat des marins et officiers. En 1951, il rentra aux « Ateliers Duchêne et Bossière » comme chaudronnier, au Havre, puis aux usines d’aéronautique « Breguet ». Il fit alors son service militaire en 1952 en Algérie dans la marine d’État.

Libéré du service militaire, il embarqua de nouveau en 1953 à Nantes et cela jusqu’en 1955.

Rentré à la C.F.R. (Compagnie Française de Raffinage), comme aide-opérateur, c’est à cette époque qu’il prit ses premières responsabilisées syndicales. En mai 1955, il participa à la grande grève qui marqua l’entreprise, touché par la répression patronale qui s’en suivit, il fut mis fin à son contrat de travail.
Quelques semaines plus tard, en novembre 1955, il fut réembauché. À cette époque et jusqu’en 1967, à la C.F.R., les opérateurs travaillaient 302 jours par an en quatre équipes. Il fallut attendre 1968 pour l’instauration d’une cinquième équipe.

Sa participation à la grève de 1955, lancée par la CGT et la CFTC, l’amena à côtoyer les principaux militants CGT de l’entreprise : Jean Cottin, Henri Batard, Jean Hamel, René Delaunay et Francisque Hurel. Le syndicat CGT fut décapité suite à la répression syndicale patronale. En 1956, Marcel Saunier rencontre alors Lucien Legay, devenu secrétaire du syndicat. Commence alors une longue collaboration syndicale entre les deux hommes.

En 1966, Marcel Saunier devint secrétaire du Comité d’entreprise et secrétaire adjoint du syndicat. Il refusa d’être membre de la commission administrative de la Fédération de la Chimie après les grèves de 1968. Par contre, il prit en charge les activités sociales du CCE de l’entreprise C.F.R., devenu Total en 1990.

Dès 1970, du fait de la décentralisation syndicale voulue par la CGT, Marcel Saunier devint secrétaire de l’Union Locale CGT d’ Harfleur/Tancarville (sur la Zone industrielle du Havre) En 1980, il devint secrétaire du syndicat CGT de la raffinerie de Normandie. Ces fonctions l’amenèrent à être également membre de la commission exécutive de l’Union départementale CGT de Seine-Maritime de 1970 à 1986.

Il joua également un rôle non négligeable dans l’Économie Sociale et Solidaire. Ainsi, en 1963, il créa avec les membres du personnel de la CFR, une maison familiale, la maison de vacances « la Gironnie » à Turenne près de Brive (Corrèze). En 1972, il prit part à la création d’une coopérative de construction pavillonnaire pour les salariés de la raffinerie de Normandie : « Bois Châtaigniers » à Saint Laurent de Brévedent (Seine-Maritime).

En 1980 également, il participa au développement d’une association laïque d’handicapés mentaux, l’AL.P.A.I.H., il fit notamment bénéficier les handicapés des structures créées par le CCE de la CFR.
Il fut également de 1970 à 1986 administrateur de la caisse de retraite du pétrole (C.R.P.C.I.P.) et de 1972 à 2002 administrateur de la mutuelle du pétrole (M.I.P.).
Dès 1979, il rentre en Franc-Maçonnerie au Grand-Orient de France ou il sera initié en 1983.
Marqué dès 1950 par une rencontre avec les anarchistes, Marcel Saunier en gardera un coté anticonformiste. Il adhère toutefois au Parti Communiste Français en 1962, dès le lendemain de l’assassinat du métro Charonne, le 8 février 1962 qui fit 8 morts, tous adhérents à la CGT, et dont 7 étaient communistes. Marcel Saunier était à l’époque très proche des idées de Bakounine, il resta membre du PCF jusqu’en 1992.
En 1973, il fut candidat communiste aux élections municipales à Montivilliers. Il fut élu, et le restera jusqu’en 1980. Battu dans le mandat suivant, il ne s’engagea alors plus en politique.
Sa femme, Denise, née Vézier, qu’il épousa le 6 mars 1954, secrétaire administrative dans une entreprise import/export au Havre, plus principalement spécialisé dans les questions juridiques, devint en 1970 jusqu’ en 1985 secrétaire administrative de l’Union Locale CGT d’ Harfleur/Tancarville. Communiste elle aussi, elle fut adjointe au maire socialiste de Montivilliers. De leur mariage naquit 3 fils : Denis en 1954, qui fit carrière chez Total et fut Délégué du personnel, Gilbert en 1960, pompier professionnel adhérent à la CGT, et David en 1962 qui fut d’abord mécanicien auto, puis restaurateur.
Marcel Saunier finit sa carrière professionnelle chez Total en septembre 1996 comme Chef opérateur, animateur de formation.
Il quitta ces responsabilités à l’Union Locale CGT d’ Harfleur en 1987, ou il fut remplacé par Philippe Saunier, lui aussi militant syndical CGT chez Total, l’homonymie du nom n’ayant aucune filiation familiale. Il était resté syndiqué aux retraités CGT de chez Total.
Convertit au protestantisme comme ses parents, Marcel Saunier à toujours tenté de combattre l’arbitraire.
Dans le livre qu’il a publié à compte-d’auteur en 2014 , il écrivit : « Combattre l’arbitraire, le droit même divin du patronat a toujours été la raison de mon engagement ».
Marcel Saunier écrivit un article dans le "courrier des lecteurs" dans la presse normande le 13 février 2019, ou il rappelait la lutte du paquebot France et ou il fustigeait la police et les CRS.
Marcel Saunier est mort le 20 novembre 2021.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article174852, notice SAUNIER Marcel, Louis, Eugène par Jacques Defortescu, version mise en ligne le 6 août 2015, dernière modification le 24 novembre 2021.

Par Jacques Defortescu

Marcel Saunier
Marcel Saunier
Cliché Jacques Defortescu
Marcel Saunier en manifestation le 18 octobre 2018
(Photo Jacques Defortescu)
article de Marcel Saunier dans Paris Normandie du 13 février 2019

SOURCES : Un Marin sur le quai, édition The BookEdition- 150 pages- 2014. — Entretien avec Marcel Saunier juillet/aout 2015. — « Haute-Normandie pages d’histoire sociale – témoignages de syndicalistes » édité par l’IHS Cgt 76 et le comité régional Cgt de normandie – 280 pages- septembre 1999. — Archives IHS Cgt 76

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