BERNIMOULIN René, dit René BERNIMOLIN.

Par Jules Pirlot

Saint-Pétersbourg (Russie), 1909 – Liège (pr. et arr. Liège), 1964. Maître armurier, ouvrier d’usine, militant communiste, syndicaliste.

René Bernimoulin, dit aussi Bernimolin, naît en Russe où sa mère avait suivi son compagnon. Son père ne l’ayant pas reconnu, il porte le nom de famille de sa mère, Colette. Celle-ci s’installe dans la région liégeoise et épouse un ouvrier qui accepte de légitimer ses enfants par mariage. René Colette devient donc René Bernimoulin. Après l’école primaire et deux années à l’École technique provinciale de Herstal (pr. et arr. Liège), il commence sa vie professionnelle. Appelé au service militaire, il opte pour un engagement volontaire comme maître armurier à l’arsenal de l’armée à Liège.

La mère de René Bernimoulin est communiste. Il a des liens familiaux avec des cultivateurs de Corrèze (France), membres du Parti communiste français, mais lui-même ne milite pas avant 1939. Il s’affilie discrètement au Parti communiste de Belgique (PCB) pour affirmer son accord avec le Pacte germano-soviétique et son soutien à l’URSS. Après la débâcle de 1940, il est embauché à Cockerill et y fonde un syndicat clandestin. Il anime ouvertement l’Amicale des combattants de 1940 et assimilés (ACA) jusqu’à son interdiction par l’occupant allemand en 1941. Le PCB l’utilise comme courrier puis le coopte au secrétariat de la fédération liégeoise avec une mission d’organisation. Le 17 mars 1943, il est arrêté par un Belge au service des Allemands. Celui-ci fait appel à la police locale pour maitriser Bernimoulin qui tentait de désarmer son adversaire. Torturé, René Bernimoulin ne donne aucune information. Emprisonné à la Citadelle de Liège puis dans la région de Lille (département du Nord, France), il est transféré à la prison de Saint-Gilles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale). Le train qui doit le conduire en Allemagne est retardé par les cheminots résistants. Il est libéré le 3 septembre 1944 à la gare de la Petite Ile à Bruxelles, avec 1.500 prisonniers promis à la déportation.

Après la Libération, René Bernimoulin reprend son travail à l’arsenal de Liège et y fonde une section syndicale de la Centrale générale des services publics (CGSP). Mais il va être en quelque sorte victime de la « politique des cadres » du PCB qui exige de ses militants un dévouement absolu, sans considération pour leur vie professionnelle ou leurs compétences. Le PCB fait appel à lui comme permanent politique puis lui reproche son attitude dans la question de la démission du député communiste, Louis Neuray, lui aussi ancien syndicaliste, et le licencie. Bernimoulin retrouve un emploi dans la grande entreprise privée qu’est la Fabrique nationale d’armes de guerre (FN) à Herstal. Il y devient rapidement président de la délégation syndicale. Mais en 1949, il déclenche, avec Marcel Levaux, une grève voulue par les communistes mais désavouée par la Fédération – socialiste – des métallurgistes, affiliée à la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB). Tous deux perdent leur mandat de travailleur protégé et se retrouvent en chômage. Après un bref passage à la fabrique de pneus Englebert à Liège, il est embauché par Ougrée-Marihaye, grande entreprise sidérurgique appelée à fusionner avec Cockerill et y devient délégué syndical FGTB. Il est élu au Comité central du PCB en 1954 et réélu jusqu’à son décès, dû à un accident cérébral en 1964.

Le PCB a honoré sa mémoire en donnant à la cellule du quartier Sainte-Marguerite à Liège, le nom de ses trois plus prestigieux membres décédés : Beelen-Noville-Bernimoulin.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article176139, notice BERNIMOULIN René, dit René BERNIMOLIN. par Jules Pirlot, version mise en ligne le 20 octobre 2015, dernière modification le 14 septembre 2022.

Par Jules Pirlot

SOURCE : CArCoB, dossier CCP n°0334.

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