MIRALLES Antoine

Par André Balent

Né le 24 mars 1922 à Carcassonne (Aude), fusillé le 14 mars 1944 au champ de tir de la Madeleine à Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault) ; mécanicien à Lézignan-Corbières (Aude) ; militant communiste clandestin de Lézignan ; résistant (maquis FTPF Jean-Grandel de la haute vallée du Jaur, Hérault).

Antoine Miralles (nom écrit aussi "Mirallès") était le fils d’Antoine et Marie Aliaga, journaliers. Le procès verbal de sa condamnation par la cour spéciale de Montpellier (13 mars 1944) indique qu’il était de nationalité française et catholique de religion. Il s’était marié le 28 janvier 1942 à Lézignan-Corbières (Aude) avec Marie Ran.

Antoine Miralles milita d’abord dans les rangs du Parti communiste clandestin de sa ville de résidence. À la fin de 1943 ou au début de 1944, il gagna le maquis Jean-Grandel fondé par des communistes sétois (Voir : Antoine Beille, Amilcar Calvetti, Victor Meyer) et implanté sur le Somail, plateau du sud du Massif Central, dont le versant méridional domine la haute vallée de Jaur, dans le département de l’Hérault, aux confins du Tarn. Aux mois de février et mars 1944, le maquis dut se disperser. L’appartenance de Miralles au maquis Jean-Grandel est attestée par plusieurs sources.

Le 19 février 1944, Miralles se trouvait à Montpellier, rue de l’Argenterie, en compagnie d’un autre homme (Miralles, pour sa part était en mission à Montpellier pour le compte de son maquis selon Paul Dinnat, op. cit.). Leurs papiers furent vérifiés par les inspecteurs Fulcrand et Massié à qui ils apparurent suspects. Le compagnon de Miralles (René Coulet, responsable de l’équipe des sabotages du maquis Jean-Grandel) s’enfuit. L’inspecteur Massié, en le poursuivant, fut atteint par un coup de pistolet tiré par le fugitif et mourut quelques heures plus tard. Miralles, qui n’avait pas tiré et ne s’était pas rebellé, fut arrêté. L’intendant de police de Montpellier, Pierre Marty, décida d’en faire la première victime (de la région de Montpellier) de la cour martiale de la Milice mise en place par les lois du 20 janvier et du 11 février 1944. Condamné le 13 mars à 20 heures, selon la procédure expéditive prévue par la loi du 20 janvier, il fut exécuté à 6 heures trente, le 14 sur la butte du terrain de tir de la Madeleine, route de Sète par un peloton de douze gardiens GMR présentant les armes. D’après une résistante audoise, Germaine Gladieu, (témoignage recueilli par Lucien Maury (op. cit., p. 139), détenue dans la Clinique mutualiste de Montpellier devenue une annexe de l’intendance régionale de police, qui était présente lorsque les GMR y furent recrutés par l’intendant Pierre Marty afin d’assurer la mise à mort d’Antoine Miralles, les douze GMR du peloton d’exécution furent volontaires. Pierre Marty, catholique, fit en sorte que les hommes qu’il faisait exécuter bénéficient de l’assistance d’un ecclésiastique chargé d’administrer les derniers sacrements. Ce fut le chanoine Raffit qui assista Miralles.

Antoine Miralles fut déclaré "mort pour la France" en mars 1957. Son nom figure sur les deux stèles érigées à la mémoire des seize fusillés de la Madeleine, sur la butte de tir, lieu même des exécutions et 300 m en contrebas, le long de la route de Montpellier à Sète. Il est également inscrit sur la plaque commémorative des morts lézignanais des guerres de 1914-1919, 1939-1945, Indochine et Algérie apposée dans la mairie de Lézignan.

Antoine Miralles fut le premier des deux membres du maquis Jean-Grandel condamnés à mort par la Cour martiale de la Milice de Montpellier (Voir Plantadi Louis). Bien que ayant été exécuté sur le territoire de la commune de Villeneuve-lès-Maguelone, son acte de décès fut enregistré à l’état civil de Montpellier.

Voir : Lieu d’exécution de Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article177097, notice MIRALLES Antoine par André Balent, version mise en ligne le 4 janvier 2016, dernière modification le 1er octobre 2022.

Par André Balent

SOURCES : Archives départementales de l’Hérault, 1043 W 71, procès-verbal du jugement d’Antoine Miralles par la cour martiale de la Milice et de son exécution, 13 mars 1944. — Archives privées André Balent : Paul Dinnat, ancien FTPF montpelliérain, militant communiste, Je veux témoigner, récit de ses activités de prisonnier, d’évadé et de résistant pendant la guerre 1939-1945, transcription d’un enregistrement (2003-2004), tapuscrit, 31 p. communiqué par Jean-Claude Richard-Ralite. — Jacques-Augustin Bailly, La Libération confisquée. Le Languedoc 1944-1945, Paris, Albin Michel, 1993, 481 p. [p. 42]. — Danièle Ledoux, Henri-Claude Bonnet, Jean Grandel, Un homme du peuple dans l’histoire, Paris, Le Temps des cerises, 2006, 469 p. — Lucien Maury, La résistance audoise (1940-1944), tome II, Carcassonne, Comité d’Histoire de la Résistance audoise, 1980, 441 p. [p. 139]. — Informations communiquées par Jacques Blin (Sète), 4 décembre 2015 ; par Étienne Llauro (intervention du chanoine Raffit lors de l’exécution de Miralles), 25 mai 2016. — Site MemorialGenWeb consulté par André Balent (Lézignan). — État civil.

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