MULOT Paul [alias "Le Grand Paul", "Marlot", pseudonymes de résistance]

Par André Balent

Né le 17 janvier 1920 à Mirecourt (Vosges), exécuté sommaire le 17 août 1944 à Sainte Radegonde (Aveyron) ; résistant des Vosges puis de l’Aveyron (AS/GF).

Paul MULOT (1920-1944)
Paul MULOT (1920-1944)
Cliché publié in Llauro, op. cit., p. 326 ; recadrage par André Balent

Fils de Louis Mulot, luthier, et de Louise Eugénie Boulanger, ouvrière en lutherie, Paul Mulot, réfractaire au STO, entra d’abord en résistance dans son département natal.

Paul Mulot gagna le maquis du Morillon (Vosges). En août 1943, son groupe fut trahi. Après un parachutage, le maquis fut encerclé. Mulot réussit à échapper à la police allemande qui encerclait un maquis.Il put rejoindre l’Aveyron où se trouvait l’un de ses amis du maquis du Morillon, René Boyer (alias "Jules", alias "Ferry"). Il intégra l’Armée secrète (AS) du Tarn par l’intermédiaire d’un gardien de la Paix d’Albi (Tarn), frère de Boyer puis celle de l’Aveyron et, bientôt, ses groupes francs (GF). Il fut connu avec le pseudonyme de "Marlot". "Ferry" alla ensuite à Carmaux (Tarn)

Il devint l’un des chefs de l’équipe régionale (R3) des GF. Il s’illustra notamment à Béziers (Hérault) contre la Milice en avril 1944 : en plein jour, vidant son chargeur sur lui, il abattit dans sa boutique Mounier, un buraliste milicien. Pour Étienne Llauro (op. cit., p 323), Paul Mulot "s’était composé un personnage patibulaire. Avec sa grande taille et son visage émacié fort peu souriant, il avait un aspect redoutable qui convenait à ses activités". Il devint l’un des hommes de confiance de Louis Torcatis, le chef des groupes francs de toute la R3, clandestin dans l’Aveyron depuis son départ forcé des Pyrénées-Orientales. Installé ensuite à Carmaux (Tarn), Mulot logeait rue Arago chez Mme Deulières, photographe.

Du 6 au 12 juin, il agit avec le maquis AS "Stalingrad" (que certaines sources, se fiant à sa seule dénomination, donnent comme étant FTPF, ce qui suggère que Mulot ait intégré cette formation) implanté depuis janvier 1944 dans la région de Baraqueville (Aveyron), sur le Ségala. À la fin de l’hiver 1944, cette formation regroupait seize hommes avec un seul Aveyronnais, les autres étant des fugitifs provenant d’autres départements, du Midi en majorité, mais pas exclusivement : son chef, Émile Arino, des MUR et de l’AS était un sympathisant communiste. Il intégra aussi les GF sous l’autorité de Torcatis. À partir de mai 1944, les maquisards de Stalingrad agissaient aussi en tant que membres de GF.

Il fut arrêté le 19 juin 1944 (un mois après l’assassinat de Torcatis à Carmaux (Tarn) par une colonne allemande de Rodez sur la route entre Réquista et Villefranche-de-Panat. Cette colonne venue de Rodez était allée à Villfranche afin d’affronter des maquisards et les détruire. Ne les ayant pas trouvés, elle rebroussa chemin après s’en être pris à des civils de Villefranche-de-Panat. Mulot était avec un autre membre des GF et homme de confiance de Torcatis, Labat alias "Leroy", inspecteur de police à Carmaux. Tous deux voyageaient dans deux automobiles différentes et venaient aussi de Rodez. Mulot transportait des armes dans sa voiture. Ayant abandonné son véhicule, il s’enfuit à travers champs. Il fut rattrapé, arrêté puis incarcéré à la caserne Burloup de Rodez, la prison de la Sipo-SD. Il en fut extrait avec vingt-neuf autres prisonniers le 17 août 1944 et exécuté sommairement avec eux au champ de tir de Sainte-Radegonde par un détachement de SS de la Luftwaffe en provenance d’Albi.

Si Mulot fit partie des martyrs de Sainte-Radegonde, Labat fut libéré par les Allemands car muni de sa carte de police il put arguer du fait qu’il recherchait des terroristes. Après la Libération, il fut pris à partie à Montpellier par Jacques Mazars, jeune membre des GF qui trouvant suspecte sa libération par la police allemande alors que Mulot avait été exécuté à Sainte-Radegonde. S’estimant diffamé, Labat alias "Leroy" le fit emprisonner à la citadelle de Mont-Louis (Pyrénées-Orientales). Ce fut la veuve de Louis Torcatis qui le fit libérer. Labat expliqua en 1994, dans un courrier adressé à Étienne Llauro que Mulot et lui furent arrêtés par deux unités allemandes différentes.

Le nom de Paul Mulot est gravé sur le monument mémorial de Sainte-Radegonde, sur le monument aux morts de Mirecourt et sur le mémorial de la Résistance de Vesoul (Haute-Saône)

Voir Lieu d’exécution de Sainte-Radegonde (Aveyron) champ de tir

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article177037, notice MULOT Paul [alias "Le Grand Paul", "Marlot", pseudonymes de résistance] par André Balent, version mise en ligne le 18 janvier 2016, dernière modification le 2 avril 2022.

Par André Balent

Paul MULOT (1920-1944)
Paul MULOT (1920-1944)
Cliché publié in Llauro, op. cit., p. 326 ; recadrage par André Balent

SOURCES : Étienne Llauro, Torcatis "Bouloc" destin d’un humaniste 1904-1944, Portet-sur-Garonne, Loubatières, 1998, 493 p. [pp. 323, 327, 337, 386-389]. — Christian Font, Henri Moizet, Construire l’histoire de la Résistance. Aveyron 1944, Rodez & Toulouse, CDDP Rodez, CDHIP Rodez, CRDP Midi-Pyrénées, 1997, 343 p. [p. 209]. — Sites Aveyron résistance et MemorialGenWeb consultés le 26 février 2016. — Courriels d’Étienne Llauro, 24 et 25 août 2021. — État civil.

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