GRYNBERG Jichiel dit Jean

Par Daniel Grason

Né le 9 février 1904 à Brest-Litvosk (Pologne, Union Soviétique, Biélorussie), mort en 1942 à Auschwitz (Pologne) ; étalonneur-électricien ; militant communiste.

Fils de Jankiel et de Sara, née Rubin, Jichiel Grynberg arriva en France le 26 décembre 1924, il résida à Toulouse (Haute-Garonne), il suivit des cours à l’Institut électromécanique de la ville jusqu’en avril 1925. Il vint à Paris, logea 15 rue Saint-Gilles (IIIe arr.), puis 49 boulevard de Vaugirard (VIe arr.), il travailla à la maison Palicot, 51 rue de Paradis (Xe arr.), il fut embauché à l’Humanité comme électricien au 142 rue Montmartre (IIe arr.). En avril 1928 il retourna en Pologne où il aurait effectué une période militaire. De retour, il alla à Mont-de-Marsan (Landes), obtint une carte d’identité d’étranger le 25 mai 1929. Les courriers des dirigeants communistes étaient surveillés, ouverts, dans une lettre d’Henri Barbé à Pierre Semard, « Jean » était cité, des inspecteurs des Renseignements généraux identifièrent Jichiel Grynberg.

Il fut membre du syndicat général des travailleurs unitaires (CGTU) du papier carton, puis au syndicat des chauffeurs, conducteurs, mécaniciens, industries électriques et parties similaires de la Seine et Seine-et-Oise sous le pseudonyme de Jean. Il adhéra au Parti communiste, fit partie du 5e rayon, organisé à la cellule 201, délégué à l’Agitation propagande (Agit Prop) du sous rayon du IIe arr., il intervenait dans les réunions. Dans une note des Renseignements généraux du 5 avril 1928, il était présenté comme « très intelligent et instruit », suscitant « une certaine défiance parce qu’il se révélait un « staliniste pur » et n’admettait pas de la part des militants du Ier Rayon, notamment Georges Joseph Beaugrand, la moindre déviation aux principes staliniens ».

En 1930, il fut embauché comme électricien à l’usine des Compteurs 4 place des Etats Unis à Montrouge, la direction de l’entreprise l’appréciait comme « sérieux et de bonne conduite ». Il fit la connaissance d’un militant communiste de l’usine, Mendel Kerbel domicilié à Montrouge.

Jichiel Grynberg épousa le 2 avril 1930 en mairie de Montrouge Jocha Bergman née à Bialystok (Pologne). La direction des Renseignements généraux convoqua Jichiel Grynberg le 5 avril, un inspecteur l’informa des mesures auxquelles il s’exposait, très probablement l’expulsion s’il poursuivait une activité politique. Il prit l’engagement de cesser toute activité. Le couple Grynberg demeura 18 rue Nansouty (XIVe arr.), un enfant prénommé Claude naquit le 1er avril 1932 à Paris (VIe arr.) Jichiel Grynberg fit une déclaration le 6 avril 1932 à la Justice de Paix du XIVe arr., afin d’assurer à son fils la nationalité française. En 1933, il obtint pour lui-même sa naturalisation.

La famille emménagea en octobre 1936 au 32 boulevard Jourdan (XIVe arr.), Jichiel Grynberg ne manifesta plus publiquement ses opinions politiques. Le gouvernement de Vichy, promulgua le premier statut des juifs le 3 octobre 1940, un statut discriminatoire qui faisait des Juifs français ou étrangers des citoyens sans droit. Il permettait l’internement des Juifs, le gouvernement de Vichy obéissait servilement aux autorités allemande. Pour arrêter des Juifs, un subterfuge fut utilisé, une convocation de couleur verte donna son nom à l’opération dite du « Billet vert », le 13 mai 1941 le billet arriva chez 6694 Juifs la plupart d’origine polonaise. Près de 3000 ayant probablement des doutes ne se présentèrent pas le lendemain dans l’un des trois centres de rassemblement, 3710 répondirent à la convocation pensant qu’il s’agissait de vérifier leur situation administrative. Jichiel Grynberg était de ceux-là. Des autobus emmenèrent les personnes jusqu’à la gare d’Austerlitz. Quatre trains spéciaux transportèrent hommes et femmes aux deux camps d’internements dans le Loiret : Pithiviers et Beaune-la-Rolande, servirent de camp de transit avant la déportation.

Huit transports partirent de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande entre le 25 juin et le 21 septembre 1942 à destination d’Auschwitz. Jichiel Grynberg était dans le dernier convoi n° 35 d’un millier de déportés, dès l’arrivée 791 hommes et femmes furent gazés. Quand le camp fut libéré par l’armée Soviétique le 27 janvier 1945, il ne restait que 23 hommes survivants. Le nom de Jichiel Grynberg figure sur le mur des noms au Mémorial de la Shoah 17 rue Geoffroy l’Asnier à Paris (IVe arr.).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article175465, notice GRYNBERG Jichiel dit Jean par Daniel Grason, version mise en ligne le 13 septembre 2015, dernière modification le 20 septembre 2015.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. 1W 0699. – Denis Peschanski, La France des camps. L’internement 1938-1946, Gallimard, 2002, pp. 198-202. – Le Billet vert. Vie et lutte à Pithiviers et Beaune-la-Rolande, camps pour juifs, camps pour chrétiens, camps pour patriotes, Édition du Renouveau, 1977. – Site internet CDJC.

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