Par Gilles Pichavant
Né le 28 vendémiaire an III (19 octobre 1794) à Baudribosc (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) ; ouvrier fileur à Darnétal (Seine-Inférieure) ; condamné pour coalition en 1830.
Biographie nouvelle
En 1794, Nicolas Halavent naquit à Baudribosc (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), dans une famille de journaliers. Enfant, il apprit son métier de fileur, en étant rattacheur dans une filature, peut-être à Yvetot (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), située à quelques kilomètres de sa commune natale.
En 1830, il demeurait à Darnétal (Seine-Inférieure, Seine-Maritime). Il fut arrêté et poursuivi par la justice, dans le cadre de la répression d’un vaste mouvement social qui se forma initialement parmi les fileurs de Sotteville-les-Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) et du quartier Saint-Server de Rouen, et qui s’étendit à toute la région rouennaise. À la suite des Trois glorieuses, les ouvriers rouennais pensèrent que la situation était propice à la satisfaction de leurs revendications, et demandèrent la révision des règlements intérieurs des filatures, avec en particulier la suppression du système d’amendes. Ils exigèrent aussi la réduction du temps de travail sans perte de salaire, ainsi que des augmentations de salaires. D’après le Journal de Rouen la durée du travail était, à cette époque, de 16 heures 30, et pouvait atteindre les 17 heures ; les fileurs revendiquaient qu’elle soit limitée à 12 heures par jour.
Le préfet convoqua les filateurs afin qu’ils mettent en place une commission chargée de réformer rapidement les règlements intérieurs des filatures, en les expurgeant de leurs aspects les plus terribles. Au bout de quelques jours, un nouveau règlement fut publié et affiché dans les établissements, mais il s’avéra que les modifications préconisées par le nouveau règlement intérieur étaient minimes. Mais surtout les revendications des fileurs en matière de réduction du temps de travail et de salaire n’avaient pas été entendues. De plus, les filateurs refusèrent de se considérer engagés par le nouveau règlement, chaque patron se considérant maître chez lui. En fait peu de choses avaient changé, et cela renforça la détermination des fileurs en grève.
À Darnétal, la grève avait commencé le 1er septembre. Dans les journées des 3, 4 et 6 septembre, des manifestations d’ouvriers parcoururent les établissements de filatures de Darnétal, et de sa périphérie : Fontaine-sous-Préaux, Saint-Martin-Du-Vivier, Saint-Léger-du-Bourg-Denis, et Saint-Aubin-Épinay ; afin d’y faire cesser les travaux dans les filatures, dans le but, comme le dit le jugement du tribunal de Rouen, « de faire augmenter les salaires des ouvriers et diminuer le temps de travail. » À cette fin, « des écrits furent présentés par les fileurs aux différents manufacturiers par lesquels ceux-ci s’engageaient à accorder l’augmentation du prix [c’est à dire du salaire], et la diminution des heures de travail. »
Nicolas Halavent fut l’un des fileurs les plus actifs de la coalition. Le 4 septembre, il parcouru les communes à la tête d’un important cortège d’ouvriers. Il fut avéré qu’il se présenta chez les filateurs Villeneuve, Vallerey, Goujard, et tenta de faire signer à ces deux derniers un écrit par lequel ils s’engageaient à accorder une augmentation de salaire, et à diminuer des heures de travail.
La situation se tendit, au point que, le 5 septembre le maire de Darnétal et la garde nationale locale furent contraints de s’enfermer dans la mairie. Le 6 septembre un détachement la garde nationale de Rouen, renforcé par un détachement de gendarmerie à cheval, furent envoyés à Darnétal. Ils y affrontèrent les fileurs au cours de véritables batailles rangées, et arrêtèrent un grand nombre de personnes. Cela porta un coup au mouvement, mais ne l’arrêta pas. La grève perdura encore plusieurs jours dans les filatures, avant de se terminer sur un échec.
Les 18 et 19 novembre 1830, eut lieu un procès en correctionnelle, pour coalition, dans lequel 19 personnes de Darnétal furent inculpées. Nicolas Hallavent, Alexandre Louis, et Jacques Dumont* furent condamnés à 2 mois d’emprisonnement pour coalition ; Pierre Loger*, et Louis Auzou*, à 1 mois d’emprisonnement ; Adrien Bertin*, Charles Hénoc*, Pierre Drouet*, Jean-Baptiste Collogin*, Hyacinthe Pigeon*, et Charles Tellier*, à 6 semaines d’emprisonnement. Certains condamnés ne le furent pas pour coalition, mais pour outrage à la garde nationale ou voie de fait : Frédéric Rivière* fut condamné à 2 mois d’emprisonnement pour voie de fait ; Victor Corde* et Justin Thaurin*, condamnés à 6 jours d’emprisonnement pour outrage ; Charles Tinel*, condamné à 3 jours pour voie de fait ; Hénoc Pierre*, condamné à 50 francs d’amende pour outrage. Rose Vernier*, Prosper Lamidée*, et Louis Pierret* furent relaxés.
Pour la coalition du Faubourg Saint-Sever de Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), voir : Adonis Amourette, Dominique Labois, Alexandre Levézier, Théodore De Longmare, Alphonse Leloutre, Stanislas Loison, Jacques Revers ; pour celle de Barentin et Pavilly, voir : Louis Coeffier, Pierre Drély. Pour la Vallée du Cailly, voir Jean-Isidore Prévost. Pour Darnétal : Nicolas Halavent. Pour la répression d’un attroupement de Rouen, voir : Paul Caumont. Coalition d’enfants Narcisse Saint-Martin
Par Gilles Pichavant
SOURCES : Arch. Dép. de Seine-Maritime, Greffe du tribunal correctionnel Rouen, jugements (du 5 avril 1829 au 24 octobre 1831), Cote 3U4-1320 — Journal de Rouen, du 28 août au 12 novembre 1830. — État civil.