CHERRIER Lucienne [Née DUPUIS Lucienne, Marie, Josèphe]

Née le 24 mai 1904 à Saint-Martin-d’Auxigny (Cher), morte le 8 octobre 1986 à Bourges (Cher) ; résistante, épouse du dirigeant communiste du Cher Marcel Cherrier ; résistante torturée et déportée.

Lucienne Cherrier
Lucienne Cherrier

Fille de Jean Dupuis, journalier, et de Marie Léontine Perrinet, ménagère, Lucienne Cherrier, femme du dirigeant communiste Marcel Cherrier, épousé le 16 juin 1921 à Bourges, partageait son engagement. Elle épaula son mari dans ses activités de communiste clandestin et de résistant. Elle fut agent de liaison technique départemental : transport de publications, impression...

Le 22 juin 1941, la police allemande avait fait irruption à son domicile chemin des Pijolin ; son marie t son fils réussirent à fuir. Surveillée elle partie clandesninment dans la région d’Auxigny tout en gardant le contact avec son mari et son fils. Le 26 novembre 1943, sur dénonciation, elle fut arrêtée avec sa mère par Pierre Paoli, agent français de la Gestapo. Jean Lyonnais qui fut le juge d’instruction à la Cour dejustice du Cher de l’affaire Paoli décrit son interrogatoire : "Sans aucune pitié vis-à-vis d’une femme, il va lui faire subir les plus abominables tortures : tour à tour, il lui inflige le supplice de la goutte d’eau, qui consiste à faire tomber d’un récipient préalablement suspendu au-dessus du front du patient, une goute d’eau à intervalle régulier, pendant quelquefois plusieurs heures ; puis il la roue de coups de nerf de boeuf sur la tête et sur les reins, lui brule l’extrêmité des doigts et les joues avec sa cigarette allumée, lui inflige les souffrances inouïes du courant électrique, la menace constamment de mort par pendaison ou par le revolver qu’il lui appuie sur la tempe pendant de longues minutes ; tout cela dans le but d’obtenir d’une épouse l’indication de l’endroit où son mari pourra être découvert et capturé !. Mais le courage de Madame Cherrier est à la mesure des souffrances qu’elle endure [elle ne parle pas] ; elle est envoyée en déportation en Allemagne d’où elle ne revint que par miracle, étant donné l’état dans lequel elle se trouvait au départ".

Internée à Bourges, Tours, Orléans puis Compiégne, elle fut en effet déportée à Ravensbruck puis dans un commando de travail à Leipzig. Libérée par les troups soviétiques elle revint le 21 mai 1945. Sa mère, déportée également, fut gazée le 5 janvier 1945.

Épuisée par les épreuves, gravement malade, à son retour elle témoigna contre Paoli. Elle ne se remit jamais de ses tortures et de sa déportation.

Lucienne Cherrier fut reconnue Combattante volontaire de la résistance (CVR) et déportée résistante en 1955.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article175112, notice CHERRIER Lucienne [Née DUPUIS Lucienne, Marie, Josèphe], version mise en ligne le 21 juin 2016, dernière modification le 21 juin 2016.
Lucienne Cherrier
Lucienne Cherrier

SOURCES : Jean Lyonnet, L’affaire Paoli, Les Éditions du Bastion, 1964, p. 38-39. — Listes de la Fondation de la déportation. — Arch. Dép. Cher, 1555 W. — 18, l’hebomadaire du Parti communiste dans la Cher, 17-23 octobre 1986 (avec photo). — État civil.

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