Par Jacques Girault
Né le 14 décembre 1899 à Toulon (Var), mort le 24 décembre 1944 en déportation à Dachau (Allemagne) ; instituteur dans le Var ; militant syndical de la FUE puis du SNI ; espérantiste ; résistant.
Son père, ancien ouvrier aux Forges et chantiers de la Méditerranée à La Seyne, devenu ouvrier à la compagnie du gaz de Toulon, se retira à Méounes (Var). Exploitant sa propriété viticole, coopérateur, il fut candidat au conseil municipal en 1929 sur la liste de droite.
Honoré Bourguignon, après avoir été élève à l’École normale d’instituteurs de Draguignan, dans la promotion précédant celle de Florentin Alziary en 1916-1919, instituteur, membre du Syndicat national en 1926, ne figurait plus sur les listes des adhérents en 1931. Sans doute avait-il adhéré à la section départementale de la Fédération CGTU de l’enseignement qui venait de se créer.
Il se maria en avril 1925 à Toulon avec une institutrice (voir Raymonde Bourguignon dans le département voisin, campagne relayée par les milieux de droite. Bourguignon était en relations avec lui au moins depuis l’année scolaire 1929-1930. Une campagne de soutien fut alors lancée par un comité dans L’Éducateur prolétarien en mai 1932. Deux instituteurs varois figuraient dans le bureau du comité, Alziary et Bourguignon. Ce dernier, adepte des méthodes pédagogiques nouvelles (Imprimerie à l’école), faisait correspondre sa classe avec d’autres écoles dont celles de Lanneanou (Finistère), de Brognard (Doubs) en 1931-1932, de Gennetines (Allier) en 1933-1934, puis de Pellegrue (Gironde) en 1938-1939. Élise Freinet assurait qu’il était "le plus solide appui des années qui précédèrent la guerre [...] aux dons multiples [...] ami des mauvais jours." Il était en effet spécialiste des bois gravés. Plusieurs de ses bois furent publiés dans L’imprimerie à l’école en 1930 ainsi que deux articles techniques.
Son militantisme s’exerçait surtout dans le courant espérantiste. Responsable au début des années 1930 du service pédagogique de la Fédération espérantiste ouvrière et du groupement espérantiste de l’enseignement primaire, intervenant au congrès universel d’espéranto à Paris (été 1932), il tenait, depuis 1931, la rubrique espérantiste de L’Imprimerie à l’École où il proposa la rédaction d’un dictionnaire à usage des enfants, puis de L’Éducateur prolétarien, organes successifs de la Coopérative de l’enseignement laïc (autour de Freinet) dont il organisait la correspondance interscolaire internationale jusqu’à la guerre. Il assurait aussi la rubrique espérantiste de L’Ecole émancipée. Il organisait des écoles espérantistes d’été, appelées aussi "vacances espérantistes » (1933 à Cap-Breton, 1934 à Lesconil, 1935 à Monte-Carlo). Éditeur-gérant du journal espérantiste pour enfants Infanoj sur tutmondo de 1934 à 1939, membre de l’Internationale des écrivains espérantistes révolutionnaires (IAREV) à partir de 1934 dont le siège était en à Kharkov (URSS), il était aussi l’administrateur-éditeur du Proleta Literaturo devenu Internacia literaturo, son organe littéraire. Aussi assurait-il à Saint-Maximin un cours d’espéranto pour adultes qui regroupait une trentaine d’élèves. On le considérait comme membre du Parti communiste ; selon des témoignages, il en était simplement sympathisant. Selon d’autres témoignages, il aurait adhéré au Parti socialiste ouvrier et paysan.
En poste à Besse à la rentrée 1934, Honoré Bourguignon, considéré comme communiste, fut déplacé à Callian en octobre 1940. Mobilisé fin août 1939 au centre de réquisition des chevaux à Salernes, il fut renvoyé dans ses foyers huit jours après. Engagé dans la Résistance (Armée secrète/Corps France de la Libération), il prit la direction du groupe de Callian avec le pseudonyme de Jean Valjean. Arrêté par les Allemands à Callian, le 10 juillet 1944, emprisonné à Nice, déporté en Italie puis à Dachau, il y mourut.
À Callian et dans la cour de l’école de Besse, des plaques commémoratives furent posées. Le bulletin de la section départementale du SNI (décembre 1946-janvier 1947) évoqua sa mémoire en signalant sa "grande indépendance d’esprit".
Par Jacques Girault
ICONOGRAPHIE : Les époux Bourguignon, voir Bourguignon Raymonde.
SOURCES : Arch. Dép. Var, 18 M 33, 86, 89 ; 1970 W 22 (dossier ONAC).. — Renseignements fournis par les mairies de Callian, de Signes, et par le fils de l’intéressé. — Arch. H. Alziary. — Arch. Coop. du Midi. — Sources orales. — Freinet (Élise), Naissance d’une pédagogie populaire (méthodes Freinet), Paris, Maspero, Textes à l’appui, 1968, 359 p.— Notes de Jean-Marie Guillon et de Josette Ueberschlag.