BOUSSINGAULT Jules

Par Yves Le Maner

Né le 2 novembre 1913 à Anzin (Nord), mort en déportation à Mauthausen (Autriche), le 2 avril 1943 ; ouvrier mineur puis métallurgiste ; militant communiste et syndicaliste de la région de Valenciennes.

Jules Boussingault connut une enfance malheureuse. Son père ayant été interné, sa mère se mit en ménage avec un homme brutal qui interdit au jeune Jules de lire et d’écrire, jetant ou brûlant livres et cahiers scolaires, contraignant l’enfant à se réfugier dans des maisons désaffectées pour apprendre ses leçons. Malgré ces difficultés, il parvint à obtenir son Certificat d’études et voulut poursuivre des études. Mais sa famille ayant refusé la possibilité d’une attribution de bourse d’études, il dut se résigner à travailler comme ouvrier mineur puis comme métallurgiste, quittant la maison familiale pour échapper à la misère matérielle et morale. Il adhéra aux Jeunesses communistes en 1927 alors qu’il n’avait pas encore quatorze ans. Autodidacte acharné, il se forgea rapidement un solide bagage idéologique, lisant journaux, brochures et livres théoriques édités par le PC. Son ascension au sein des JC fut fulgurante : nommé au comité de section de Valenciennes en 1928, il en fut élu secrétaire l’année suivante, puis fut nommé, en 1931, secrétaire des JC pour l’ensemble du rayon de Valenciennes, poste qu’il conserva jusqu’en 1936, siégeant pendant cette même période au bureau régional des Jeunesses. Mais Jules Boussingault était surtout un homme d’action, d’une énergie débordante, parfois violent.
Responsable de la propagande en usines pour le rayon du PC de Valenciennes, il s’intéressa plus particulièrement au sort des jeunes soldats, organisant des réunions de jeunes recrues avant leur départ pour la caserne. Déjà condamné en 1932 pour propagande antimilitariste, Boussingault fit l’objet d’un rapport de police adressé aux autorités militaires. Aussi, peu de temps après son incorporation, en octobre 1933, fut-il condamné à 105 jours de cellule, « à titre préventif ». Dès son retour à Valenciennes, en 1935, il fut condamné une troisième fois (avec son ami Éloi Mériaux) pour avoir aidé (par la force) un chômeur à réintégrer son domicile après une expulsion.
Jules Boussingault donna toute sa mesure de militant pendant les grèves de 1936, dont il fut l’un des principaux leaders dans la région de Valenciennes. Il prit part à tant de réunions de grévistes qu’il contracta une sérieuse extinction de voix qui le rendit pratiquement aphone pour plusieurs années... Élu secrétaire de l’Union réunifiée des Métaux de Valenciennes en 1936, il occupa cette fonction jusqu’en 1939 ainsi que celle de trésorier adjoint de l’Union locale des syndicats CGT de Valenciennes, participant à l’élaboration des contrats collectifs avec le patronat (voir Trocmé Louis*). Meneur d’une grève des métallurgistes du Valenciennois en novembre 1938, il fut licencié et condamné une nouvelle fois pour « avoir provoqué des attroupements » et encouragé la chasse « aux jaunes ».
En septembre 1939, Jules Boussingault fut versé dans l’armée auxiliaire ne pouvant rejoindre une unité combattante en raison de son aphonie persistante.
Malgré tout, il demanda à être affecté dans une unité de reconnaissance lors de l’invasion allemande de mai 1940.

Grièvement blessé par une rafale de mitrailleuse, il fut démobilisé et rentra à Valenciennes où il entra immédiatement dans la lutte clandestine malgré sa faiblesse physique. Arrêté à Beuvrages (Nord), le 27 avril 1941, il fut déporté au camp de Mauthausen. Le 2 avril 1943, à l’appel du soir, Jules Boussingault fut tué par un gardien, à coups de manche de pelle. Il n’avait pas encore trente ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17654, notice BOUSSINGAULT Jules par Yves Le Maner, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 20 décembre 2021.

Par Yves Le Maner

SOURCES : RGASPI, 495 270 1670. — Arch. Nat. F7/13129. — Arch. Dép. Nord, M 154/186, M 154/191, M 154/201c, M 595/35 et M 595/69. — H. Ieria, mémoire de maîtrise, Lille III. 1974, op. cit. — Jean-Marie Fossier, op. cit.

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