DIOP Thierno, Souleymane

Par Alain Dalançon

Né le 25 mars 1920 à Saint-Louis du Sénégal ; instituteur, directeur d’école, haut-fonctionnaire colonial puis post colonial ; figure du système éducatif sénégalais, un temps militant du SNI.

Son père, bijoutier musulman, le baptisa en lui donnant le prénom de Thierno Souleymane, en souvenir de son marabout, Thierno Souleymane Kane qui dirigeait une école coranique. Il savait lire et écrire et fit partie du conseil municipal, en 1925 avec maître Lamine Guèye, puis en 1935 avec Aby Kane Diallo dans le Parti dioufiste de Guandalou. Ce père le poussa à faire des études pour devenir instituteur.

Après l’école coranique, dont il garda un excellent souvenir et apprécia le contenu de l’enseignement et les méthodes, Thierno Souleymane Diop entra à l’école française, illustrant ainsi le biculturalisme des intellectuels saint-louisiens. De l’école Brière de l’Isle, il passa à l’école primaire supérieure Blanchot et fut admis à l’École normale William Ponty, dans ce creuset de la quasi totalité des hommes d’État africains après les indépendances. Cette double formation, riche de valeurs éthiques et morales, le marqua beaucoup.

À sa sortie de l’EN William Ponty, il fut nommé en 1941 à l’école Brière de l’Isle où il avait appris le français. Mobilisé dans l’armée, il quitta l’enseignement pour un service militaire assez dur, ce qui le conduisit au militantisme syndical (secrétaire de la section du Syndicat national des instituteurs du Sénégal, en 1951) et politique. Il parcourut le Sénégal de l’époque coloniale pour notamment initier les populations rurales aux techniques culturales et prophylactiques et aider à l’implantation d’écoles et de dispensaires.

Il fut appelé dans les cabinets du premier ministre de l’Éducation nationale, Amadou Mahtar Mbow, puis d’Alioune Talle jusqu’aux événement de décembre 1962 qui le décidèrent à reprendre son métier d’enseignant, avant de faire valoir ses droits à la retraite.

Thierno Souleymane Diop, affectueusement appelé "Le Doyen", figure du système éducatif au Sénégal, a retracé dans un livre autobiographique son long parcours d’écolier, d’enseignant, de fonctionnaire, illustrant bien l’organisation de l’enseignement au Sénégal et l’effervescence syndicale et politique ayant précédé la fin de l’époque coloniale.

La présentation qui en est faite par l’éditeur souligne :
" Chevalier des Palmes Académiques de la République Française, élevé à la Haute distinction de Grand-Croix de l’Ordre National du Lion de la République du Sénégal, il a compté parmi ses élèves certaines des personnalités politiques les plus éminentes du pays. Exaltant les vertus d’une amitié fidèle et sincère, solidement ancré dans ses valeurs religieuses et familiales, son totem de scout, "Corbeau Débrouillard" est on ne peut plus éloquent du sens de l’organisation, de l’engagement et de la pédagogie du militant des premières heures des syndicats d’enseignants en Afrique francophone."

Il était encore en vie en 2015.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article176856, notice DIOP Thierno, Souleymane par Alain Dalançon, version mise en ligne le 19 novembre 2015, dernière modification le 4 septembre 2022.

Par Alain Dalançon

SOURCES : Livre autobiographique du biographié, préfacé par Pr Ravane Mbaye, Tu seras enseignant, mon fils, Presses universitaires de Dakar, L’Harmattan, 2015. https://actualitte.com/livres/60090/tu-seras-enseignant-mon-fils. — L’École libératrice, note de Jacques Girault.

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