MONSAINGEON Philippe

Par Michel Aguettaz

Né le 4 novembre 1919 à Paris (VIIème arr.), exécuté le 18 avril 1944 au maquis des Frasses (Savoie) ; étudiant, officier de réserve ; résistant au sein de l’Armée secrète (AS).

Philippe Monsaingeon était le frère d’Emmanuel Monsaingeon et le septième enfant de Maurice et Marie Monsaingeon. En 1939, il était élève aux Beaux-Arts à Paris. Il avait fait une Préparation Militaire Supérieure mais ne fut appelé, avec la classe 39/3, qu’au mois de juin 1940, en pleine débâcle. Au moment où l’armistice fut signé, il se trouvait aux environs de Périgueux avec de nombreux autres conscrits. C’est là qu’il fut démobilisé.

À la recherche de sa famille qui avait quitté Paris, il rencontra par hasard, dans un train, André Cruiziat, personnalité du mouvement scout, qu’il connaissait pour avoir lui-même pratiqué activement le scoutisme. C’est par lui qu’il apprit la création des Chantiers de Jeunesse, initiée par le général De La Porte du Teil, qu’il décida de rejoindre. Il s’enthousiasma pour le projet d’école de cadre que Dunoyer de Ségonzac mettait sur pied.

C’est ainsi qu’il entra au mois septembre 1940, en même temps qu’une centaine d’aspirants à l’École des chefs de la Fauconnière, près du village de Gannat, dans l’Allier. C’est à cette époque qu’il fit la connaissance de Pierre Cazenavette, officier chasseur alpin, qui faisait partie de l’équipe formée par Dunoyer de Ségonzac.
À sa sortie de La Fauconnière, il fut affecté au chantier de jeunesse n° VIII situé au Châtelard en Bauges (Savoie), commandé par Robert de Courson. Assistant d’un chef de groupe, il se passionna pour sa mission qui dura jusqu’à l’été 1941. À cette époque il rentra à Paris pour reprendre l’école des Beaux-Arts afin d’obtenir un diplôme d’architecte.

À l’automne 1942, Philippe retrouva son frère Emmanuel, rentré à Paris après plus de deux ans d’absence. Avec le temps, sa volonté d’agir, de s’engager, qu’illustre parfaitement son enrôlement auprès de Dunoyer de Ségonzac, restait intacte. Avec leur plus jeune frère, Dominique, ils décidèrent de chercher à trouver le contact avec des organisations de résistance. Philippe fut chargé de prospecter dans les milieux des anciens des Chantiers de jeunesse.

Au mois de juillet 1943, Dominique tomba dans une souricière, dans une librairie de la rue Bonaparte (VIe arr.). Il parvint à en réchapper mais dût partir se cacher dans le Massif Central. Durant l’hiver 1943-1944 c’est Emmanuel qui fut arrêté au retour d’une réunion en Basse- Normandie, mais fort heureusement fut libéré.

Suite à ce grave incident, Philippe et Emmanuel décidèrent de quitter la capitale. Ils partirent pour la Savoie, en raison, selon toute vraisemblance, des contacts noués en 1940-1941 lors du séjour de Philippe. L’installation dans un chalet situé sur le rebord oriental des Bauges, à quelques heures de marche du Châtelard, et la présence de Pierre Cazenavette, devenu membre de l’AS de Savoie, ne peuvent que conforter cette hypothèse.

Dans la nuit du 17 au 18 avril 1944, le maquis fut attaqué par des forces allemandes, guidées par un milicien qui avait infiltré le groupe. Philippe assista aux tortures infligées à son frère Emmanuel et à son exécution. Puis avec quatre de ses compagnons, après avoir été battu, il fut exécuté dans un champ attenant au chalet.
Du château de la Fauconnière au modeste chalet des Frasses, Philippe Monsaingeon suivit la voie d’un engagement fondé sur l’attachement profond à des valeurs chrétiennes et patriotiques.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article176826, notice MONSAINGEON Philippe par Michel Aguettaz, version mise en ligne le 18 novembre 2015, dernière modification le 10 février 2022.

Par Michel Aguettaz

SOURCES : Témoignage Dominique Monsaingeon.— Pierre Bitoun, Les hommes d’Uriage, La Découverte, 1988.— Johannès Pallière, La campagne des Bauges : les combats du Revard, 1944, éditions Cabedita, 1997.— André Mollard, La Résistance en Savoie : les Mouvements Unis de Résistance, Université de Savoie, 1972.

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