TAMIGI Jean

Par Julien Lucchini, Jean-Louis Ponnavoy, Michel Thébault

Né le 16 janvier 1920 à Allevard (Isère), guillotiné après condamnation à mort le 19 avril 1944 à Stuttgart (Allemagne) ; ouvrier ajusteur à la SNCF ; syndicaliste CGT de la Côte-d’Or ; résistant homologué RIF et FFC.

Jean Tamigi

Jean Pierre Tamigi était le fils d’Henri Tamigi, peintre puis quincailler, et d’Adrienne Perrin-Gouron, ménagère. Il se maria le 28 décembre 1935 à Grenoble avec Chiarina, Amalia Ceron. Ils eurent un enfant. Jean Tamigi fut embauché le 1er avril 1937 comme apprenti au dépôt de Dijon-Perrigny (Côte-d’Or) puis devint ouvrier ajusteur au dépôt des ateliers SNCF de Dijon-Perrigny. Il était syndiqué à la CGT. Au début des années 40 la famille était domiciliée 39 rue de La Chapelle Saint-Louis à Dijon (Côte-d’Or).
 
Il s’engagea très tôt dans la Résistance. Dès la fin de l’année 1940, il créa avec ses camarades du dépôt : André Dubois, Raymond Gaspard, Raymond Pageaux, Maxime Perreau, Jean Ridet et Maurice Thuringer, le groupe de résistance et de sabotage du dépôt de Perrigny. Il organisa avec ses camarades les évasions de personnes recherchées, des sabotages de matériel et des réceptions de parachutages pour la Résistance. Selon Maurice Mazué et Georges Baudin, il fut également membre ainsi que ses camarades, de "Résistance ouvrière", groupe constitué à l’intérieur de la CGT à partir de fin 1942, début 1943. Selon sa fiche Mémoire des hommes au SHD Vincennes il rejoignit aussi un réseau de la Résistance Intérieure Française (RIF), Ceux de la Libération.
 
Dénoncé à la suite du parachutage d’Arcenant le 12 juillet 1943 et arrêté à son domicile par la Gestapo pour "détention d’armes et actes de terrorisme" dans la nuit du 31 août 1943 ainsi que ses six autres camarades et Paul Nicolas Meunier, employé municipal à Dijon, Jean Tamigi fut incarcéré à la prison de Dijon. Il fut condamné à mort avec ses camarades par le tribunal militaire allemand FK 669 de Dijon le 27 novembre 1943, sous l’accusation de "détention d’armes et actes de terrorisme." La condamnation entraîna une violente réaction des cheminots. Le 29 novembre, les cheminots du dépôt de Dijon et des autres dépôts de la région se mirent en grève durant 2 heures, grève qui reprit deux jours plus tard, s’étendant sur la ligne Paris-Lyon et paralysant le trafic. Des milliers de voyageurs bloqués manifestèrent leur soutien aux cheminots. Le 2 décembre une délégation cheminote partit à Vichy rencontrer Pierre Laval qui promit d’intervenir auprès des autorités allemandes pour obtenir la grâce. Alors qu’une grève générale se préparait pour le 10 décembre, le 9 décembre une nouvelle délégation fut convoquée à Paris d’où elle put par téléphone annoncer la grâce des condamnés. La peine de mort fut commuée en déportation. Classés « Nacht und Nebel », ils furent déportés en Allemagne le 22 décembre 1943, et incarcérés à la prison de Karlsruhe.
En contradiction de la grâce accordée, Jean Pierre Tamigi et ses camarades furent de nouveau jugés, par le tribunal militaire allemand de Karlsruhe et condamnés à mort le 18 avril 1944. Jean Pierre Tamigi fut guillotiné avec ses camarades, le lendemain 19 avril 1944 à la prison d’État de Stuttgart, à 5 heures du matin, dans la cour de la prison.
 
Il fut inhumé après la guerre dans la Nécropole nationale du Struthof, à Natzwiller (Bas-Rhin) où il repose depuis lors carré J, rang 3, tombe 52.
 
Il obtint la mention mort pour la France, fut homologué FFC (Forces Françaises Combattantes) obtint le statut DIR (Déporté Interné Résistant) ainsi que la mention « Mort en déportation » (arrêté du 19/07/1999). Il reçut à titre posthume la Médaille de la Résistance française par décret du 26/06/1947. Son nom est inscrit sur le monument commémoratif de la SNCF de Dijon sur une plaque apposée cour de la gare, à Dijon-Ville qui commémore son sacrifice et celui de ses camarades. Il figure aussi sur la plaque commémorative des agents SNCF de Grenoble.


Les 7 cheminots résistants de Dijon et un employé municipal

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article176209, notice TAMIGI Jean par Julien Lucchini, Jean-Louis Ponnavoy, Michel Thébault, version mise en ligne le 25 octobre 2015, dernière modification le 14 avril 2022.

Par Julien Lucchini, Jean-Louis Ponnavoy, Michel Thébault

Jean Tamigi

SOURCES : SHD Caen AVCC B VIII 4, Liste S 1744 (Notes de Thomas Pouty) Cote AC 21 P 157951 et SHD Vincennes GR 16 P 561694 (nc). — Témoignage de Maurice Mazué et Georges Baudin recueilli et enregistré par Jean-Louis Ponnavoy en mai 1998. — Sites internet (témoignages de Michelle et Henri Pageaux et d’André Perreau, compte-rendu de la conférence ferroviaire hebdomadaire, Rail et Mémoire. — Christian Bachelier Une entreprise publique dans la guerre : la SNCF 1939 - 1945 Actes du 8ème colloque de l’AHICF. Éd. PUF mai 2001. — Mémoire des Hommes. — Mémorial genweb. — État civil.

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