BOURROUX Jeanne, Joséphine

Par Jacques Girault

Née le 23 août 1899 à Cognac (Charente), morte le 1er janvier 1984 à Cognac ; institutrice ; militante syndicale de la FUE puis du SNI ; militante communiste en Charente.

Jeanne Bourroux était la fille de Jean-Baptiste Bourroux, ouvrier de scierie (scieur de long), et de Joséphine Courtin, future employée aux magasins Hennessy puis épicière à partir de 1928. Ses parents la firent baptiser et lui firent donner une instruction chrétienne catholique. Élève du cours complémentaire de Cognac, elle entra à l’École normale d’institutrices d’Angoulême (1917-1920) et exerça dans diverses communes du département (Mainfonds, 1919-1922, Chateauneuf, 1922-1925, Segonzac, 1925-1928, Roissac, hameau 1928-1934, Saint-Brice de Cognac, 1934-1940). Elle pratiquait l’imprimerie à l’école et sa classe échangeait des correspondances avec une école de Bretagne. Trésorière du groupe de jeunes depuis 1928 de la section départementale du syndicat affilié à la Fédération CGTU de l’enseignement dont elle était membre depuis 1926, elle en fut pendant une année la secrétaire. Elle reçut un blâme de l’inspecteur d’Académie pour avoir manifesté avec des ouvriers verriers en grève. De 1936 à 1939, membre du Syndicat national des instituteurs, déléguée au congrès de Toulouse de la CGT, déléguée du personnel au Conseil départemental de l’enseignement primaire à partir de 1936, elle fut gréviste le 30 novembre 1938.

Membre du Parti communiste depuis 1926 (selon son témoignage et les renseignements fournis dans sa biographie de 1957), depuis janvier 1929 (selon sa notice biographique rédigée en 1933), Jeanne Bourroux avait remonté la cellule de Cognac. Selon le rapport de l’envoyé du Comité central en juillet 1938, elle avait refusé d’être déléguée au congrès du SNI à Nantes puisque ses parents étaient malades et « pour montrer que nous ne voulions pas tous les honneurs ». Membre du comité régional du Parti communiste, elle aurait déclaré lors de la réunion du 26 juin 1938, au sujet de l’unité, qu’il « n’y a rien à faire pas plus avec les socialistes qu’avec les pivertistes ». L’envoyé du comité central commentait, « ce qui démontre de quelle façon le sectarisme de notre camarade corrobore avec son opportunisme ». Elle suivit une école spéciale du Parti réservée aux membres de l’enseignement avant 1939 (selon la biographie remplie en 1957 pour le PCF). Elle administrait Le Prolétaire, hebdomadaire de la région communiste.

Perquisitionnée le 4 octobre 1939, arrêtée le 4 janvier 1940 par la gendarmerie, Jeanne Bourroux, traduite devant le tribunal militaire de Tours, fut acquittée avec une minorité de faveur, le 3 mars 1940. Les archives de la justice militaire donnent des dates différentes. La perquisition est datée du 2 octobre 1939 et le procès du 4 mars 1940. Deux autres militants de Cognac furent jugés en même temps qu’elle : Marie, Henriette Querois épouse Rivière, employée des PTT, et Louis, Marcel Bouvier, lithographe, eux aussi acquittés. Le 23 juin 1941, elle était arrêtée par les Allemands dans sa classe et fut internée à Angoulème, à Rouillé, à Châteaubriant, à Aincourt, à Gaillon, à La Lande (Poitiers) avant d’être libérée le 15 septembre 1944.

Après la guerre, institutrice à Cognac, Jeanne Bourroux fut pendant de nombreuses années secrétaire de sa cellule ; secrétaire de la section communiste de Cognac jusqu’en 1957, elle resta membre de son bureau par la suite et gérait la trésorerie. Membre du comité de la fédération communiste jusqu’en 1953, comme son amie Elise Loule, elle fut membre de la Commission fédérale de contrôle financier de 1956 à 1965. Non réélue, la fédération considérait qu’elle avait « tendance au pessimisme et à ne voir que les difficultés ». Entre 1964 et 1968, elle était le directeur de la publication La vie du Parti en Charente, plaquettes ronéotypées pour préparer les conférences fédérales.

Jeanne Bourroux, lors de l’assemblée générale de la section syndicale du 19 février 1948, se prononça avec force pour le maintien dans la CGT. Elle siégea au Conseil départemental de l’enseignement primaire de 1945 à 1956. Retraitée, elle militait toujours dans les rangs du SNI.

Jeanne Bourroux siégea au conseil municipal de Cognac de 1945 à 1959. En tête de la « Liste d’union républicaine et résistante et de défense des intérêts communaux », présentée par le PCF, le bulletin portant la mention d’ « internée politique », elle conduisait à nouveau en avril 1953 la liste « d’Union ouvrière et démocratique pour la défense des intérêts de la population, pour la liberté, l’indépendance nationale et le Paix », indiquée sur le bulletin comme membre « du comité fédéral du PCF ». En 1959, candidate sur la « Liste d’action républicaine et laïque pour la défense des travailleurs et des intérêts communaux présentée par le PCF », elle ne fut pas élue.

Pour les élections législatives de 1958 et de 1962, Jeanne Bourroux fut la suppléante du candidat communiste dans la deuxième circonscription (Cognac). Candidat aux élections cantonales en 1951, elle obtint 1778 voix sur 7383 suffrages exprimés. Elle fut à nouveau candidat en 1958 et en 1964. À ces élections, elle recueillait plus de voix que le total des voix communistes aux élections législatives.

En 1972, Jeanne Bourroux présidait l’amicale des vétérans communistes dans le département.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17636, notice BOURROUX Jeanne, Joséphine par Jacques Girault, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 6 janvier 2022.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Mun. Cognac (Carine Craipeau). — Archives de la justice militaire au Blanc, registre du tribunal militaire de Tours.— RGASPI, 495 270 8654, 517 1 1891, 1908. — Arch. SE-UNSA Charente. — Arch. du comité national du PCF. — Renseignements fournis par l’intéressée.

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