Par Laurent Gonon
Né en 1811 à la Guillotière (Rhône) ; ouvrier en soie ; condamné pour diffusion d’imprimés et rébellion.
Les 5 et 6 janvier 1834 quatre crieurs, après avoir rempli toutes les formalités exigées par la loi, vendaient dans les rues les plus fréquentées de Lyon une brochure intitulée Réponse complète à ceux qui accusent le parti républicain de vouloir l’anarchie et le bouleversement de la propriété. L’avidité avec laquelle le public recevait cet écrit, l’espèce d’enthousiasme avec lequel les crieurs avaient été reçus par la population, éveillèrent l’attention de la police et du parquet ; dès-lors mille tracasseries furent suscitées par ces messieurs à la Propagande. En dépit de tous les obstacles, la vente fut continuée le dimanche suivant, malgré la pluie qui tombait par torrents et la police qui essaya d’arrêter les crieurs, n’empêchèrent pas qu’en moins de deux heures plus de 1.500 exemplaires de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, n’eussent été distribués dans les rues Grenette et Palais-Grillet . Quelques agents de police s’étant avancés contre un groupe le sabre à la main, furent désarmés sur-le-champ. Le citoyen Jean-Baptiste Burnichon fut arrêté et incarcéré pour avoir annoncé à haute voix le titre de la brochure que l’on vendait. Il fut condamné par le tribunal de police correctionnelle à 25 francs d’amende et aux dépens, puis mis en liberté. Jules Favre était son avocat. La seconde partie de l’année 1833 avait vu le pouvoir orléaniste tenter par tous les moyens de rogner deux acquis majeurs de la révolution de Juillet : le principe du jury et la liberté de la presse. Les crieurs publics favorisaient diffusion et publicité aux brochures et pamphlets des différentes factions républicaines et ils étaient donc dans la ligne de mire du pouvoir qui essaya de les interdire. À Lyon, c’est à la fin du mois de décembre que les crieurs publics apparurent et l’agitation fut à son comble en janvier suivant ; quelques semaines plus tard, le 16 février, une loi fut votée interdisant aux crieurs publics de brochures et journaux l’exercice de leur profession sans l’autorisation de la municipalité.
Par Laurent Gonon
SOURCES : Arch. Dép. Rhône UCOR 174.