BOURTHOUMIEUX Pierre

Par Claude Pennetier

Né 14 novembre 1908 à Cahors (Lot), mort en déportation en 1945 ; pharmacien à Toulouse (Haute-Garonne) ; militant socialiste du Lot ; résistant.

Fils d’un instituteur franc-maçon et socialiste, et d’une institutrice, Pierre Bourthoumieux, rugbyman, était entré aux Jeunesses socialistes en 1926. Il épousa, en 1933, Madeleine Delrieu, fille d’un cheminot syndicaliste de Cahors, qui lui donna un fils, mais qui mourut jeune. Bâti comme un athlète, s’exprimant d’une voix puissante, excellent orateur, bonne plume, il était un des dirigeants socialistes du Lot en 1934 et un des délégués au congrès de Toulouse, en mai. Bien qu’installé à Toulouse, avenue de Muret, et actif dans son quartier, il continue en effet à militer dans son département d’origine. La même année il fit le « front commun » avec les communistes de Cahors dirigés par R. Lagarde et se présenta comme candidat d’unité d’action des travailleurs aux élections cantonales d’octobre 1934 dans le canton de Cahors-Nord. Le Parti communiste ne lui opposa pas de concurrent et appela à voter pour lui. Le mois suivant, délégué pour le 17e anniversaire de la révolution d’Octobre, Pierre Bourthoumieux visita l’URSS ; il parla à son retour à la salle Bullier le 5 décembre. Il était cependant revenu sans grand enthousiasme si l’on en juge par ce qu’il déclarait trois ans plus tard : « Je me refuse à tout excès, qu’il soit d’admiration ou de réprobation totale » (Notre Quercy, 29 janvier 1938). Tête de liste aux élections de mai, il était devenu conseiller municipal d’opposition de Cahors en 1935. Un service militaire tardif, l’éloigna de la vie politique de janvier à octobre 1936. En mars 1938, il signa à titre personnel, avec Defenin Maurice, militant socialiste du Lot et les communistes Camille Delfour et Daniel Barrières, un appel à l’unité politique du prolétariat. Antimunichois, il souffrit de l’évolution de la situation nationale internationale.

Mobilisé en 1939, ami de Silvio Trentin dont il fréquentait la petite librairie toulousaine, il fut membre du Comité d’action socialiste de la zone Sud en 1940 par l’intermédiaire d’Eugène Thomas. Le CAS toulousain publia clandestinement le Populaire du Sud-Ouest. Bourthoumieux recruta des salariés d’entreprises, dont l’ONIA, et de l’administration.

Résistant lié au réseau Brutus, il fut sollicité pour prendre la direction de la Résistance dans le Lot ; il publia le Lot résistant, mais la montée en puissance du Parti communiste rendit difficile son action. Perquisitionné par la police de Vichy à Toulouse dans la nuit du 12 au 13 décembre 1943, puis par les Allemands le 15, il vit clandestinement dans le Lot, se déplaçant à Paris et à Lyon sous l’identité d’un représentant du magazine La femme et l’enfant. Arrêté à Lyon le 31 mars 1944, entre les mains de Klaus Barbie, torturé, il fut déporté à Neuengamme et mourut lors de l’évacuation du camp par les Allemands.

À plusieurs reprises les socialistes toulousains organisèrent une manifestation de souvenir devant son ancienne pharmacie.
Son nom à été donnée à des lieux publics dans trois villes : Toulouse, Cahors et Souillac.

Veuf, remarié avec Adrienne qui partagea son engagement résistant, il avait trois enfants. Son fils Jacques fut également militant socialiste dans le Lot. Sa fille Claudine, née le 19 décembre 1934 à Cahors a repris l’officine de pharmacie de son père, avenue de Muret à Toulouse.

Chaque 19 août, lors de la commémoration de la Libération de Toulouse, un dépôt de gerbe est effectué par les associations de résistants et par la mairie de Toulouse, devant le 122 avenue de Muret. Sur la plaque commémorative est écrit : "Dans cette maison Pierre Bourthoumieux, mort pour la France, a organisé la Résistance régionale dès 1940."

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17641, notice BOURTHOUMIEUX Pierre par Claude Pennetier, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 23 avril 2013.

Par Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat. F7/13026. — La Voix des Travailleurs, 1934. — Le Travail, 1935. — Notre Quercy, 1938. — Greg Lamazères (petit fils de Pierre Bourthoumieux), Pierre Bourthoumieux. Vie et mort d’un résistant socialiste toulousain, L’Harmattan, Biographie XXe siècle, 1999. — Henri Docquier, glantine et Vert-de-Gris (récit de la création du Comité d’action socialiste de Toulouse, par le secrétaire de Raymond Naves (http://resistance-ouvriere.com/wp-content/uploads/2011/01/eglantine-et-vert-de-gris-pdf1.pdf). — Notes de Georges Portalès.

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