BODO Joseph Roger Dominique [pseudonyme dans la Résistance : Lucien Luccioni]

Par Jean-Louis Ponnavoy, Jean-Marie Guillon

Né le 14 septembre 1920 à Marseille (Bouches-du-Rhône), mort le 15 août 1944 à Nice (Alpes-Maritimes) ; employé des douanes ; maquisard Francs-tireurs et partisans (FTP).

Fils de Giovanni et de Maria Degli Espositi, célibataire, Joseph Bodo habitait Marseille. Il avait travaillé comme secrétaire aux peseurs-jurés de commerce avant de devenir commis des douanes. Dans ses loisirs, il participa aux activités de l’Aviation populaire. Peut-être était-il membre ou sympathisant de la Jeunesse communiste. Après avoir fait son temps dans les Chantiers jeunesse à Agay (commune de Saint-Raphaël, Var), réfractaire au Service du travail obligatoire (STO), il partit se cacher dans les Basses-Alpes avec deux autres camarades, André Schreiber et Jean Avanzati, par une filière donnée par un camarade de travail à la fin de l’hiver 1943. D’abord abrités dans une ferme de Ganagobie (Alpes-de-Haute-Provence/Basses-Alpes), ravitaillés par des résistants du secteur, les trois hommes, rejoints par des réfractaires de Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence/Basses-Alpes) constituèrent un camp qui circula dans les environs, en contact avec les gendarmes du secteur. Mais, lors d’une opération menée par la gendarmerie du département le 19 juin 1943, Bodo, Schreiber et deux camarades, repérés par imprudence, furent interpelés, emprisonnés à Forcalquier, puis Digne (Alpes-de-Haute-Provence/Basses-Alpes) avant d’être dirigés le 5 juillet sur Marseille pour partir en Allemagne. Joseph Bodo comme André Schreiber un peu avant, parvint là à s’échapper. Les deux hommes rejoignirent alors le camp FTP Faïta qui stationnait dans les Maures (Var) et qu’ils suivirent dans ses pérégrinations. Bodo fut affecté comme responsable au détachement Robert et envoyé dans le secteur de Callas-Figanières dans l’Est-Varois où il participa à des actions contre l’armée italienne. Le détachement rejoignit à la fin de l’été le gros du camp dans les Maures. Il accompagna le commissaire aux opérations régional Henri Faurite dans sa prospection du Haut-Var à la recherche de nouveaux emplacements. Bodo comme Schreiber, participant à de très nombreuses actions, devenus combattants aguerris, prirent des responsabilités dans le maquis. Joseph Bodo fut nommé commandant militaire (commissaire aux opérations) du sous-secteur FTP F2, correspondant aux Basses-Alpes, sous le pseudonyme de "Lucien Luccioni", fin novembre 1943. Il fut arrêté en juillet 1944 puis emprisonné aux Nouvelles prisons, à Nice. À l’annonce du débarquement en Provence le 15 août 1944, la Gestapo niçoise sélectionna vingt-trois otages dont Joseph Bodo pour être exécutés en représailles. Ils furent emmenés en camion dans un terrain vague du quartier de l’Ariane au nord-est de la ville, le long du fleuve Paillon. Dès qu’ils en descendirent ils furent fusillés les uns après les autres à coups de mitraillette.
Son identité ne sera établie que le 13 décembre 1944 par jugement du tribunal civil de Nice et son acte de décès transcrit le 23 janvier 1945 sur les registres de l’état civil de Nice.
Son nom figure sur une plaque au carré des fusillés de l’Ariane, à Nice. Il fut déclaré "Mort pour la France" le 5 avril 1945 et décoré à titre posthume de la Légion d’honneur, de la Croix de guerre 1939-1945 et, le 14 septembre 1960, de la Médaille militaire. Il fut aussi décoré de la Médaille de la Résistance à titre posthume le 14 septembre 1960. Son nom a été donné à un boulevard du 15e arrondissement de Marseille le 23 juillet 1945. Il figure sur la stèle aux morts de la Résistance des Bouches-du-Rhône au carré militaire du cimetière Saint-Pierre à Marseille.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article177107, notice BODO Joseph Roger Dominique [pseudonyme dans la Résistance : Lucien Luccioni] par Jean-Louis Ponnavoy, Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 5 décembre 2015, dernière modification le 26 mars 2022.

Par Jean-Louis Ponnavoy, Jean-Marie Guillon

SOURCES : Mémoire des hommes SHD Caen AC 21 P 711786 et Vincennes GR 16 P 66739 (nc). — Adrien Blès, Dictionnaire historique des rues de Marseille, Marseille, Éditions Jeanne Laffitte, 2002, p. 79. — Robert Girod, Les fusillés de l’Ariane éd. Artephis, Cannes 1994. — Internet Wikipédia "Fusillés de l’Ariane". — Mémorialgenweb. — État civil.

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