TAVIDIAN Meguerditch

Par Daniel Grason

Né le 26 mars 1902 à Rodosto (Turquie) ; ouvrier cordonnier, finisseur en chaussures, marchand forain ; militant communiste ; interné politique.

Fils de Léon et de Mahmouglian, née Nouritza, Meguerditch Tavidian né dans une ville de Thrace au bord de la mer de Marmara, était Arménien. Il entra régulièrement en France le 1er août1924, il demeura 70 bis boulevard d’Ornano à Paris (XVIIIe arr.), puis 7 rue du Soleil à Paris (XXe arr.). Il épousa le 8 avril 1928 à Paris, Violette Kassarino, d’origine italienne et de nationalité française. Le couple habita le 1er août 1928 dans un deux pièces au 11 rue du Soleil à Paris (XXe arr.). Dans un petit local en rez-de-chaussée, il exerçait sa profession de cordonnier pour la Maison Ménétré et Cie, 31 rue des Annelets (XIXe arr.).
Au début novembre 1932 une lettre anonyme parvint à la Police Judiciaire : « Mon devoir de français m’oblige de vous annoncer qu’il y a un type très dangereux, étranger, sujet turc du nom de Tavidian Meguerditch demeurant 11 rue du Soleil, dans le 20ème, ouvrier cordonnier, qui s’entretient chez un nommé Bodjian et font des réunion dans leur langage communiste et tous les lundis soirs, ils tiennent réunion à « la Bellevilloise » rue Boyer, distribuent des tracts écrivant sur les murs  ».

« Dans l’attente de le voir expulser de notre sol français, recevez, Monsieur, mes salutations ».

« Un bon Français. »
Cette dénonciation eut comme conséquence le fichage des deux militants. La famille composée de plusieurs enfants déménagea au 140 rue de Ménilmontant (XXe arr.), Meguerditch Tavidian obtint la nationalité française par décret du 19 août 1939. De la classe 1936, mobilisé il fut renvoyé dans ses foyers en raison du nombre de ses enfants, exerçait pendant la guerre le métier de marchand forain.
Alors qu’il distribuait le 2 août 1941 rue de Belleville un tract du parti communiste intitulé « Au Peuple Français ». Il aperçut les policiers, il tenta de prendre la fuite, jetant 200 tracts sur la chaussée.
Interrogé sur la provenance des tracts qu’il diffusait, il refusa de donner le nom du militant qui lui avait remis. Incarcéré à la Santé, il comparut le 5 août 1941 devant la 14ème Chambre correctionnelle, il fut condamné à un an de prison pour infraction au décret-loi du 26 septembre 1939 qui interdisait la propagation des « mots d’ordre émanant ou relevant de la Troisième internationale communiste ». Le 11 août 1941 Baptiste Tavidian était transféré à Fresnes, puis à la centrale de Poissy (Seine-et-Oise, Yvelines) où il purgea sa peine. Le 13 juin 1942 le préfet de police décidait son internement.
Le 28 juillet 1942 sa femme Violette intervint par écrit auprès du préfet de police. Elle relevait le fait que son mari avait fini de purger sa peine et qu’il restait en prison. Elle attirait son attention sur sa situation familiale. « Je suis mère de 5 enfants en bas âges dont l’aîné à 12 ans et le plus jeune à 17 mois, la vie pour nous devient de plus en plus difficile et impossible. Je suis uniquement seule et n’ai comme ressources que 1355 francs par mois d’assistance à la famille ». Elle soulignait être dans l’impossibilité de travailler ayant « déjà beaucoup d’ouvrage avec mon petit monde et en outre mon état de santé ne me permet aucun effort ». Elle le suppliait de rendre « leur papa qui a toujours été le meilleur des pères vous sauveriez cinq petits enfants de la faim et de la misère, mon mari reprendrais son travail car l’ouvrage ne lui a jamais fait peur et ainsi le bonheur reviendrais dans notre maison et ma santé peut-être aussi ».
Un petit carré de papier fut épinglé sur la lettre « Faut-il répondre libération impossible ». Le 6 août 1942 le commissaire de police du quartier du Père-Lachaise informa Violette Tavidian que la libération de son époux n’était pas possible.
Le 5 septembre 1942, Meguerditch Tavidian arrivait au camp de Rouillé (Vienne), puis 8 avril 1944 à Pithiviers (Loiret). Le 9 mai 1944, Rose Tavidian s’adressa au Préfet de police : « Devant faire ma première Communion le jeudi 18 mai, j’ai l’honneur de vous demander de bien vouloir accorder à mon papa […] détenu politique […] la faveur d’une permission de quelques jours pour lui permettre d’y assister ». Robert D… Ingénieur des Arts et Manufactures, travaillant au ministère de la Production Industrielle écrivit quelques mots sur sa carte de visite, il appuyait « chaudement la demande de la petite Rose Tavidian d’une famille digne d’intérêt ».
Le préfet de police chargea le commissaire de police du quartier du Père-Lachaise de rappeler à Violette Tavidian : « que, seuls les cas de décès ou de maladie d’un membre de la famille mettant ses jours en danger peuvent motiver une semblable mesure ». Il envoya une lettre à Robert D… où il lui faisait part des textes, il concluait ainsi : « Je vous exprime mes vifs regrets et vous prie de croire, monsieur, à l’assurance de ma considération distinguée ».
Le 10 août 1944, Meguerditch Tavidian était libéré de Pithiviers, il regagna Paris. En août 1951, il déclara à la préfecture de police son intention de publier mensuellement Notre Voix, journal qui serait imprimé chez Fauvel, 4 rue du Vide-Gousset à Paris (IIe arr.). En février 1958, il entreprit des démarches en vue d’obtenir sa carte d’interné politique.
Meguerditch Tavidian a été homologue Déporté interné résistant (DIR).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article175760, notice TAVIDIAN Meguerditch par Daniel Grason, version mise en ligne le 1er octobre 2015, dernière modification le 3 mars 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. 1W 0331. – Bureau Résistance GR 16 P 563704.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable