SPENALE Georges, Léon

Par Gilles Morin

Né le 29 novembre 1913 à Carcassonne (Aude), mort le 20 août 1983 à Paris ; fonctionnaire colonial, gouverneur de la France d’Outre-mer (1956-1962) ; militant socialiste du Tarn ; député (1962-1977), sénateur (1977-1983), président (1975-1977), puis vice-président du Parlement européen (1977-1979), conseiller régional (1973-1980), maire de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn) (1965-1981).

La famille de Georges Spénale comprenait des paysans et de petits fonctionnaires de l’Aude. Il était fils de Louis Spénale, postier, et de Jacqueline Cantié. Georges Spénale effectua ses études secondaires au lycée de Montauban (Tarn-et-Garonne) avant de s’inscrire à la Faculté de Droit de Toulouse (Haute-Garonne) puis à Paris. Licencié en droit et diplômé de l’École nationale de la France d’Outre-mer, il fut élève administrateur des colonies, affecté au bureau économique de Guinée en 1938. Il fut ensuite nommé administrateur adjoint l’année suivante. Chef de subdivision en Haute-Volta en 1941-1943, il grimpa progressivement dans la hiérarchie : administrateur en 1945, directeur du cabinet du Haut-commissaire en AEF en 1946-1951, Haut-commissaire au Cameroun (1951-1952), il fut ensuite nommé secrétaire général du Cameroun en 1952-1954, directeur adjoint des affaires politiques au ministère de la France d’Outre-mer (FOM) en 1955, directeur de la FOM en 1956. Il devint le dernier directeur du cabinet de Gaston Defferre, ministre de la FOM d’avril 1956 à mars 1957, collaborant activement à la loi-cadre qui prépara l’indépendance de l’Afrique noire. Il acheva sa carrière comme Haut-commissaire de la France au Togo à partir de 1957, conduisant l’émancipation du pays ; il demeura à ce poste jusqu’à l’indépendance en 1960.

Georges Spénale s’installa alors dans le Tarn, à Rabastens, commune où se côtoyaient pratiquement à égalité, paysans, ouvriers et commerçants. Il y entama alors une carrière politique. Militant socialiste depuis sa jeunesse, président de la Fédération des foyers Léo-Lagrange du Tarn, il fut élu député SFIO du Tarn (3e circonscription, de Gaillac-Laveur) en 1962. Avec 9 610 voix au premier tour, il arriva en tête des candidats de gauche et au second tour battit Yrissou, ancien collaborateur d’Antoine Pinay par 22 282 suffrages contre 19 710. Réélu à trois reprises (1967, 1968, 1973), il siégea à l’Assemblée jusqu’en 1977. Il appartint à la commission des Finances en 1962-1965, puis à la commission des lois constitutionnelles les deux dernières années de la deuxième législature. En 1968-1969 et en 1972-1973, il était membre de la commission de la Défense nationale, siégeant dans l’intervalle à la commission des lois.

Georges Spénale fut par ailleurs élu conseiller général SFIO de Rabastens en 1964, succédant à un vieil élu radical qui ne se représentait pas (réélu en 1970, il siégea jusqu’en 1976, année où il renonça à se présenter). L’année suivante, en 1965, il fut élu maire de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn), fonction qu’il conserva jusqu’à sa démission le 25 juin 1981. Il siégea ensuite comme simple conseiller municipal. Conseiller régional de Midi-Pyrénées en 1973, vice-président de l’Assemblée, président du CODER de Midi-Pyrénées, il acheva sa carrière comme sénateur du Tarn, de 1977 à sa mort.

Dès sa première élection, Georges Spénale prit des responsabilités dans les institutions européennes, grimpant là-encore rapidement dans la hiérarchie de l’institution. Représentant de la France au Parlement européen à partir du 17 décembre 1964, désigné par l’Assemblée nationale, il présida la délégation française à la commission parlementaire mixte de la CEE. Il fut successivement président de la commission des finances de l’Assemblée de Strasbourg de mars 1967 à 1974, président du groupe socialiste à cette assemblée en 1974-1975, avant de devenir le Président du parlement européen, le 11 mars 1975 (élu difficilement au 4e tour contre un démocrate-chrétien belge). Il fut réélu à ce poste en 1976, mais battu en 1977 par un démocrate-chrétien italien. À ce titre, il ratifia les accords de Lomé en 1975 et milita activement pour l’élection du Parlement européen au suffrage universel – contribuant à la signature de l’acte de 1976 qui conduisit à cette élection directe en 1979 – et pour le renforcement des pouvoirs de cette assemblée. Mais le Figaro faisait remarquer en avril 1979 qu’il ne figurait plus sur la liste socialiste conduite par François Mitterrand. À partir de 1980, il fut membre titulaire à l’Assemblée constitutive du Conseil de l’Europe et en fut vice-président en 1982. Il fut par ailleurs souvent membre de la délégation française à l’ONU en 1958, 1959, 1978 et 1979.

Georges Spénale qui n’avait pas résidé en France avant les années soixante, joua tardivement un rôle dans le Parti socialiste et dans les organisations de gauche. Membre de Commission exécutive de la FGDS du Tarn en juillet 1966, il fut signataire de la motion Defferre “Pour le nouveau parti démocrate socialiste”, lors du congrès national extraordinaire de décembre 1968. Comme le maire de Marseille, il rallia ensuite le camp de François Mitterrand. Signataire de la motion Mitterrand pour le congrès de Grenoble en 1973, il fut désigné délégué départemental de François Mitterrand pour l’élection présidentielle de 1974. Il fut de nouveau signataire de la motion 1 (Mitterrand) pour le congrès de Pau en 1975.

Georges Spénale décéda des suites d’une longue maladie dans la nuit du 19 au 20 août 1983 ; il fut enterré religieusement. Il était Officier de la Légion d’honneur et chevalier des palmes académiques Il avait épousé le 19 janvier 1935 Carmen Delcayre, avec laquelle il eut deux enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article175136, notice SPENALE Georges, Léon par Gilles Morin, version mise en ligne le 26 août 2015, dernière modification le 24 avril 2019.

Par Gilles Morin

SOURCES : Arch. Nat., F/1cII/737 ; 19770359/22 ; 19830172/72. — Arch. FJJ/6EF73/2. — Arch. de l’OURS, dossiers Tarn, dossier personnel et 2/APO/2, fonds de la FGDS. — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-1967. — Le Poing et la Rose, n° 15, mai 1972, n° 36, janvier 1975. — Thierry Pfister, Les socialistes, Albin Michel, 1975. — Maurice Greslé-Bouignol (dir.), Les Tarnais, Dictionnaire biographique, 1996.

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