RAUDET Blaise

Par Claude Pennetier

Né le 7 mai 1869 à Farges-en-Septaine (Cher), mort le 16 avril 1958 à Bourges ; militant anarchiste du Cher.

Fils de Jean Raudet, journalier, manouvrier, terrassier, cabaretier, marchand de bois, et Anne Lafay, journalière, parents de cinq enfants dont Pierre, Alphonse et Adolphe, famille abonnée à la presse révolutionnaire, Blaise Raudet, l’aîné, fut "élevé sans dieu". La légende politique locale veut que Blaise ait été "sur les genoux d’un grand savant", Élysée Reclus mais rien n’indique le passage de celui-ci dans le Berry. Peut-être n’est-ce qu’une image. Titulaire du certificat d’études primaire, Blaise Raudet était un bel homme, grand et fort, selon les renseignements recueillis par la famille. Soldat au 85e de Ligne affecté ensuite à l’Ecole de Santé militaire de Lyon, il finit son service militaire au 3e Zouave de Constantine, en Algérie. C’est lors d’un permission qu’il découvrit dans Le Père peinard et La Révolte les évènements de Fourmies du 1er mai 1891. Pendant son service, le 1er mai 1892, son père fut arrêté ou du moins interpellé. Toujours est-il que cette information arriva jusqu’à son capitaine qui le mit en garde. Le 29 octobre et le 27 novembre 1891 il assista en uniforme à une conférence de Sébastien Faure à Bourges, et s’entretient avec l’orateur. Il fut repéré et finit par avouer qu’il était anarchistes. Il écrivit "si j’avais eu de l’argent, je me serais bien évadé et déserté l’armée". Il fut envoyé au 3e Zouave, en Algérie. Il écrivit à Sébastien Faure, "je suis chez les assassins", puis surveillé, il cessa d’écrire à ses amis. Lors de la fête du 14 juillet 1892 à Guelma, des conscrits crièrent "Vive la Révolution", "Vive Ravachol", "Vive la Commune", "À bas les commandants", mais lui-même, tout en approuvant, s’abstint craignant les sanctions. Il refusa de devenir soldat de 1re classe.

Il rencontra son épouse, Marie-Mélanie Butour à Précy. Le couple habita au hameau de Bel Air à Farges-en-Septaine, dans le canton de Baugy.

Le 1er janvier 1894 une perquisition fut menée à Farges-en-Septaine (Cher) au domicile des "frères Raudet". So père fut emprisonné à Bourges pendant un mois. Le Petit journal écrivit : "des perquisitions ont été pratiquées au domicile des principaux anarchistes demeurant à Bourges. Elle ont amené la découverte d’un grand nombre d’écrits, de correspondances et de brochures anarchistes. Un des chefs du parti ici, le sieur Patureau demeurant aux Justices a été arrêté et écroué. Dans le département la gendarmerie de Baugy s’est transportée à Farges-en-Septaine où se trouve un groupe qui s’intitule "les affamés de Bel’air". Deux anarchistes réputés dangereux ont été arrêtés. Il paraît que des documents de grande importance ont été saisis".

En 1896, le père et trois fils Raudet figuraient toujours sur la liste des anarchistes dangereux.

Blaise Raudet fut par la suite entrepreneur de moissons, commerçant (qui connut un bonne réussite avec ses frères), propriétaire, exploitant forestier, titulaire du Mérite agricole, entrepreneur très avisé à Bourges toujours en famille, obtenant des adjudications de la ville et de l’armée, il passa avec ses frères de Farges aux bonnes maisons de Boulevard de la Liberté. Mais il resta toujours libre penseur. Président d’honneur régional, il faisait encore une conférence à Lurcy-Levis (Allier) peu avant son décès. S’il mourut riche, il demanda à être enterré avec un service de 3e classe, sans fleurs ni couronne ; seulement le drapeau de la Libre pensée.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article177144, notice RAUDET Blaise par Claude Pennetier, version mise en ligne le 16 décembre 2015, dernière modification le 16 décembre 2015.

Par Claude Pennetier

OEUVRE : Récit d’un jeune soldat depuis l’entrée de son service jusqu’à la fin de son congé, inédit.

SOURCES : Arch. Dép. Cher, M 25. —Dossier établi par son arrière-petite fille, Nicole Ovaere-Raudet en 2014. — État civil en ligne cote 3E 4011, vue 68.

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