THAMIER Henri

Par Jacques Girault

Né le 10 février 1916 à Montpellier (Hérault), mort le 7 novembre 2001 à Toulouse (Haute-Garonne) ; instituteur dans le Lot ; résistant ; militant syndicaliste du SNI et de la FEN ; militant communiste, député du Lot, adjoint au maire de Cahors, conseiller général, conseiller régional,

Député dans les années 1950

Fils d’une domestique, Henri Thamier, élevé dans une petite ferme près de Saint-Céré (Lot) exploitée par sa grand-mère et sa mère devenue couturière, fut élève boursier à l’école primaire supérieure de Saint-Céré (Lot). Titulaire du brevet élémentaire en 1932, il fut élève-maître à l’Ecole normale d’instituteurs de Cahors (octobre 1934-octobre 1937) et obtint le certificat d’aptitude pédagogique décembre 1937 à Cahors. Membre du Parti communiste depuis 1935, il contesta, en 1936, lors d’une réunion électorale, Anatole de Monzie, radical-socialiste, ancien ministre de l’Éducation nationale, sur un point concernant l’armée soviétique ; cette intervention contre l’ « homme fort » du département lui servit par la suite dans son activité politique. Après son service militaire, il fut mobilisé jusqu’au 30 août 1940.

Henri Thamier commença à enseigner en 1940 comme instituteur dans le nord du département, à Mayrinhac-Lentour, puis à partir d’octobre 1942 à Bio. Il participa à la Résistance (pseudonyme « Robert »). Membre de l’Armée secrète et de l’état-major départemental (1er juillet 1943-14 février 1944, puis des Francs Tireurs et Partisans Français, secteur B du Lot (15 février 1944-26 août 1944), il fut secrétaire du Comité départemental de Libération où il s’occupa du ravitaillement de Cahors. Désigné par le CDL, il fut détaché pendant plusieurs mois comme membre du Comité régional de Libération de Toulouse, et mis à la disposition du Comité de Libération du Lot, à compter du 14 avril 1945.

Après avoir été député communiste de 1945 à 1951, quand son congé de parlementaire cessa, il fut nommé instituteur, en juillet 1951 à Douelle où il y enseigna jusqu’en septembre 1952. Suspendu après la grève du 4 juin 1952 par arrêté le 6 juin 1952, il fut réintégré en septembre 1952, grâce au soutien de nombreuses pétitions d’associations (dont l’Association départementale des anciens combattants de la Résistance) et de syndicats. Nommé dans les classes primaires du lycée de Cahors, il y enseigna jusqu’en novembre 1952, avant de redevenir député. Marié, il était père d’un fils, Jean-Jacques.

Membre du conseil syndical de la section départementale du Syndicat national des instituteurs, il fut candidat au bureau national du SNI en 5e position sur la liste « Pour la défense de l’école laïque, de l’indépendance nationale, de la démocratie et de la paix » conduite par Pierre Clauzet, et élu par le conseil national du 27 décembre 1951 avec 537 voix (5e position). Il fit partie des commissions des affaires administratives, des jeunes, de la propagande et de l’Union française. Candidat à la commission administrative paritaire centrale sur la liste de 16 enseignants présentés par le SNI, il fut élu le 29 avril 1952. Il collaborait parfois à L’École libératrice ; ainsi le 15 février 1952, il signait un article sous le titre « Économie de guerre et budget de l’Éducation nationale ». Lors du congrès national du SNI, le 17 juillet 1952, il intervint dans la discussion du rapport moral. Selon lui, pour obtenir la revalorisation des salaires, il fallait participer aux luttes des fonctionnaires et s’engager dans l’unité des travailleurs. Il fut suppléant à la commission administrative fédérale en 1951-1952 de la Fédération de l’Éducation nationale. Il intervint lors du congrès de la FEN-CGT en 1952.

Toutefois, en octobre 1952, les membres du bureau national du SNI prirent acte de ses futures absences aux réunions en raison de sa candidature aux élections législatives. Par la suite, après son échec aux élections législatives de 1958, il reprit un poste d’instituteur dans les classes primaires du lycée de Cahors, en janvier 1959 puis au cours complémentaire (garçons) de Cahors (septembre 1960-1969). Il devint professeur d’enseignement général au collège d’enseignement secondaire Gambetta, de septembre 1969 à sa retraite, deux ans plus tard. Il fut délégué cantonal du SNI à partir de 1959 et secrétaire départemental de la FEN de 1968 à 1971.

Henri Thamier entra à la Libération au secrétariat de la fédération du PCF du Lot, dont il fut le responsable politique en 1953-1954, chargé de la propagande ou de l’organisation, sans être permanent. Il retrouva la responsabilité politique de 1959 à 1965, toujours sans être permanent, participa à une école centrale d’un mois, et retrouva dans le secrétariat la responsabilité de la propagande à partir de 1965, dirigeant l’hebdomadaire du parti, Notre Quercy, puis du travail municipal à partir de 1971. En avril 1961, un rapport de la section de montée des cadres soulignait qu’il consacrait « l’essentiel de son activité à la direction de la Fédération en se déchargeant de certaines responsabilités sur d’autres camarades. »

Il figurait aussi dans le comité de rédaction de L’École et la Nation depuis sa fondation en 1951, et en faisait encore partie en 1958.

Henri Thamier fut élu aux deux Assemblées nationales constituantes, puis à l’Assemblée nationale législative en 1946. Utilisant souvent l’occitan dans son activité politique, il participa à la promotion du vin de Cahors. La liste communiste en 1951 n’eut qu’un élu. Lors d’une élection législative partielle en 1952, à la suite du retrait du député communiste, il fut élu et réélu à la tête de la liste communiste en 1956. Régulièrement candidat du PCF dans la deuxième circonscription (Figeac), il fut battu en 1958 (sur 49 879 inscrits, obtenant 8 728 puis 10 639 voix), et en 1962, avec 10 794 voix sur 49 446 inscrits, il était devancé par le candidat socialiste. En 1967, avec 10 355 voix, il devançait le candidat socialiste. Représentant de la gauche, le dimanche suivant, avec 18 095 voix, il était battu par Bernard Pons, candidat UNR de la droite. En 1968, ne recueillant que 7 777 voix, il précédait le candidat socialiste Martin Malvy, mais se désistait en sa faveur pour le deuxième tour. En 1973, avec 7 714 voix, il était précédé par Malvy qui, au deuxième tour, réunissant toutes les voix de gauche, ne parvenait pas à battre Pons, devenu secrétaire d’État. Il ne fut pas candidat en 1978 mais se présenta à nouveau lors d’une élection partielle en décembre 1983.

Henri Thamier siégea au conseil municipal de Cahors comme minoritaire, après l’élection partielle de 1949. Il conduisit en 1953 la liste « d’Union ouvrière et démocratique de défense des intérêts communaux dans la paix, la liberté et l’indépendance nationale » présentée par le Parti communiste français, avec son camarade Joseph Teysseyre et le radical-socialiste Zacharie Lafage qui fut élu maire en 1955, à la suite de la démission du maire radical Jean Calvet. Il devint alors 2e adjoint du maire, Teysseyre étant le 3e, d’une municipalité d’union des gauches jusqu’à la fin du mandat en 1959. La liste sur laquelle il se représenta en 1959, conduite par le maire sortant, perdit la mairie qui fut à nouveau dirigée par un maire radical-socialiste, Lucien Bénac, auquel succéda en 1965 le radical-socialiste Maurice Faure. En tête de la liste communiste à ces élections, il conduisit, en 1971, la liste d’union de la gauche avec les socialistes, qui fut battue par celle de Maurice Faure.
Six ans plus tard, avec six autres communistes, il figurait sur la liste d’union de la gauche à direction socialiste, dirigée par Maurice Faure qui fut largement élue en 1977.
Il devint adjoint au maire et fut désigné pour siéger au conseil régional. À nouveau candidat au conseil général en 1976 dans le canton de Gourdon, il obtint 917 voix (troisième position). Trois ans plus tard, candidat dans le canton de Cahors-Sud, il arriva en tête avec 1 036 voix au premier tour et, candidat de gauche, fut élu, le dimanche suivant, avec 1 893 voix. Il devint un des vice-présidents du conseil général. Il se représenta en 1985.

Henri Thamier, à partir de 1961, était le vice-président départemental de la Fédération des œuvres laïques. Il participait aussi aux activités de l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance et devint membre du bureau départemental au début des années 1960 puis président, ainsi que de l’UFAC (Union française des anciens combattants).

Veuf depuis 1986, Henri Thamier écrivit son autobiographie sous le titre Le Rouge et le Cœur en 1988. Il fut victime d’un malaise alors qu’il distribuait des convocations pour une réunion du club des aînés de Cahors. Annonçant son décès, La Dépêche le qualifiait d’ “humaniste rouge“. Son nom fut donné à une école de la ville.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article176368, notice THAMIER Henri par Jacques Girault, version mise en ligne le 30 octobre 2015, dernière modification le 6 février 2022.

Par Jacques Girault

Député dans les années 1950

SOURCES : Arch. Dép. Lot (Marie Llosa et Fabienne Pons) : 1618 W 21, 1301 W 42. — Arch. mun. Grand Cahors (Patricia Girardi). — Arch. comité national du PCF. — L’École libératrice. — Thèse de Pierre Roche.— Assemblée nationale, biographie des députés de la IVe République. — Jean-Jacques Thamier (son fils), Henri Thamier, un homme d’exception, 2003. — Notes d’Alain Dalançon et de Paul Berger.

ŒUVRE : {Le Rouge et le Cœur}, Cahors, Imprimerie Tardy Quercy, 1988, 358 p.

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