BOURJOL Maurice, Paul, Jean

Par Jacques Girault, Nadia Ténine-Michel

Né le 6 juin 1924 à Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône), mort le 9 novembre 2013 à Tours (Indre-et-Loire) ; fonctionnaire, puis journaliste, puis universitaire ; résistant ; militant communiste dans la Seine-et-Oise, dans les Yvelines et en Indre-et-Loire.

Son grand-père paternel, Jean-Sébastien Bourjol (1875-1971), instituteur dans le Tarn-et-Garonne, responsable à Puylaroque du Secours populaire joua un rôle pour aider les Républicains espagnols du camp de Jude à Septfonds. Arrêté le 26 juin 1941, pour activités communistes, il fut acquitté. Son père Georges Bourjol (1899-1968), ingénieur chimiste, lieutenant-colonel à Saint-Chamas, participa activement à la Résistance avec sa famille.
Maurice Bourjol reçut tous les sacrements catholiques. Élève du lycée Thiers à Marseille, puis du lycée Mignet à Aixen-Provence (Bouches-du-Rhône), bachelier (Philosophie) en 1942, il commença ses études de Droit à la faculté de Toulouse (Haute-Garonne).
Bourjol s’engagea dans la Résistance en 1941 dans le mouvement « Combat » dans le secteur d’Aix-en-Provence (diffusion de journaux et de tracts, fausses cartes d’identité et d’alimentation). En 1942, il passa dans l’organisation militaire (fourniture d’explosifs et d’armes). Avec l’Organisation de résistance de l’armée et les Forces unies de la jeunesse patriotique, il fit partie du maquis d’Aurons, proche d’Aix en juin 1944. En juillet-août, après la répression des maquis de Haute-Provence, il combattit avec l’Armée secrète dans la région de Montauban (Tarn-et-Garonne). Le 1er septembre 1944, il s’engagea comme deuxième classe FFI dans le troisième groupement de choc de la Première armée à Aix-en-Provence. Après la prise de Belfort et la campagne d’Alsace, il participa au passage en force du Rhin à Istein-Kembs pour combattre en Forêt Noire et prendre part au début de l’occupation en Allemagne. Cité à l’ordre de sa brigade, il reçut entre autres la croix de guerre, la médaille militaire et la médaille de la Résistance.
Démobilisé en octobre 1945, Bourjol reprit ses études à Toulouse. Licencié en 1945, titulaire de diplômes d’études supérieures de Droit privé (1947), d’économie politique (1947), il devint docteur en 1953 avec une thèse (Théorie générale des coutumes juridiques africaines. Contribution à une étude du système coutumier en Afrique occidentale française). Il obtint par la suite à la faculté de Droit de Paris un DES de Droit public (1964).
Bourjol se maria en avril 1948 à Versailles (Seine-et-Oise) avec Françoise Bertrand.
Bourjol fut de 1947 à 1959 administrateur de l’Assemblée de l’Union française qui siégeait à Versailles. Secrétaire de la commission de politique générale, il travailla sur les questions de la formation des nations dans le cadre colonial et de la souveraineté nationale qui devaient par la suite être des axes de ses recherches et publications. En 1959, après la disparition de l’assemblée, mis à la retraite d’office, il devint rédacteur en chef de L’Information municipale (1961-1967), revue de l’association des élus républicains, qui regroupait autour de communistes, divers élus de gauche.
Bourjol, membre du Parti communiste français depuis 1945, devint en 1949 secrétaire de la section de Versailles, puis en 1951 membre du comité fédéral de Seine-et-Oise. En 1960 et 1961, il siégeait à la commission fédérale de contrôle financier de Seine-et-Oise du PCF.
Bourjol participait aussi aux travaux des sections d’outre-mer et économique du Comité central. Il publia de nombreux articles dans les journaux et revues communistes.
Orateur apprécié et militant infatigable au profil professionnel proche de celui des électeurs versaillais, Bourjol fut candidat à de nombreuses élections législatives, en 1962, dans la 4é circonscription Versailles-Ouest-Sèvres (deuxième position avec 12 009 puis 19 004 voix sur 82 178 inscrits), dans la 6é circonscription des Yvelines Versailles-Sud-Vélizy en 1967 (7 499 et 12 875 voix sur 43 435 inscrits) et en 1968 (6 509 et 11 048 voix sur 42 958 inscrits). Proposé en 1973 par la fédération communiste des Yvelines comme candidat dans la circonscription Versailles-Nord, il se récusa en raison de ses activités professionnelles qui le retenaient en province. Il fut aussi candidat à des élections cantonales dans le canton Versailles-Sud, en 1958, en 1962 (2 429 voix, troisième position, puis 3 517 voix, deuxième position), en 1964 et en1967 dans d’autres cantons de Versailles. En 1953, élu conseiller municipal de Versailles, dans l’opposition, secrétaire de l’office public d’HLM de la ville, il joua un rôle décisif dans la construction des quelques groupes d’HLM dans la ville et dans le relogement de familles nord-africaines vivant dans des taudis. Il figurait en tête de la liste communiste aux élections municipales à Versailles en 1959, puis des listes d’union de la gauche en 1965 et en 1971 au Chesnay (Yvelines) où il possédait un pavillon. Par la suite, il figura parmi les candidats présentés par le PCF aux élections municipales de Tours en 1977. Il ne participa pas aux mouvements de contestation au sein du PCF mais cessa d’y appartenir après 1984. « Je n’ai pas quitté le PCF, c’est le PCF qui m’a quitté, sans explication », écrivait-il en 2005 tout en ajoutant « je n’ai adhéré à aucun autre parti, en raison de l’attitude réactionnaire et européenne de leurs dirigeants. »
En 1964, Maurice Bourjol devint assistant puis maître-assistant de droit public à la faculté de Droit de Paris. Il fut chargé de la responsabilité à Paris du service d’accueil pédagogique et d’orientation (1963-1969). Président de l’association nationale des maîtres-assistants, il assura la vice-présidence du conseil transitoire de la Faculté de Droit de Paris en 1969, puis devint directeur-adjoint du centre universitaire Assas (1969-1970). Nommé maître de conférences à Sceaux (Hauts-de-Seine), puis à Perpignan (Pyrénées-Orientales) en 1972, il obtint en 1977 un poste de professeur sans chaire, puis, en 1980, le poste de professeur à la Faculté de Droit, d’Économie et des Sciences sociales de Tours. Il y exerça d’importantes responsabilités administratives (décanat 1979-1983, 1987-1993, conseil de l’Université 1980-1983, 1987-1993). Il joua un rôle actif dans le développement (Faculté passée en six ans de 4 000 étudiants pour 4 000m2 à 6 000 étudiants pour 10 000 m2) et l’enrichissement pluridisciplinaire des enseignements juridiques à Tours jusqu’à sa retraite en 1993 1993 où il obtint l’éméritat.. Membre du syndicat autonome et du SNESUP, il fut en 1975 candidat du SNESUP à la présidence de l’Université.
Bourjol, à la tête du Groupement de recherches sur l’administration locale et la décentralisation en Europe, organisa plusieurs colloques dont cinq furent publiés dans les années 1980-1990. Il participa aux éditions Maspero-Presses universitaires de Grenoble, en 1978, à un ouvrage Pour une critique du droit : du juridique au politique. Il rédigea en 1981, avec Christian Le Lamer, le rapport du groupe de travail sur les aspects institutionnels de la politique énergétique pour le Ministère de l’énergie. Après avoir organisé un colloque en 1978 sur la fonction publique locale, il rédigea un rapport sur le statut de la fonction publique territoriale (1984) pour le secrétariat d’État chargé de la Fonction publique. Membre du comité scientifique de la Direction générale des collectivités locales du ministère de l’Intérieur en 1987, il fut nommé en 2000 membre du conseil national de la formation des élus locaux.
Spécialiste des collectivités locales, Bourjol dirigea le Jurisclasseur des collectivités locales (1984-1994) et figura parmi les membres fondateurs du Groupe de recherche sur l’administration locale en Europe. Il participa ainsi à tous les débats sur les communautés d’habitants, les districts urbains, l’intercommunalité, les régions, les pays.
Chevalier de la Légion d’Honneur depuis 1982, Bourjol fut élevé au grade d’Officier en 1993.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17609, notice BOURJOL Maurice, Paul, Jean par Jacques Girault, Nadia Ténine-Michel, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 29 octobre 2020.

Par Jacques Girault, Nadia Ténine-Michel

ŒUVRE : Le fichier de la BNF comprenait en 2020 vingt références dont Les districts urbains, Berger-Levrault, 1963. — L’administration locale en République démocratique allemande, Dresde, Zeit im Bild, 1966. — Les institutions régionales de 1789 à nos jours, Berger-Levrault, 1969. — Région et administration régionale, Berger-Levrault, 1970. — Droit administratif, Masson, 2 vol., 19 720 et 1973. — La réforme municipale, Berger-Levrault, 1975. — Droit et liberté des collectivités territoriales, Masson, 1984. — Les distorsions dans la concurrence, Economica, 1988. — Les biens communaux. Voyage au centre de la propriété collective, Paris, LGDJ, 1989. — La commune, l’État et le droit, 1990. — Intercommunalité et Union européenne : réflexions sur le fédéralisme, Paris, LGDJ, 1994. — La coopération intercommunale : les deux logiques, Paris, LGDJ, 1996.

SOURCES : Arch. Dép. Yvelines, 1 W 967, 978, 1008, 1013, 1016, 1017, 1103, 1114, 1128, 1104 W 4, 35, 64, 72, 78, 81, 104, 180., 1 201 W 39, 41, 42, 56. — Arch. communales de Versailles : 2640, 2 661. — État civil de Saint Chamas. — Arch. du comité national du PCF. — Renaissance de Seine-et-Oise du 3 novembre 1962. — Renseignements fournis par l’intéressé.

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