LEVILLAIN Alexandre

Par Gilles Pichavant

Né le 5 janvier 1927 à Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), mort le 15 décembre 2008 à Rouen ; docker, puis ouvrier du bâtiment ; syndicaliste CGT en Seine-Maritime ; communiste ; conseiller prud’homal à Rouen (Seine-Maritime), Administrateur de la Caisse de Sécurité sociale de Rouen.

Fils d’un cheminot et d’une mère au foyer, Alexandre Levillain, fréquenta les écoles primaires de Rouen, puis du Havre, selon les affectations de son père qui travailla à Rouen, à Sotteville-lès-Rouen, et à Motteville (Seine-inférieure-Seine-Maritime). De retour à Rouen, il fréquenta le collège de la Croix-Mare. Il obtint son certificat d’études primaires à Pavilly (Seine-inférieure-Seine-Maritime).

Ouvrier agricole de 1940 à 1944, il devint docker occasionnel sur le port de Rouen, à la Libération. En 1946, il entra comme manœuvre en maçonnerie à l’entreprise Quénécor. C’était l’époque de la reconstruction de Rouen, et de la construction des grands ensembles de HLM de la banlieue rouennaise ; le travail ne manquait pas. De 1947 à 1952, il fut ferrailleur en béton armé dans l’entreprise Thouard, puis jusqu’en 1954, chez Lecat-et-Millery, puis de 1954 à 1956, à l’entreprise André-Robert.

En 1958 entra, toujours comme ferrailleur en béton armé, à l’entreprise Guiraudie-Auffève. Il y resta jusqu’en 1987, date à laquelle il connut dix ans de chômage avant de basculer à la retraite.

Alexandre Levillain adhéra à la CGT en 1947, et le syndicat lui confia rapidement des responsabilités, et le présenta aux élections professionnelles. Il fut délégué du personnel chez Thouard, de 1949 à 1952, délégué du personnel chez André-Robert.

Mais c’est dans l’entreprise Guiraudie-Auffève, où il prit une grande importance dans l’activité syndicale. C’était une entreprise du bâtiment d’envergure nationale. Elle avait une agence dans la région rouennaise à Sotteville-lès-Rouen. Elle compta 850 salariés répartis sur Toulouse et Rouen, dont 550 salariés dans la région rouennaise. De 1959 à 1977, Alexandre Levillain y fut délégué du personnel et secrétaire du comité d’entreprise de l’entité sottevillaise.

Le 19 octobre 1959, il fut mis à pied avec les 10 autres délégués du personnel dans le cadre d’un conflit qui avait commencé à la suite de la découverte de la suppression d’une prime dans le salaire du mois d’août. Il était à la fois délégué du personnel et élu au Comité d’Entreprise. Le personnel avait décidé de ne plus faire d’heures supplémentaires et avait ralenti les cadences de travail, pendant que l’ensemble des syndicats déposait un cahier de revendications. Le 19 octobre le Conseil Général siégeant à la préfecture, une délégation est reçue par des conseillers généraux. Une motion commune présentée par les conseillers communistes, socialistes et PSA (Parti Socialiste Autonome), fut adoptée à l’unanimité du Conseil Général le lendemain.

L’annonce des licenciements des délégués provoqua la radicalisation du mouvement. Elle conduisit à une grève totale qui dura du 27 octobre au 4 novembre. L’inspecteur du travail refusa le licenciement. S’ensuivit alors une procédure juridique, ainsi que l’interpellation du Ministre du travail. Parallèlement une intense campagne de solidarité publique était développée par le syndicat, l’Union des syndicats CGT du Bâtiment et des Travaux Public de Seine-Inférieure, dont Marcel Letessier était le secrétaire, et l’Union départementale CGT. Le 10 février 1960, le Ministre du Travail n’ayant toujours pas rendu sa décision, la Cour d’Appel rendait un arrêt qui condamnait la Société Guiraudie-Auffève à payer les indemnités compensatrices de salaires et de jours fériés depuis le 17 octobre 1959.

Le 14 février 1960, Alexandre Levillain fut donc réintégré dans l’entreprise avec les autres délégués, et ses 4 mois de salaires perdus lui furent payés. Cependant, l’affaire allait rebondir, et Léon Bellavoine, Roger Camesan*, Lucien et Daniel Lerat*, allaient rester les victimes de cette affaire. En effet, la direction lançait une nouvelle attaque contre ces délégués en déposant une demande de résiliation judiciaire de leur contrat de travail. Elle les accusa d’avoir organisé de manière délibérée le sabotage de la production. Si le 31 mai 1960, le Conseil des prud’hommes débouta la société de sa demande, la Cour d’appel, à la différence de ses jugements précédents, ne suivit pas les décisions du Conseil des prud’hommes, et prononça la rupture du contrat de travail des quatre délégués en faisant remonter la rupture du contrat au 17 octobre 1959 (date de l’envoi des lettres de licenciement par la direction !). De plus, elle les condamna à rembourser les salaires perçus depuis cette date, et à verser solidairement à la société Guiraudie-Auffève la somme de 1,18 millions d’anciens francs.

De 1962 à 1977, Alexandre Levillain fut membre du Comité d’Hygiène et de Sécurité local, tout en étant le secrétaire général du syndicat CGT. De 1975 à 1977, il fut secrétaire du Comité central d’entreprise (CCE) du groupe Guiraudie-Auffève, qui était basé à Toulouse.

Il prit sa retraite en 1987. Il continua cependant son activité syndicale comme secrétaire de l’Union syndicale CGT de la construction de Seine-Maritime de 1987 à 1992, dont il fut le trésorier jusqu’en 1999. Il fut aussi le trésorier des retraités CGT de la Construction de 1993 à sa mort. Il fut membre du conseil syndical de l’Union syndicale des retraités CGT de Seine-Maritime depuis 1996, puis, à la fin de la décennie, président de la Commission financière de contrôle de cette organisation.

Alexandre Levillain fut adhérent du Parti communiste français, de 1952 à 1954. Il ré-adhéra au PCF en 1965, et fut adhérent jusqu’en 1977. Il ne fut plus adhérent jusqu’en 1987, année à partir de laquelle il ré-adhéra, et le resta jusqu’à sa mort.

En 2002, il entra au conseil d’administration de l’Institut d’histoire sociale CGT de Seine-Maritime. Il habitait 7 place des Emmurées à Rouen.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article175243, notice LEVILLAIN Alexandre par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 26 septembre 2015, dernière modification le 27 septembre 2015.

Par Gilles Pichavant

SOURCES : questionnaire rempli par Alexandre Levillain — IHS-CGT-76, dont Le Fil Rouge, n°13, L’affaire Guiraudie-Auffève — Archives de l’Union départementale CGT de Seine-Maritime.

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