SIRGANT Pierre, Jean

Par André Balent, Jean-Pierre Besse, Dominique Tantin

Né le 28 septembre 1922 à Saint-Girons (Ariège), exécuté sommairement le 10 juin 1944 à Betchat (Ariège) ; résistant FTPF (3401e compagnie, maquis de Betchat).

Plaque commémorative apposée sur le mur de la Poste de Betchat.
Plaque commémorative apposée sur le mur de la Poste de Betchat.
Crédit : MémorialGenWeb

Pierre Sirgant naquit à Saint-Girons (Ariège), sous-préfecture, centre urbain du Couserans, à l’ouest du département. Son père, Jean, Joseph Sirgant, âgé de trente-trois ans en 1923, était retraité militaire, titulaire de la Croix de guerre. Il exerçait alors la profession de cuisinier, avant de s’installer comme charcutier à Salies-du-Salat (Haute-Garonne). Sa mère, Hélène Rives, était âgée de vingt-neuf ans en 1923.

Pierre Sirgant était donc domicilié à Salies-du-Salat, pas très loin de sa ville natale. Pierre Sirgant était un réfractaire du STO qui avait intégré le maquis (FTPF) de Betchat (Ariège).

La région de Betchat abritait un maquis des FTPF (3401e compagnie, de la Haute-Garonne) commandée par le capitaine Jean Blasco dit "Max", âgé de vingt ans et connu pour son impulsivité. Il avait été renforcé l’avant-veille par des FTP urbains de Saint-Girons (Ariège). Les maquisards avaient fait prisonniers cinq Allemands, dont deux femmes, des soldats de la Wehrmacht et un officier ingénieur allemand (Voir : Artigue Paul). Ils étaient gardés par Pierre Sirgant , pendant la journée, dans la cabane du poids public, et la nuit chez Pierre Gence.

Le 10 juin 1944, le village de Betchat fut investi par un détachement de la 10e Compagnie du régiment Deutschland de la 2e Panzerdivision SS Das Reich, qui venait de massacrer 27 civils à Marsoulas (Haute-Garonne) : à Marsoulas, deux maquisards de Betchat, dont Camille Weinberg juchés sur le clocher de l’église — sur ordre de Jean Blasco — avaient imprudemment tiré sur la colonne allemande, provoquant le massacre des civils de Marsoulas en représailles. Mais le bruit des fusillades prévint les habitants de Betchat qui purent se disperser en grand nombre. Les maquisards également, sauf un Pierre Sirgant. Ils se dirigèrent ensuite vers Sainte-Croix-de-Volvestre (Ariège), à la limite de la Haute-Garonne. Ils y établirent leur cantonnement.

Sirgant était resté avec les prisonniers car, vraisemblablement, il n’avait pas reçu de Blasco l’ordre de repli. Un voisin de Sirgant, Bertrand Bouin, fut averti de l’arrivée des Allemands par deux maquisards, "Hérisson" et le le Russe "Constant". Il s’enfuit alors de sa grange emmenant avec lui un jambon. Voyant arriver les SS dans Betchat, accompagné par deux villageois, Pierre Gence et Henri Capdet, Sirgant décida à son tour de s’en aller au plus vite. Tous trois eurent le réflexe, après voir contourné l’école, de se cacher au milieu d’un champ de blé adjacent. Il furent bientôt capturés. Capdet, parlant allemand, s’expliqua. Il fut aussitôt libéré avec Gence. Quant à Sirgant il fut confondu par les Allemands dont il avait été le geôlier. Les explications de ces derniers qui dirent combien ils avaient été bien traités par Sirgant pendant leur captivité ne furent guère entendus. Ni l’abbé Casassus (par ailleurs informateur de la police allemande) qui, en allemand, plaida en sa faveur et prit, efficacement apparemment, la défense des villageois encore présents dans la localité. Sirgant était un terroriste et il devait subir le sort que les Allemands leur réservaient.

Les soldats de la Das Reich ayant libéré les prisonniers, capturèrent exécutèrent Pierre Sirgant vers 10 h au Pré Commun, contre le mur de la grange Bouin toute proche. Ils réquisitionnèrent trois "civils", Jean-Marie Fournier, plâtrier, Paul Feuillerat ancien marchand ambulant de tissus et Louis Braquet qui creusèrent une tombe improvisée. Pierre Sirgant fut enterré, enveloppé dans une couverture. Ses parents vinrent récupérer son corps deux ou trois jours plus tard.

Les SS massacrèrent aussi deux civils, Jean-Marie Joubé et Jean-Marie Rives, sur la route venant de Marsoulas, avant les premières maisons de Betchat. Au même endroit, ils en blessèrent gravement un autre, Philippe Sajous. Plusieurs maisons furent incendiées.

Les noms des trois victimes sont inscrits sur une plaque commémorative apposée sur le mur de la Poste de Betchat. Le nom Pierre Sirgant est aussi inscrit sur le monument aux morts de Salies-du-Salat (Haute-Garonne), sa commune de résidence.

Pierre Sirgant fut homologué FFI et obtint la mention Mort pour la France.

Voir : Betchat, Fabas, Mercenac (Ariège), victimes de la division SS Das Reich en Couserans, 10 juin 1944

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article175152, notice SIRGANT Pierre, Jean par André Balent, Jean-Pierre Besse, Dominique Tantin, version mise en ligne le 27 août 2015, dernière modification le 29 octobre 2021.

Par André Balent, Jean-Pierre Besse, Dominique Tantin

Plaque commémorative apposée sur le mur de la Poste de Betchat.
Plaque commémorative apposée sur le mur de la Poste de Betchat.
Crédit : MémorialGenWeb
Pierre Sirgant (1922-1944)
Source : Henri Soum, op. cit., 1994, p. 216

SOURCES : Service historique de la Défense, Caen, AVCC, AC 21 P 161029 et Vincennes GR 16 P 550734 (à consulter). — Arch. dép. Ariège, 64 J 23 et 63 J 206 (maquis de Betchat) fonds Claude Delpla : dans ce dernier fonds , rapports de la gendarmerie de Prat-Bonrepaux (Ariège) pour le compte de la commission d’enquête sur les crimes de guerre, Betchat, 23 mars 1945. — Arch. dép. Ariège, 4 E 5871, registre dees naissnces de Saint-Girons, acte de naissance de Pierre Sirgant. — Guy Penaud, La Das Reich : la 2e SS Panzerdivision, préface d’Yves Guéna et introduction de Roger Ranoux, Périgueux, La Lauze, 2e édition, 2005, pp. 382-383, 520. — Henri Soum, La mort en vert-de-gris. Le maquis de Cazères, Toulouse, Signes du monde, 1994, 280 p. [p. 210, p. 215-217]. — Hélène Guillon, Les Massacrés par les Allemands en France, 1940-1945, Étude sur la répression extra-judiciaire allemande en France de l’invasion à la Libération, mémoire de master 2 sous la direction de Michel Boivin, université de Caen, UFR d’Histoire, 2005-2006, Annexes. — « Le massacre d’une population innocente à Marsoulas en Comminges, le 10 juin 1944 », texte rédigé par un de ses fils, né en 1941, du maire de Marsoulas, Jean Blanc, site aspetinf.chez.com/assoc/Marsoulas, consulté le 11 septembre 2019. — MémorialGenWeb (consulté par André Balent, 31 juillet et 12 août 2019). — Mémoire des Hommes, consulté par André Balent le 19 août 2019.

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