LEBEAU Aimée [née CHOCAT]

Par Serge Lottier, Claude Pennetier

Née le 19 juillet 1913 à Paris (XIe arr.), morte le 6 décembre 2021 ; infirmière ; militante communiste de la région parisienne, notamment Neuilly-sur-Marne (Seine-et-Oise, Seine-Saint-Denis).

Aimée Lebeau à la fête de <em>l’Humanité</em> 2013
Aimée Lebeau à la fête de l’Humanité 2013

Aimée Chocat naquit rue de Charonnne dans le XIIe arr. de Paris. L’enfance dans la banlieue Est , au Perreux-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne), de celle qui s’appelle Aimée Lebeau après le mariage avec Maurice Lebeau, fut "secouée" par la séparation de ses parents. Vendeuse de magasin, elle dit avoir beaucoup fréquenté les bals et vécu avec passion son engagement communiste à partir de 1934. Le couple milita activement à la CGT et au Parti communiste tout en ayant des enfants : Monique, nées le 2 juin 1936, Viviane le 13 mars 1944 et Gilbert le 26 septembre 1948.. Ils firent construire une maison près de l’écluse de Neuilly-sur-Marne.

Infirmière à l’hôpital psychiatrique de Maison Blanche (Neuilly-sur-Marne), elle rejoignit la frontière espagnole lors de la guerre d’Espagne pour soigner les blessés à Cerbère. Le syndicat CGT, dirigé par Henri Gaubert, avait obtenu des directions des hôpitaux, des congés de quinze jours pour soigner dans les blocs opératoires.

Son mari, Maurice Lebeau fut garçon boucher puis plombier couvreur et enfin ouvrier à la Compagnie générale des eaux où il assura la fonction de trésorier de la section CGT. Militant communiste depuis 1932, Il travaillait à la verrerie Triplex lorsqu’il fut interné administrativement à Saint-Benoît (Seine-et-Oise) comme communiste, à l’automne 1940. Elle milita clandestinement, distribua des tracts syndicaux et aida les internés en faisant parvenir leur courrier.Son mari fut transféré dans les Basses-Alpes : Bras d’Asse, Le Clounier, Norante, Le Chaffaut et Fort-Barraux où, malgré les obstacles, Aimée Lebeau le visita. Ellel aida les prisonniers : "Je planquais [les lettres] dans mon soutien-gorge. Pour détourner l’attention des soldats je les amusais avec des illustrés", "j’ai eu le chance de ne pas être peureuse". Son mari rentra en 1942 et sa première fille naquit en 1944. Maurice Lebeau devait pointer au commissariat mais il participait cependant à l’action communiste et à la résistante clandestine.

Elle se consacra à son métier tout en restant militante et finit sa carrière comme surveillante générale.

Lorsqu’elle fêta ses 100 ans au stand de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) de la fête de l’Humanité en 2013, elle déclara qu’elle n’en avait jamais raté une, c’était sa 73e fête.

La journaliste Marie-Noëlle Bertrand la décrit alors : "Le verbe efficace, le sourire spontané et la camaraderie à fleur de peau."

Aimée Lebeau fut décorée de la Légion d’honneur à l’occasion de ses 103 ans. Selon le journaliste du Parisien, elle se dit surprise, étonnée et déclara, toujours modeste : « Je ne vois pas en quoi je mérite la Légion d’honneur », « Je n’ai pas eu l’impression de faire quelque chose d’extraordinaire ».

Dans cet entretien, filmé en 2010, elle raconte sa vie de femme engagée : les grèves pendant le front populaire, son soutien actif en tant qu’infirmière aux républicains espagnols qui luttaient contre Franco. La vie au quotidien et à l’hôpital pendant la seconde guère mondiale, les pénuries, l’occupation, le passage la ligne de démarcation en fraude pour aller voir son mari incarcéré pour ses idées communistes, de son côté elle distribuait des tracts contre l’occupation nazie. Elle témoigne sur cette époque, sur ces militants emprisonnés, sur les gens envoyés et exterminés dans des camps de concentration .
Elle témoigne auprès des jeunes pour lutter contre l’idéologie de mort, à 104 ans elle reste fidèle à ses idées d’humanisme et de partage.

Son fils Gilbert a écrit en 2013 une brochure, Aimée et Maurice, consacrée à ses parents.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article175555, notice LEBEAU Aimée [née CHOCAT] par Serge Lottier, Claude Pennetier, version mise en ligne le 20 septembre 2015, dernière modification le 7 décembre 2021.

Par Serge Lottier, Claude Pennetier

Aimée Lebeau à la fête de <em>l'Humanité</em> 2013
Aimée Lebeau à la fête de l’Humanité 2013
Un groupe d'infirmières de Maison Blanche.
Un groupe d’infirmières de Maison Blanche.
Aimée Lebeau est la première à gauche.
Maurice Lebeau (à droite) avec deux amis de Neuilly-sur-Marne à Fort Barraux.
Maurice Lebeau (à droite) avec deux amis de Neuilly-sur-Marne à Fort Barraux.
Remise de la Légion d'honneur à l'occasion de ses 103 ans.
Remise de la Légion d’honneur à l’occasion de ses 103 ans.

Aline Duchêne, Aimée Lebeau : une vie d’engagement. Dans cet entretien, filmé en 2010, elle nous raconte sa vie de femme engagée : les grèves pendant le front populaire, son soutien actif en tant qu’infirmière aux républicains espagnols qui luttaient contre Franco. La vie au quotidien et à l’hôpital pendant la seconde guère mondiale, les pénuries, l’occupation, le passage la ligne de démarcation en fraude pour aller voir son mari incarcéré pour ses idées communistes, de son côté elle distribuait des tracts contre l’occupation nazie. Elle témoigne sur cette époque, sur ces militants emprisonnés, sur les gens envoyés et exterminés dans des camps de concentration. Elle témoigne auprès des jeunes pour lutter contre l’idéologie de mort, à 104 ans elle reste fidèle à ses idées d’humanisme et de partage."

SOURCES : Témoignage de son ami Serge Lottier. — L’Humanité, 17 septembre 2013. — Le Parisien, 29 septembre 2016. — Gilbert Lebeau, Aimée et Maurice, 2013, 84 p. — Notes d’Aline Duchêne, réalisatrice de Aimée Lebeau : une vie d’engagement.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable