MARX Alphonse

Par Jean-Sébastien Chorin

Né le 2 septembre 1875 à Lyon (Ve arr., Rhône), massacré le 17 août 1944 à Bron (Rhône) ; forain ; victime civile.

Fils d’Arron Marx et Mathilde Hecker, Alphonse Marx naquit au domicile de ses parents, 19 quai de Vaise à Lyon (Ve arr., Rhône). Son père fut recensé au long des années comme marchand de confections, marchand rouennier ou marchand tailleur. Alphonse Marx devint employé de commerce vers 1895. Il fit son service militaire du 15 novembre 1897 au 17 septembre 1898 dans le 23e régiment d’infanterie. Il demeura chez ses parents, 19 quai de Vaise, au moins jusqu’en 1906. Le 22 août 1910, il se maria à Besançon (Doubs) avec Marthe Levy. Vers 1911, le couple s’installa au 4 cours Gambetta à Lyon (VIIe arr.) et Alphonse Marx devint commerçant. Leur fils aîné, Jack Marx, naquit en 1912. Mobilisé en août 1914, Alphonse Marx fut incorporé dans le 53e régiment d’infanterie territoriale. Il passa au 111e régiment d’infanterie territoriale le 6 mars 1918 et fut promu caporal le 25 septembre 1918. Il fut démobilisé le 4 février 1919, se retira dans ses foyers à Lyon, 4 cours Gambetta, et reprit son activité de commerçant. Son second fils, Georges Marx, naquit en 1919. Vers 1935, la famille Marx s’installa au 71 cours de la Liberté à Lyon (IIIe arr.). Vers 1936, Alphonse Marx devint forain.

Au début du mois d’août 1944, des agents de la Gestapo ou des miliciens arrêtèrent Alphonse Marx et son épouse. Ils les relâchèrent peu de temps après. Le 15 août 1944, entre 6 heures et 7 heures, à nouveau, des hommes de la Gestapo se présentèrent au domicile des Marx pour les arrêter en raison de leur judaïsme. Alphonse et Marthe Marx furent conduits au siège de la Gestapo, place Bellecour (Lyon), « puis descendus dans les caves ». Dans la nuit suivante, ils furent transférés à la prison de Montluc (Lyon). Alphonse Marx fut incarcéré dans la « baraque aux Juifs » et Marthe Levy dans la cellule 18. Peu après, une voisine vit « la Milice descendre de chez eux avec des paquets ».

Le 14 août 1944, eurent lieu des bombardements sur la base aérienne de Bron (Rhône). Devant l’ampleur des dégâts, les Allemands décidèrent de faire travailler sur le camp d’aviation des détenus juifs de la prison de Montluc.

Le 17 août, à 9 heures du matin, 50 prisonniers furent extraits « sans bagage » de la « baraque aux Juifs ». Le gardien Wittmayer fit l’appel et, à la dernière minute, les Allemands remplacèrent deux catholiques par des Juifs. Ils furent embarqués sur trois camions gardés par des soldats allemands armés de mitraillettes, puis amenés sur le champ d’aviation de Bron. A Bron, les prisonniers furent répartis par groupes de trois et contraints de rechercher, d’extraire et de désamorcer des bombes non éclatées. Vers midi, ils furent dirigés près d’un hangar pour déjeuner. L’un des détenus, Jacques Silbermann, profita de cette occasion pour s’évader. Après des menaces de représailles et de vaines recherches, les soldats allemands conduisirent les 49 détenus sur le chantier pour reprendre le travail. A 18h30, alors que les prisonniers remontaient sur un camion pour regagner Montluc, un major allemand donna l’ordre de les amener sur un autre chantier. Les 49 détenus furent conduits près de trois trous d’obus au dessus desquels ils furent exécutés par balles. Leurs corps furent ensuite recouverts de terre et de gravats.

Le lendemain, 18 août, 23 détenus juifs de Montluc, dont au moins 20 de la « baraque aux Juifs », furent également conduits sur le terrain d’aviation de Bron. Ils subirent le même sort que les prisonniers de la veille. Ils furent exécutés au-dessus d’un trou d’obus après avoir recherché, extrait et désamorcé des bombes non éclatées toute la journée.

A Montluc, le chef de la « baraque aux Juifs », Wladimir Korvin-Piotrowsky, dû remettre « en tas » les bagages des 70 prisonniers aux autorités allemandes

En septembre 1944, cinq charniers (A, B, C, D, E) furent découverts sur le terrain d’aviation de Bron. Le corps d’Alphonse Marx fut retrouvé dans le charnier D, situé entre les hangars 75 et 80 et contenant 22 cadavres. D’après le rapport du médecin légiste, il avait reçu une balle dans la tête. Grâce au témoignage du seul rescapé de l’exécution du 17 août, Jacques Silbermann, nous pouvons déduire que la fosse D contenait 21 victimes du 17 août et 1 victime du 18 août (Charles Schwartz). Alphonse Marx fit donc vraisemblablement partie du groupe des 49 exécutés du 17 août 1944.

Le corps d’Alphonse Marx, d’abord enregistré sous le numéro 67, fut identifié le 6 octobre 1944. Il fut inhumé au cimetière de Lyon - La Mouche (VIIe arr.).
Le Ministre des Anciens Combattants et Victimes de la Guerre décida d’attribuer le titre d’interné politique à Alphonse Marx en 1953.

Marthe Levy fut libérée de la prison de Montluc le 24 août 1944.

Voir Bron (17-21 août 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article176438, notice MARX Alphonse par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 2 novembre 2015, dernière modification le 13 novembre 2018.

Par Jean-Sébastien Chorin

SOURCES : DAVCC, Caen, dossier d’Alphonse Marx.— Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W11, 3335W27, 3335W13, 3460W1, 1RP981, 6MP537, 6MP583, 6MP628, 6MP675, 6MP710, 6MP321, 6MP388, 6MP424, 6MP463, 6MP501, 3808W866, 31J66.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°18, mai 1946.- Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°23, octobre 1946.— Pierre Mazel, Mémorial de l’oppression, fasc. 1, Région Rhône-Alpes, 1945.— État civil

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable