SOLADIER André, Maurice

Par Daniel Grason

Né le 10 février 1905 à Paris (XIXe arr.), exécuté sommaire le 20 août 1944 dans un fossé du fort de Vincennes ; serrurier, gardien de la paix ; membre d’Honneur de la Police, résistant FFI.

Fils d’un couple d’ouvriers Pierre et Juliette, née Besse, André Soladier alla à l’école primaire jusqu’à la Grande Guerre, son père et son frère furent mobilisés. Il demeura chez ses parents jusqu’en mai 1927 au 25 rue du Petit-Château à Charenton-le-Pont (Seine, Val-de-Marne). Il quitta l’école à dix ans, sa mère le plaça en apprentissage en serrurerie durant trois ans à L’ Avenir du bâtiment, 237 avenue Daumesnil à Paris (XIIe arr.), puis il travailla chez Delagneau et Renard (XIe arr.), Cognet (XIIIe arr.) et Nozeret à Alfortville (Seine, Val-de-Marne).
Mobilisé dans les sapeurs-pompiers de Paris du 13 mai 1925 au 10 novembre 1926, il reprit son travail de serrurier dès le 22 novembre 1926 chez Rouèche à Charenton-le-Pont. Le 7 mai 1927, en mairie de Charenton-le-Pont, il épousa Suzanne Chazot, paqueteuse ; le couple eut deux enfants, Jacqueline née en octobre 1929 et Pierre dix ans plus tard. Il travailla chez quatre autres employeurs : Devaux, L’Union des ouvriers serruriers, Villenoy et Finaud.
La famille vécut 16 rue de la Zone, puis 23 rue du Petit Château à Charenton-le-Pont.
André Soladier sollicita un emploi de gardien de la paix le 23 mars 1930 ; la préfecture de police demanda alors un avis à la direction des sapeurs-pompiers, un lieutenant-colonel répondit le 16 février 1933 : « Très bon sapeur, de belle tenue, bonne conduite, bon esprit militaire. A été employé pendant un an comme ouvrier de casernement où il a donné toute satisfaction. Très discipliné ».
Il débuta le 28 juillet 1933 à Paris au commissariat du IVe arr., puis du XIIe arr. Affecté à la voie publique, il intervenait avec d’autres gardiens pour des faits relevant de l’ordre public, il fut plusieurs fois légèrement blessé. Il eut au fil des ans des difficultés à s’affirmer, il donna des signes de lassitude dans l’exercice de ses fonctions, il manquait d’ambition. En 1942, il exprima le souhait d’être muté comme chauffeur au service technique automobile, le commissaire donna un « avis très favorable ».
La famille Soladier emménagea au 23 rue de Villeneuve à Alfortville. Le 4 juin 1944 vers 21 heures, l’aviation américaine tenta de faire sauter le pont suspendu de Vitry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) ; le pont ne subit que peu de dommages, mais dans la ville voisine d’Alfortville il y eut trente-quatre morts et des dégâts très importants. André Soladier qui habitait à quelques centaines de mètres aurait participé aux opérations de secours aux victimes.
Le 20 août 1944 vers 8 heures du matin, Marcel Gandriaux, chef de groupe d’Honneur de la Police d’obédience gaulliste prit le volant de la voiturette du commissariat, il était accompagné d’André Soladier, Camille Gerbaud et Jacques Lecomte. Ils se rendaient au 217 rue de Bercy (XIIe arr.), où ils devaient arrêter un milicien, mais des soldats allemands qui logeaient dans un hôtel voisin les arrêtèrent, puis les conduisirent au château de Vincennes. Les soldats allemands les exécutèrent tous les quatre le jour même (20 août 1944). Le 29 août 1944, vingt-six corps furent découverts dans un fossé du fort de Vincennes dont ceux d’André Soladier, Marcel Gandriaux, Camille Gerbaud et Jacques Lecomte. L’inhumation d’André Soladier eut lieu le 30 août 1944 au cimetière de Charenton-le-Pont.
André Soladier a reçu la mention « Mort pour la France », il fut homologué interné résistant (DIR) et FFI. André Soladier fut nommé brigadier au 20 août 1944, et déclaré « Victime du devoir » ; il reçut la Médaille de la Résistance par décret du 31 mars 1960, publié au JO du 7 avril 1960.
Son nom figure sur la stèle commémorative du château de Vincennes et sur la plaque commémorative du commissariat du XIIe arrondissement 76 avenue Daumesnil « À la mémoire des gardiens de la paix du 12e arrdt morts pour la Libération de Paris ». Son nom se trouve aussi sur la liste des policiers morts pour la Libération de Paris au Musée de la préfecture de police, 4 rue de la Montagne Sainte-Geneviève (Ve arr.), et sur le monument aux morts dans la cour de la préfecture de police de Paris. À Alfortville son nom est gravé sur le monument aux morts et sur la plaque commémorative 1939-1945.
Le dimanche 22 octobre 1944 au cours d’une cérémonie, la rue André Soladier (ex. rue Pont-de-Japhet) fut inaugurée à Alfortville.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article175795, notice SOLADIER André, Maurice par Daniel Grason, version mise en ligne le 20 octobre 2015, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. KC 35. — AVCC-SHD, Caen AC 21 P 155923 et AC 21 P 676385. — SHD, Vincennes, GR 16 P 552077. — Christian Chevandier, Été 44. L’insurrection des policiers de Paris, Éd. Vendémiaire, 2014. — Sites internet Alfortville et Vitry-sur-Seine – Le nazisme à Alfortville (1940-1944) Les victimes, Document élaboré par la section FNDIRP d’Alfortville. Président Jean Albert (sans date). — Site internet Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb. — État civil.

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