Né le 5 mai 1890 à Bordeaux (Gironde), mort le 14 novembre 1967 à Langon (Gironde) ; instituteur ; militant syndicaliste en Gironde ; franc maçon.
Fils d’employés, Michel Boyau, 43 ans, d’idées anarchistes, et de Jeanne Solhonne, 42 ans, journalière, croyante, Rémy Boyau devint instituteur, successivement à La Teste, à Villenave d’Orgon. Soldat courageux pendant la Première Guerre mondiale, il fut cité trois fois et décoré de la médaille militaire.
Redevenu civil, il sympathisa avec les thèses anarchistes tout en militant au Comité syndicaliste révolutionnaire. Il se maria uniquement civilement le 25 octobre 1920 à Caudéran (Gironde) avec une institutrice, Odette voisin, fille d’un boucher, militante syndicaliste et pédagogique. Ils n’eurent pas d’enfants.
Nommé sur un poste double avec sa femme à Camblanes (Gironde) à partir de 1921, Rémy Boyau devint un des responsables du Syndicat de la fédération unitaire de l’enseignement de la Gironde, dont il fut un des fondateurs avec sa femme en 1922. Il anima sa sous-commission scolaire et était gérant de son bulletin ; il en était secrétaire en 1926, le syndicat regroupant alors trente-cinq instituteurs. Il donna également des articles à la rubrique pédagogique de L’École émancipée.
Rémy Boyau était passionné par le cinéma et organisa dès le début des années 1920 une cinémathèque girondine de l’Enseignement laïc. Il rejoignit le mouvement initié par Célestin Freinet et, en 1927, fut chargé des activités "cinéma“ lors du congrès de Tours de la FUE. Il organisa une Cinémathèque coopérative de l’Enseignement laïc, grâce à une coopérative d’achat qui permit l’acquisition de matériel, qui fonctionna jusqu’en 1939. En 1931, avec son ami Michel Collinet, il confia à Yves Allégret la réalisation d’un court métrage intitulé La Pomme de terre ou Prix et profits qu’il présenta dans L’Éducateur prolétarien d’octobre 1932.
Un essai avait été tenté en juin 1931 pour réactiver le syndicat unitaire. On misa sur Camille Maumey, jeune instituteur communiste, qui en devint le secrétaire en 1932, plutôt que sur Boyau, membre de la Ligue syndicaliste.
En mai 1933, il fut sanctionné en vertu de la circulaire d’Anatole de Monzie invitant les inspecteurs d’académie à sévir contre les instituteurs pacifistes. En 1935, le syndicat unitaire fusionna avec le Syndicat national CGT.
Pendant l’Occupation, Rémy Boyau, franc-maçon, fut démissionné d’office en 1941 et occupa divers emplois. Il participa à la Résistance, fabriquant de faux papiers, aidant les soldats alliés à passer en Espagne, hébergeant des résistants recherchés. Il fut responsable de trois groupes du haut-Médoc puis commandant militaire du secteur de Saint-Médard-en-Jalles. Il présida le comité de Libération du canton de Blanquefort. Il appartint également au Comité provisoire de réorganisation des syndicats CGT et entra au comité directeur du Front national. En novembre 1944, réintégré à l’Éducation nationale, il était médaillé de la Résistance.
Participant à la reconstitution de la coopérative de l’enseignement laïc, il se consacra surtout à la franc-maçonnerie (33e) dans l’obédience du Droit humain dont il écrivit l’histoire. Il appartint au conseil suprême mixte international.
Iconographie : Rémy Boyau lors de l’assemblée générale de la coopérative de l’enseignement laïc avant le congrès de la Fédération unitaire en 1928. Debout, de gauche à droite, X, Raoul Tessier (Indre-et-Loire), Yves Caps, Gauthier (Loiret), Paul Delanoue (Indre-et-Loire), X, X, Raoul Faure (Isère), Rémy Boyau (Gironde), Célestin Freinet, Florentin Alziary (Var), Marguerite Beau (Isère), René Daniel (Finistère).
Assises : de gauche à droite, Élise Freinet, Marguerite Bouscarrut (Gironde), Jean Gorce (Gironde), Alberthe Faure (Isère), Odette Boyau ( ?, Gironde), Jeanne Tessier (Indre-et-Loire).
SOURCES : Arch. Nat. F7/12990 et 13034. — H. Coston, Dictionnaire de la politique française, Paris, 1972, t. 2. — A.-M. Sohn, Féminisme et syndicalisme, op. cit. — H. Portier, Cinématographe et mouvement Freinet, 1927-1940, Institut coopératif de l’école moderne, s.d. [1990].— Axel Bruneau, Les instituteurs et la gauche dans la Gironde des années 1930, maîtrise, Université de Bordeaux 3, 2005, 154 p. — Notes d’Alain Dalançon et de Jacques Girault.