SOURY André

Par Paul Boulland

Né le 14 avril 1924 à Verneuil (Charente), mort le 23 mai 2012 ; agriculteur ; militant communiste, secrétaire de la fédération PCF de Charente (1950-1979) ; député (1956-1958 et 1978-1986), conseiller régional de Poitou-Charente (1978-1986), conseiller général de Charente (1976-2001), conseiller municipal (1959-1977) puis maire (1977-1995) de Pressignac (Charente).

Les parents d’André Soury étaient métayers à Pressignac, commune de la Charente limousine. Son père, Louis, fut d’abord électeur radical avant d’être gagné aux idées du Front populaire puis au communisme après la Seconde guerre mondiale, en raison du rôle du PCF dans la Résistance puis dans la réforme du métayage à la Libération. Sous la IVe République, Louis Soury fut conseiller municipal communiste de Pressignac. André Soury obtint le certificat d’études primaires avant de travailler sur la ferme familiale. Il rejoignit les Jeunesses communistes en novembre 1944. Après la formation de l’UJRF, il devint secrétaire de cercle, puis intégra le comité fédéral UJRF de Charente. Il adhéra également au Parti communiste en juin 1945, devenant immédiatement trésorier de la cellule locale.

L’activité d’André Soury s’orienta plus particulièrement vers le syndicalisme agricole. Il déploya une grande activité au sein de la CGA à partir d’août 1947 et dans le cadre du syndicat des preneurs de baux ruraux, qui était alors très actif dans la lutte contre les expulsions de métayers. Il devint ainsi président du comité cantonal de défense paysanne. Son action fut appréciée par les responsables de la fédération communiste. Dès l’automne 1947, il intégra le secrétariat de la section de Chabanais (Charente), comme responsable à l’organisation. En janvier 1948, il fit un passage remarqué par l’école centrale du PCF destinée aux responsables paysans. Les évaluateurs soulignaient ses qualités intellectuelles et voyaient en lui un « élément à suivre », pouvant assumer d’importantes responsabilités pour l’activité communiste dans les campagnes et dans le syndicalisme agricole. Dans les mois suivants, il intégra le comité fédéral PCF de Charente.

André Soury abandonna son activité d’exploitant agricole lorsqu’il devint permanent du PCF et intégra le secrétariat fédéral de Charente, à partir 1950. Il se chargea d’abord de la propagande et de l’activité parmi les paysans, sous la responsabilité de Jean Pronteau. Ce dernier étant député, membre du comité central à partir de 1950 et responsable de la section économique, André Soury assurait au quotidien la direction de la fédération de Charente et en devint finalement premier secrétaire. Il conserva cette responsabilité durant près de trois décennies, jusqu’en 1979. À ce titre, il suivit l’école centrale de quatre mois du PCF.

En 1951, lors des élections législatives, André Soury figurait en troisième position sur la liste du PCF emmenée par Jean Pronteau et ne fut pas élu. Au scrutin suivant, en 1956, il fut présenté en deuxième position et fut élu. Membre de la commission de l’Agriculture, ses interventions à l’Assemblée se concentrèrent sur les questions paysannes et plus particulièrement sur l’aide aux petits exploitants. André Soury fut à nouveau candidat aux élections législatives de novembre 1958 dans la 3e circonscription de Charente, mais fut battu par le candidat de droite (Centre national des indépendants et paysans).

L’activité d’André Soury se replia alors sur ses responsabilités fédérales et sur des mandats locaux puisqu’en 1959, il fut élu conseiller municipal de Pressignac. À cette époque, la fédération de Charente subit le contrecoup de la mise à l’écart progressive de Jean Pronteau, dont les positions au sein de la section économique du PCF et de la revue Économie et politique étaient accusées de constituer le « fondement théorique » de la ligne de Laurent Casanova et Marcel Servin. Face à une disgrâce mal vécue par certains communistes charentais, André Soury resta sur les positions de la direction du parti. En 1963, dans son rapport sur la conférence fédérale de Charente, André Merlot, délégué du comité central, soulignait qu’André Soury regrettait « l’orientation erronée » imprimée par Pronteau à un comité fédéral où dominaient les instituteurs et les fonctionnaires.

Après plusieurs candidatures infructueuses aux élections législative (1962, 1967, 1968 et 1973), la carrière élective d’André Soury bénéficia de la dynamique de l’union de la gauche, dans les années 1970. En 1976, il fut élu conseiller général du canton de Chabanais, mandat qu’il conserva jusqu’en 2001. L’année suivante, il fut élu maire de Pressignac et, en 1978, il retrouva un mandat de parlementaire. En tant que député, il fut membre désigné du Parlement européen de mai 1978 jusqu’aux premières au suffrage universel de l’assemblée européenne, en juin 1979. En tant que conseiller général, il siégea également au conseil régional de Poitou-Charente, entre 1978 et 1986. En 1979, il quitta la direction de la fédération charentaise pour se consacrer à ses mandats mais continua de siéger au bureau fédéral. Réélu député en 1981, il fut battu en 1986, malgré le scrutin à la proportionnelle. Il se présenta à nouveau en 1988 mais fut devancé par le sortant socialiste.

En 1987, André Soury avait demandé à quitter le bureau de la fédération communiste de Charente, « pour raisons politiques ». Au cours des années 1990, il prit ses distances avec le Parti communiste, jusqu’à la rupture. En 1995, il ne se représenta aux élections municipales et fut nommé maire honoraire de Pressignac. Il quitta le conseil général en 2001. En retrait de la vie politique, André Soury se consacra à l’écriture et livra plus d’une vingtaine d’ouvrages, entre récits autobiographiques et hommages romanesques à sa région ou à l’univers de ses origines. Dans les dernières années de sa vie, il apporta son soutien au Front de gauche et présida le Comité de soutien à son candidat dans la 3e circonscription de la Charente.

En 1956, André Soury avait épousé Angèle Daganaud, secrétaire. Le couple eut un fils, Jean-François, et une fille, Danielle. Cette dernière, professeure de sciences économiques, fut candidate suppléante du Front de gauche aux élections législatives de 2012, dans la 3e circonscription de la Haute-Vienne, et fut élue conseillère municipale de Limoges (Haute-Vienne) en 2014 sur la liste Limoges Terre de gauche.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article174951, notice SOURY André par Paul Boulland, version mise en ligne le 10 août 2015, dernière modification le 10 septembre 2015.

Par Paul Boulland

ŒUVRE : À l’heure du Soleil, publié à compte d’auteur, 1987 (rééd. Ruffec, Éditions La Péruse, 1992) ; Ah si le peuple voyait ça, Nanterre, Académie Européenne du Livre, 1989 ; Quand l’ombre marquait le temps, Marseille, Autres Temps, 1991 ; L’État des lieux. Lettre ouverte à la génération Marchais-Mitterrand, Nanterre, Académie Européenne du Livre, 1992 ; L’envers de l’hémicycle, Paris, L’Harmattan, 1995 ; Le moine rouge, Paris, L’Harmattan, 1996 ; Le défi des Baptiste, Neuvic-Entier, Éditions de la Veytizou, 2000 ; Je verrai après, Geste Éditions, 2001 ; Les métayers de 46, Neuvic-Entier, Éditions de la Veytizou, 2001 (rééd. L’Harmattan, 2006) ; Bastien, récit d’un rendez-vous manqué, Neuvic-Entier, Éditions de la Veytizou, 2002 ; Le Ruisseau des Basses-Fonts, Éditeur Veytizou, 2004 ; Le jardinier de Pressignac, Neuvic-Entier, Éditeur Veytizou, 2005 ; Les Baptiste, Neuvic-Entier, Éditions de la Veytizou, 2006 ; Le Pain Blanc, Clermont-Ferrand, l’Ecir, 2006 ; La Dernière alouette, Clermont-Ferrand, l’Ecir, 2007 ; La Terre de la Colère, Clermont-Ferrand, l’Ecir, 2008 ; Blanche, l’Insoumise, l’Ecir, 2009 ; Les jardins envolés, Paris, L’Harmattan, 2011.

SOURCES : Arch. du comité national du PCF. ─ DPF. ─ La Charente libre, 25 mai 2012.

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