TAMBURINI Georges, Marcel

Par Bruno Duriez

Né le 19 octobre 1919 à Tourteron (Ardennes), mort le 16 novembre 2009 à Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne) ; employé ; militaire ; permanent régional du MPF ; membre de la direction nationale du MLP, de l’UGS puis du PSU ; militant CGT puis CFDT ; responsable national du CCO, puis responsable régional et national de Culture et Liberté, président du GRMF.

Georges Tamburini est né d’un père d’abord gendarme puis postier et d’une mère au foyer. Durant son enfance, la famille bougea au gré des affectations de son père, dans l’Est de la France et en Allemagne. Sa mère était catholique pratiquante, son père, militant SFIO, était anticlérical. Il reçut une éducation catholique de sa mère et de sa grand-mère. Après l’école primaire, il prépara et obtint en 1935 le brevet élémentaire et le brevet d’enseignement primaire supérieur et fut déclaré admissible à l’école normale. Mais, à la demande de ses parents, il commença à travailler en août 1935 comme employé aux archives de la chefferie des travaux de fortification de Metz qui construisait alors la ligne Maginot. Tout en demeurant un catholique convaincu et pratiquant, profondément marqué par le Front Populaire il participa à des collectes pour le Secours rouge international et il créa à Jouy-aux-Arches une association sportive affiliée à la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT).

En septembre 1938, il s’engagea dans l’armée pour un contrat de quatre ans avec l’intention de devenir officier. Après la drôle de guerre en Lorraine, il combattit dans l’Aisne, comme sergent, en juin 1940. Fait prisonnier le 16 juin, il s’évada du camp de Mailly début août et s’arrêta à Lyon où il découvrit sa famille qui, expulsée de Lorraine, y avait trouvé refuge. Réintégré dans l’armée d’armistice, transféré dans la gendarmerie mobile, il fut rendu à la vie civile en septembre 1942. Il fut alors embauché comme adjoint au chef du personnel d’une usine de la Société lyonnaise de textile.

Georges Tamburini avait épousé en juillet 1941 Lucienne Schneider, employée de bureau, militante de la Jeunesse ouvrière chrétienne féminine (JOCF), qu’il avait connue en Lorraine et qui avait aussi suivi l’exode avec sa famille jusqu’à Lyon. En novembre 1942, tous deux entrèrent au Mouvement populaire des familles (MPF). Ils créèrent et animèrent dans la banlieue lyonnaise la section MPF de Saint-Maurice-de-Beynost (Ain). Le couple créa une coopérative d’achats (légumes envoyés de Bresse par un agriculteur ; bois, etc.). Tous deux se firent diffuseurs du journal clandestin, Témoignage chrétien.

À la Libération de Lyon en août 1944, Georges Tamburini s’engagea dans l’armée de libération, dans la première division libre. Il combattit à Belfort, près de Colmar, puis dans le massif de l’Authion (près de Nice). Croix de guerre avec trois citations (1940 et 1945), il reçut la médaille militaire le 12 novembre 1985.

Il fut marqué par la lecture d’Esprit et d’Emmanuel Mounier et participa pendant plusieurs années à un groupe de réflexion à Lyon avec Jean Lacroix qui le soutint publiquement dans ses combats politiques. Il se disait aussi marqué par ses rencontres et ses lectures à Économie et Humanisme. Lecteur de La Quinzaine, tout en prônant l’unité d’action avec les communistes il se tint à distance de l’Union des chrétiens progressistes. De même il s’opposa, avec d’autres militants ouvriers chrétiens, à la naissance des prêtres-ouvriers comme forme d’un nouveau cléricalisme.

Démobilisé en août 1945, il devint responsable permanent du MPF, en compagnie de Marie Fraignier, dans la région Rhône-Alpes succédant à Marius Chirat, fusillé à Lyon le 27 juillet 1944. Il démissionna de ce poste en juillet 1948. Il participa activement à la déconfessionnalisation du mouvement tout en entretenant des relations suivies avec l’abbé Michel Vial, futur évêque de Nevers puis de Nantes. Avec son ami lyonnais René Leschiera, il refusa de participer à l’ACO (1950) dans laquelle l’épiscopat souhaitait le regroupement de militants d’organisations d’orientations différentes, dont le MRP. Il devint en octobre 1949 secrétaire de l’Union départementale du Rhône du MPF, puis du Mouvement de Libération du Peuple (MLP), nouveau nom du MPF. Ses amis du Rhône et lui firent le choix en 1951 du maintien dans le MLP et décidèrent de l’autonomie des Associations familiales ouvrières (AFO) du département à l’égard du MLP. En 1952, il entra au comité national du MLP. Il participa à la rédaction du Rapport pour un nouveau manifeste qui servit de base aux orientations du MLP en 1952. En 1953 il devient membre du bureau national du MLP avant d’être élu trésorier national, permanent du mouvement, en novembre 1956.

Le 19 mai 1957, il fut candidat aux élections législatives partielles à Lyon au nom du MLP et de la Nouvelle Gauche « pour l’union de la gauche socialiste », avec le soutien de la Jeune République. Louis Alvergnat (MLP) et Claude Bourdet (NG) s’impliquèrent dans la campagne. Malgré les violentes critiques du Parti communiste à l’égard de sa candidature, il se désista en faveur du candidat communiste au second tour. En décembre 1957, le MLP fusionna avec la Nouvelle gauche dans l’Union de la gauche socialiste (UGS). Georges Tamburini fut alors membre du premier Comité politique de l’UGS et son trésorier. Il se présenta à Lyon au nom de l’UGS aux élections cantonales de 1958 et, de nouveau, aux élections législatives de novembre 1958.

En avril 1960, lorsque l’UGS s’intégra dans le nouveau Parti socialiste unifié (PSU), Georges Tamburini entra à son comité national jusqu’au congrès d’Alfortville (janvier 1963) où il ne se représenta pas. Le 23 avril 1963, alors membre de la commission des conflits, il démissionna du parti, à un moment de vives tensions internes au comité politique national, notamment à la suite de la fin de la grève des mineurs. Il donna plus tard comme raison de sa démission l’ostracisme manifesté dans le PSU à l’égard des catholiques membres du parti. Il adhéra de nouveau au PSU après Mai 68 puis le quitta encore en juin 1969 pour entrer cette même année au nouveau Parti socialiste, dont Alain Savary était devenu le premier secrétaire. Il y milita localement jusqu’à la fin de sa vie.

Georges Tamburini participa à la gestion de plusieurs organismes créés par le MPF ou le MLP. C’est ainsi qu’il fut des années durant le gérant de la Société parisienne hôtelière, SARL créée en 1941 pour gérer l’ancien hôtel, 54 boulevard Garibaldi, Paris XVe, qui fut le siège du MPF puis du MLP, et de plusieurs autres organisations, dont la Confédération syndicale des familles, et qui abrita aussi des permanents des mouvements. En août 1986 c’est l’Association parisienne hôtelière qui, avec Georges Tamburini comme président, prit le relais jusqu’à la décision des propriétaires des murs de vendre l’immeuble en 2000.

Georges Tamburini, très tôt adhérent de la CGT, y milita de 1935 à 1938, puis de 1948 à 1960. Il fut membre de la commission exécutive de l’Union départementale du Rhône, administrateur CGT de la Caisse d’allocations familiales du Rhône et administrateur CGT de l’URSSAF du Rhône entre 1956 et 1960, moment de son départ dans la région parisienne. Il fit partie ensuite de la CFTC et vécut la transformation de celle-ci en CFDT dont il resta membre jusqu’après son départ en retraite.

En 1948, ayant quitté son poste de permanent du MPF, il avait été embauché comme magasinier par l’entreprise Lumière à Lyon. Membre du comité d’entreprise, il fut licencié en décembre 1949 pour avoir participé, au nom du MPF, au squattage d’un immeuble appartenant à son entreprise. Il travailla alors à la Caisse régionale vieillesse jusqu’à son embauche comme permanent national du MLP. À l’été 1960, à la demande de Jean Arthuys, qu’il avait connu lors de la création de l’UGS, il prit la direction du foyer international d’étudiants de Cachan créé par l’Association des Foyers internationaux (AFI) dont Jean Arthuys était alors le secrétaire général. Il vint y habiter avec sa famille. À l’été 1968, il fut embauché par le comité d’entreprise du Crédit lyonnais pour organiser et développer son service de vacances. Tout en continuant d’habiter à Cachan, il s’y consacra jusqu’à sa retraite à l’été 1980.

Georges Tamburini fut administrateur de la revue Perspectives socialistes, ancienne revue du MLP puis de l’UGS, devenue autonome à la création du PSU, qui cessa de paraître en octobre 1968. Confronter, créée en janvier 1969 par le Centre de culture ouvrière (CCO), en collaboration avec d’autres organisations d’éducation populaire, prit le relais.

En 1961, Georges Tamburini avait également adhéré au Centre de culture ouvrière il y intervenait comme formateur dans des stages. En 1966, lors du congrès de Dourdan, il devint membre du conseil d’administration du CCO et le resta jusqu’à la fusion en juin 1970 de cette organisation avec le MLO dans Culture et liberté, mouvement dont il fut l’un des fondateurs et dans lequel il s’impliqua jusqu’au début des années 2000. Il fut membre du conseil d’administration national de Culture et Liberté de 1970 à 1978 puis de 1981 à 1983. Il fut également président de la région Île-de-France de Culture et Liberté de 1970 à 1976.

Il fut aussi actif à l’Association pour la démocratie et l’éducation locale est sociale (ADELS), avec Roger Beaunez. Il fut membre de son conseil d’administration de 1964 à 1968, sous la présidence de Michel Rocard. Enfin, Georges Tamburini assura jusqu’à sa mort la présidence du Groupement pour la recherche sur les mouvements familiaux (GRMF), créé en 1982, qui associa pendant une vingtaine d’années militants et chercheurs dans l’étude de l’histoire des mouvements issus de l’Action catholique spécialisée.

Lucienne Tamburini, son épouse, avait cessé son activité professionnelle à son mariage. Tout en soutenant les engagements de son mari, elle eut ses propres engagements. Elle lança en 1943 et anima, dans le cadre du MPF, un service d’aide familiale. À la différence de son mari, elle fit partie de l’ACO et, en 1950-1951, siégea à son comité diocésain. Elle participa aux conseils de parents d’élèves. Elle devint plus tard, de 1973 à 1978, coordinatrice locale salariée d’une association d’aide familiale. Elle milita localement à Amnesty International et au CCFD. Elle mourut le 29 novembre 2004 à Savigny-le-Temple où le couple avait déménagé en 1995. Lucienne et Georges Tamburini eurent sept enfants.

Georges Tamburini reçut en juillet 1993 la médaille d’or du ministère de la Jeunesse et des Sports pour sa participation à la vie associative. Il fut nommé dans l’ordre de la Légion d’honneur, à titre militaire, en avril 2002. Il reçut la décoration des mains de Jean-Pierre Duport, préfet, ancien président de l’ADELS.

Chrétien convaincu et pratiquant, s’étant toujours affirmé de gauche, Georges Tamburini eut le souci de distinguer ses engagements associatifs, politiques, syndicaux et culturels, de ses convictions religieuses, et de revendiquer sa pleine autonomie à l’égard de l’institution religieuse.
Bruno Duriez

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article175144, notice TAMBURINI Georges, Marcel par Bruno Duriez, version mise en ligne le 26 août 2015, dernière modification le 21 janvier 2022.

Par Bruno Duriez

ŒUVRE : Une politique de l’agir. Stratégie et pédagogie du Mouvement populaire des familles, Les Cahiers du GRMF, 10, 1996 ; « De la Ligue ouvrière chrétienne au Parti socialiste unifié » in Des Chrétiens à l’épreuve du politique. Les engagements du MPF-MLP à Lyon, 1934-1960, Les Cahiers du GRMF, 12, 2003.

SOURCES : Archives nationales du monde du travail, Roubaix, fonds Georges Tamburini et fonds GRMF. — Geneviève Dermenjian, « Georges Tamburini », in Geneviève Poujol, Madeleine Romer (dir.), Dictionnaire biographique des militants XIXe-XXe siècle : de l’éducation populaire à l’action culturelle, L’Harmattan, 1996. — Les Cahiers du GRMF, 1 à 14. — Françoise Têtard, Christian Lefeuvre, Culture et Liberté, une naissance turbulente, collection Culture et Liberté, 1998. — Jean-François Kesler, De la gauche dissidente au nouveau Parti socialiste, Bibliothèque historique Privat, Toulouse, 1990. — Notes autobiographiques de Georges Tamburini. — Informations données par sa fille Marie-Annick Gaudin-Tamburini et par Gilles Morin. — Entretiens et correspondances avec Georges et Lucienne Tamburini.

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