BOURET Luc, Jean, Michel

Par Alain Dalançon

Né le 17 septembre 1932 à Colombes (Seine, Hauts-de-Seine) ; professeur ; chrétien, militant socialiste, militant syndicaliste du SNES, secrétaire du S2 de la Sarthe (1966-1968), secrétaire national (1973-1983) ; responsable départemental et national de l’ARAC et de l’Association pour les adultes et jeunes handicapés.

Luc Bouret
Luc Bouret
Congrès SNES 1972 (coll. IRHSES)

Fils d’une famille catholique de six enfants, dont la mère était secrétaire sténo-dactylo et le père dessinateur industriel puis secrétaire polyvalent dans l’entreprise Péchiney, lecteur de L’Aube, adhérent au Mouvement républicain populaire après la Seconde Guerre mondiale, Luc Bouret reçut une éducation religieuse qui contribua fortement à sa formation de militant ; il resta toujours fervent catholique pratiquant.

Après le jardin d’enfants à la Garenne-Colombes, il commença à aller à l’école communale à Courbevoie mais, en raison du déplacement de Péchiney dans le midi au début de la guerre, il poursuivit sa scolarité grâce aux cours par correspondance Hattemer. Il passa le diplôme de l’enseignement primaire préparatoire en 1943 en Avignon (Vaucluse), ce qui lui permit, sa famille étant de retour dans la région parisienne, d’entrer en octobre 1943 en classe de cinquième au lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine, où il effectua toutes ses études secondaires. Il y obtint le baccalauréat (mathématiques élémentaires) puis y fut élève en classe de Lettres supérieures en 1951-1952. L’année suivante, passionné par la géographie, il s’inscrivit à la Sorbonne où il obtint le certificat d’études littéraires générales et deux certificats de licence.

Ayant besoin de travailler, Luc Bouret enseigna à partir de 1955 comme instituteur délégué dans une institution religieuse de la Saône-et-Loire, tout en essayant de terminer sa licence à la Faculté des Lettres de Lyon (Rhône). Au cours de cette période, simple adhérent de l’Union nationale des étudiants de France, il était surtout intéressé par les idées de « Jeune République » puis de la « Nouvelle gauche ».

En mars 1957, il fut appelé au service militaire. D’abord affecté jusqu’au 1er septembre 1958 au 3e Régiment d’Infanterie coloniale, où il devint sergent instructeur, il fut ensuite envoyé en Algérie dans le cadre du plan Joinville au 131e Régiment d’Infanterie jusqu’au 18 janvier 1959, affecté dans le « bled » avec des harkis et, après une courte disponibilité, fut maintenu sous les drapeaux jusqu’en mars 1960.

À son retour à la vie civile, il épousa en juin 1960 Suzanne Gilles, infirmière à l’Éducation nationale avec laquelle il eut une fille et deux garçons. Son épouse affectée à Lisieux (Orne), il obtint un poste de surveillant d’externat au lycée de Deauville puis au lycée Malherbe à Caen (Calvados) en 1960-1961, termina sa licence à la Faculté des Lettres de Caen puis fut affecté comme maître auxiliaire au lycée Napoléon à Laigle (Orne), où il demeura jusqu’en 1966, en tant qu’adjoint d’enseignement puis professeur certifié d’histoire-géographie, après avoir été reçu aux épreuves pratiques du certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement de second degré. Il fut ensuite affecté à La Flèche (Sarthe) de 1966 à 1987, au lycée Bouchevreau et termina sa carrière au lycée Touchard du Mans (Sarthe) en 1992 au grade de certifié hors-classe.

Syndiqué dès le début de son entrée à l’Éducation nationale au SNES, Luc Bouret rencontra Robert Bourdon et Jean Petite, militants du Parti socialiste unifié, responsables de la section académique (S3) de Caen (liste B, « Unité et Action »), qui l’amenèrent à entrer à la commission administrative académique où il milita de plus en plus comme secrétaire de la section départementale (S2) de la Sarthe à partir de 1966-1967. Au cours de cette période, il militait dans divers groupes de la nouvelle gauche, « Citoyen 60 » et « Vie Nouvelle » et adhéra au PSU en 1964 mais quitta ce parti dès le début de l’année 1968.

Dans les années post-68, Luc Bouret s’investit un peu plus dans le militantisme syndical dans le courant « U&A » du SNES, dans le S3 de Nantes, après le détachement du département de la Sarthe de l’académie de Caen en 1972. Il entra à la CA nationale en 1971 et allait en rester membre jusqu’en 1983. Dans le cadre de la réorganisation du secrétariat national à la rentrée 1971, consécutive au départ d’André Drubay du secrétariat général, Luc Bouret fut appelé par Jean Petite à la commission pédagogique, puis fut élu membre suppléant au bureau national en 1973 et entra dans la direction exécutive nationale où il devait rester jusqu’en 1983.

Partisan déterminé de l’union de la gauche, il adhéra au nouveau Parti socialiste au moment de la conclusion du Programme commun (courant Poperen). Son profil de militant socialiste chrétien, attiré par Petite dans le groupe « Démocratie et Université », lui conférait une place originale dans la diversité du courant U&A fédéral (il siégea durant plusieurs mandats à la CA de la Fédération de l’Éducation nationale) et dans la direction nationale du SNES, où il exerça des responsabilités dans différents secteurs.

Désigné d’abord rapporteur de toutes les motions particulières (foyers socio-éducatifs, surveillance et équipes éducatives) du thème central du congrès national d’études de 1972 à Poitiers, « Les établissements de second degré comme lieu d’éducation », qui fixa les bases de la doctrine du SNES après 1968 dans le domaine pédagogique, Luc Bouret affirma alors ses compétences, son esprit d’ouverture mais aussi sa fermeté face aux critiques virulentes des militants des tendances minoritaires, notamment de l’École émancipée-Rénovation syndicale et surtout du Front unique ouvrier. Au congrès de 1973, il poursuivit le travail d’ouverture de la doctrine pédagogique du SNES dans le cadre du projet d’École progressive qui mûrissait, en étant rapporteur sur les « 10% » et le « travail indépendant ».

À la rentrée 1973, Luc Bouret passa de la commission pédagogique au secteur corporatif, adjoint d’André Dellinger, chargé des conditions de travail. Il s’occupa de plus en plus des affaires personnelles (avec Michel Velay*, Édouard Patard, Nicole Hurbain) ; en décembre 1972, il avait été élu commissaire paritaire national (suppléant) des certifiés et allait rester élu titulaire de la CAPN de 1975 jusqu’aux élections de 1982.

Il fut également associé à la commission laïque au côté de Paul Berger puis d’André Siredey*. Son engagement laïque n’était nullement contradictoire avec sa foi et sa pratique religieuse : il donnait en effet des cours d’histoire et d’éducation religieuse aux adultes sous la responsabilité du diocèse et fut durant plusieurs années responsable de la bibliothèque diocésaine, où il effectuait toujours des permanences en 2005.

En 1983, fatigué par des déplacements incessants à Paris et désirant reprendre son enseignement d’histoire-géographie qu’il n’avait jamais totalement interrompu, sauf durant quatre années où il fut totalement déchargé de cours, il abandonna ses responsabilités syndicales nationales. Il milita alors à la base et dans la section départementale de la FEN de la Sarthe. La retraite venue, il resta adhérent du SNES-FSU et était membre de la CA départementale de la Fédération générale des retraités de la fonction publique.

Il poursuivait son militantisme à l’Association républicaine des Anciens Combattants, à laquelle il avait adhéré au retour d’Algérie, devenant membre de la CA et du bureau national dans les années 1990 ; il était toujours membre du conseil départemental en 2005. Il continua surtout de militer à l’APAJH, secrétaire puis président départemental, membre du conseil d’administration et du BN en 1997, chargé de mission en 2005 auprès du président national. Il était toujours adhérent du PS se reconnaissant dans la motion des majoritaires.

Vivant sa foi au quotidien de manière pratique et dévouée, sans ostentation, Luc Bouret était toujours prêt à s’engager pour la défense des libertés, des droits de l’homme (il fut adhérent de la Ligue des droits de l’Homme) et de la justice sociale.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17570, notice BOURET Luc, Jean, Michel par Alain Dalançon, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 3 janvier 2018.

Par Alain Dalançon

Luc Bouret
Luc Bouret
Congrès SNES 1972 (coll. IRHSES)
congrès SNES 1981 (coll. IRHSES

SOURCES : Arch. IRHSES (CA, congrès, secteurs, L’Université syndicaliste, Revue Unité et Action) — Témoignages de l’intéressé et autres témoignages oraux de militants du SNES.

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