COUDRAY Louis Félix

Par Gilles Pichavant

Né le 17 prairial an II (5 juin 1794) à Notre-Dame-de-Bondeville (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) ; ouvrier de filature ; membre de la coalition des fileurs des vallées du Cailly et de l’Austreberthe en 1825.

Fils d’un imprimeur en indiennes, qui devint fileur de coton au début du 19e siècle et d’une mère fileuse à domicile, Félix Coudray devint ouvrier retordeur dans une filature de coton à Notre-Dame-de-Bondeville (Seine-Inférieure, Seine-Maritime). L’un de ses frères, devint fileur, et un autre, plus jeune, contremaitre de filature. Le 17 décembre 1817 à Notre-Dame-de-Bondeville, il se maria avec Barbe Thuillier. En 1825 Félix Coudray était avec son frère Étienne, l’un des ouvriers les plus anciens de la filature Darpentigny-Desbarres.

A l’automne 1823, puis en juillet 1825, les manufacturiers des vallées du Cailly et de l’Austreberthe prétextèrent l’augmentation du coton pour réduire à chaque fois les salaires de 10%, provoquant un appauvrissement général de la population ouvrière. Le samedi 2 juillet 1825 jour de paye, à l’annonce de la nouvelle baisse de salaire, François Berson*, leur beau-frère, fileur dans la même filature, demanda seul son livret ou le maintien du tarif. Le directeur accepta de lui rendre son livret à la fin de la quinzaine suivante, mais payée au nouveau tarif. Évidemment François Berson refusa, et à partir de ce moment une mobilisation ouvrière sans précédent se développa dans la vallée, marquée par la mise en place d’une organisation semi clandestine, l’instauration de cotisations, la tenue de réunions. Étienne Coudray devint le caissier de la coalition. Celui-ci, pour plus de sécurité, confia l’argent à son frère Félix.

S’appuyant sur Jean-Baptiste Duparc, fileur à Pavilly (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), autre beau-frère de Félix Coudray, la coalition s’étendit dans la vallée de l’Austreberthe, et fut à l’origine d’un immense mouvement social visant à faire relever les salaires dans les filatures des deux vallées. Ce mouvement connut son apogée les 6 et 8 août 1825, lorsque 2000 fileurs affrontèrent 60 gardes royaux à cheval, affaire qui fut appelée « les troubles du Houlme ». Un garde royal fut blessé à mort. Une répression terrible s’abattit sur les fileurs, qui donna lieu à deux procès : l’un aux assises qui se solda par la condamnation à mort de Jules Roustel, et l’autre en correctionnelle. (Voir Étienne Coudray, Jules Roustel, Jean-Louis Morel)

Félix Coudray ne fut ni arrêté, ni poursuivi dans cette coalition.

En mars 1848, Félix Coudray fut poursuivi et condamné à 16 francs d’amende pour outrage à un Garde National nommé Réal, qu’il avait traité de « Canaille, voleur et brigand » et en lui disant « tu passeras par mes mains », alors qu’il lui apportait un précédent jugement en main propre. Arrêté, il fut libéré car le gouvernement venait de prendre un décret supprimant la contrainte de corps.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article175603, notice COUDRAY Louis Félix par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 23 septembre 2015, dernière modification le 2 juin 2016.

Par Gilles Pichavant

SOURCES : Arch. Dép. Seine-Maritime, 2 U 563, 2 U 565, 3U4/1327, 10 M 330, 4E. — Journal de Rouen, août-octobre 1825. — Alain Alexandre Aspects des revendications sociales dans la vallée du Cailly, in Les Cahiers de Sylveison, N°10, sept 2006. — État civil.

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