BOUTAVANT Rémy, François

Par Jacques Girault

Né le 26 février 1911 à Saint-Vallier (Saône-et-Loire), mort le 25 décembre 1979 au Creusot (Saône-et-Loire) ; instituteur ; militant syndicaliste de la FUE puis du SNI ; militant communiste de Saône-et-Loire ; député (1946-1958), conseiller municipal du Creusot.

Rémy Boutavant dans les années 1950
Rémy Boutavant dans les années 1950
Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956

Fils d’instituteurs, Rémy Boutavant fut seulement baptisé. Ses parents lui donnèrent une éducation laïque et anticléricale. Élève du cours complémentaire du Creusot, il réussit le concours d’entrée à l’École normale d’instituteurs de Mâcon en 1927. Inscrit à la préparation militaire supérieure, il démissionna à la demande du secrétaire départemental de la Fédération CGTU de l’enseignement, Jean Aulas. Il obtint le certificat d’aptitude à l’enseignement de la gymnastique. Il effectua son service militaire en 1930-1931 et le termina comme officier.

Rémy Boutavant enseigna dans différents postes ruraux en Saône-et-Loire où il fut secrétaire de mairie. (Cuiseaux, 1931-1934, Mont-Saint-Vincent, 1934-1940). Dans cette dernière commune, il s’opposa au maire qui tenta de le faire révoquer comme secrétaire de mairie. Il utilisait certaines techniques de Célestin Freinet (journal imprimé, coopérative scolaire), des méthodes actives (groupe théâtral, fêtes scolaires) et participa avec son école aux manifestations pour le cent cinquantième anniversaire de la Révolution française.

Rémy Boutavant, membre de l’Union générale des étudiants pour l’enseignement depuis 1930, adhéra au syndicat départemental unitaire en 1930 et milita dans le groupe de jeunes. Membre du conseil syndical du SU puis de la section départementale du Syndicat national des instituteurs après la fusion de 1935, il fut le secrétaire départemental de la commission des jeunes du SNI à partir de 1936. Dans les débats internes au SNI, il se prononçait le plus souvent pour la minorité qui s’opposa au « réformisme » de la majorité, aux accords de Munich et fut délégué minoritaire dans deux congrès nationaux. Néanmoins il ne fit pas grève le 30 novembre 1938, suivant la décision d’abstention de la direction de la section syndicale alors qu’il était favorable à la grève. Refusant de désavouer le Pacte germano-soviétique, il fut exclu du conseil syndical.

Rémy Boutavant se maria religieusement en octobre 1931 à Autun (Saône-et-Loire) avec Lucienne Douheret, institutrice, future membre du Parti communiste, fille d’un sabotier. Ils s’efforcèrent de donner à leurs trois fils une éducation sans religion, voire même anticléricale. Il se rallia pourtant en 1936 à la politique « de la main tendue ».

Membre du Parti communiste depuis 1934 à Cuiseaux, Rémy Boutavant, dans le milieu rural où il enseignait, réussit à gagner à la cause du mouvement ouvrier de nombreux cultivateurs qui fournirent des vivres aux grévistes de l’été 1936. IIl créa dans l’été 1937, avec l’aide du Centre laïque des auberges de la Jeunesse, une Auberge de jeunesse, " La villa Belvédère » à Mont-Saint-Vincent où il était secrétaire de mairie. En 1938 furent accueillies dans le village deux familles espagnoles réfugiées avec douze enfants. Membre des Amis de l’Union soviétique, il militait aussi dans le Secours populaire français. Il y organisa notamment en 1939 un camp d’amitié internationale [Romain Rolland>129462] des jeunes enseignants sous l’égide du journal Le Croquant. Membre du comité régional communiste en 1936, il accéda au bureau régional en 1938-1939, délégué à la propagande.

Mobilisé comme lieutenant dans un régiment d’infanterie en septembre 1939 sur la ligne Maginot, Boutavant, dont le domicile avait été perquisitionné en janvier 1940, fut l’objet, en février 1940, d’un interrogatoire par la justice militaire en Alsace sur commission rogatoire du parquet de Parthenay, interrogatoire qui tourna court, faute de mobiles sérieux. Il fut fait prisonnier en juin 1940 à Estrées-sur-Noye (Somme) le 7 juin 1940. Captif (oflag IV D) en Allemagne, il participa à la réorganisation du Parti communiste en triangles en 1940 avec Philippe Rabier et Marcel Prenant dans le camp. Dénoncé comme communiste, il fut interné avec les juifs et les politiques à l’intérieur du camp (juin-octobre 1941). Puis il participa au « groupe de Libération nationale » qu’il avait contribué à créer en 1943. Il était responsable de la rédaction et de la diffusion d’un hebdomadaire clandestin, L’Espoir, ainsi que de l’éducation des communistes du camp. Au printemps 1945, au camp de Kolditz, il prit part au désarmement de la garnison allemande avant l’arrivée des troupes américaines, le 16 avril 1945.

À la Libération, Rémy Boutavant, nommé au secrétariat de la fédération PCF de Saône-et-Loire, le resta jusqu’en 1953, tour à tour responsable de la propagande puis du travail idéologique et des écoles du parti. Il dirigea deux écoles fédérales, un stage interfédéral de l’Union de la jeunesse républicaine française et un stage de dix jours à Paris de l’Union française universitaire. Il resta de 1953 à 1965 membre du bureau fédéral, correspondant départemental de la diffusion de L’École et la Nation dont il faisait partie du comité de rédaction en 1958. À la conférence fédérale de 1966, il demanda à ne pas être représenté pour des raisons de santé et pour laisser la place aux jeunes. Il resta ensuite membre du seul comité fédéral jusqu’en 1976. Il dirigea pendant plusieurs années l’hebdomadaire communiste L’Acier. Il était aussi le secrétaire, puis membre du bureau, puis à nouveau secrétaire de la section communiste du Creusot jusqu’à sa maladie au milieu des années 1970.

Rémy Boutavant fut élu député communiste de Saône-et-Loire le 10 novembre 1946 sur la liste que conduisait Waldeck Rochet. Réélu le 17 juin 1951 et le 2 janvier 1956 (la liste communiste réunissait 15 322 voix sur 59 491 inscrits), il échoua le 30 novembre 1958, après l’instauration du scrutin majoritaire à deux tours, dans la quatrième circonscription de Montceau-les-Mines-Chalon-Sud, après avoir obtenu sur 62 277 inscrits, 10 089 voix (deuxième position), puis 11 926 voix. A nouveau candidat en 1962, il arrivait toujours en deuxième position avec 10 678 puis 16 670 voix sur 62 307 inscrits. Candidat en 1967 dans la troisième circonscription Autun-Le Creusot, il réunissait 16 811 sur 61 913 inscrits et se désistait pour le candidat de la FGDS qui l’emportait au deuxième tour. En 1968, dans la même circonscription, il obtenait 9 950 voix sur 61 284 inscrits mais le candidat de droite l’emporta dès le premier tour.

Candidat au Conseil général dans le canton de Chalon-Nord en 1951, il obtint 2 924 voix sur 9 920 suffrages exprimés. Il fut à nouveau candidat en 1958 puis en 1964 et 1966 dans le canton du Creusot.

Conseiller municipal du Creusot depuis octobre 1947, Boutavant conduisait la liste communiste aux élections municipales du Creusot en 1965 qui obtint 44 % des suffrages. Il fut à nouveau candidat dans l’élection complémentaire après le décès du maire en octobre 1966 et obtint 42,5 % des voix.

Rémy Boutavant reprit son poste d’instituteur en 1959 et fut élu au conseil syndical de la section départementale du SNI en 1960. Il y resta comme retraité à la fin des années 1960 et au début des années 1970. Il siégea au comité directeur de la Fédération des œuvres laïques dans le département (1961-1964).

En 1977, dans le cadre de l’Ecomusée du Creusot, il réunissait ses souvenirs, son "histoire de vie" enregistrés par l’Institut national de l’Audiovisuel. Ces enregistrements permirent la composition de l’ouvrage autobiographique paru en 1992.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17660, notice BOUTAVANT Rémy, François par Jacques Girault, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 20 août 2021.

Par Jacques Girault

Rémy Boutavant dans les années 1950
Rémy Boutavant dans les années 1950
Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956

SOURCES : RGASPI, 495 270 319, 517 1◊1909. — Arch. comité national du PCF. — Presse nationale, locale et syndicale. — Notice DBMOF. — Renseignements fournis par l’intéressé et par sa famille. — Notes de Jean-Yves Boursier.

ŒUVRE : Rémy Boutavant, {Mémoire de vie. 1911-1979}, Paris, Editions du Cerf, 1992.

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