GOUFFAULT Roger, Charles dit Léon

Par Daniel Grason, Gérard Larue

Né le 23 avril 1924 à Paris (XVIIIe arr.), mort le 3 octobre 2015 à Brive-la-Gaillarde (Corrèze) ; modeleur sur bois ; résistant FTPF ; déporté à Mauthausen (Autriche).

Fils de Clovis Gouffault, employé de chemin de fer, et de Marie-Rose Lefèvre, sans profession, Roger Gouffault était le frère jumeau de Pierre. Leur père Clovis très grièvement blessé pendant la Première Guerre mondiale mourut le 29 septembre 1929, et fut déclaré « Mort pour la France ». Les jumeaux furent adoptés pupilles de la Nation en mars 1931. Âgé de douze ans Roger Gouffault fit la connaissance de Roger Pinçon moniteur de gymnastique en 1936 à Nogent-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne) ville où il habitait au sein de L’Étoile Sportive Nogentaise affiliée à la Fédération Sportive et Gymnique du Travail (FSGT). De plus, Roger et Pierre Gouffault eurent Marguerite Pinçon, mère de Roger Pinçon comme institutrice.
Titulaire d’un CAP, modeleur sur bois, Roger Gouffault travaillait en 1941 à Clichy-la-Garenne (Seine, Hauts-de-Seine), il vivait ainsi que son frère chez sa mère, veuve, au 6 place du Combat (Colonel Fabien) à Paris (XIXe arr.). Marie-Rose Gouffault et ses enfants rendirent quelques visites de courtoisie au café de Roger Pinçon 6 rue du Château-d’Eau à Paris (Xe arr.). Roger Gouffault prit contact avec Roger Pinçon en juillet 1941. Celui-ci était responsable de l’Inter-région parisienne des FTP pour le matériel, il proposa à Roger Gouffault d’entrer dans l’organisation, il accepta.
L’organisation disposait d’un local atelier au 22 rue de Loos (Jean-Moinon) dans le Xe arrondissement, en arrêt de travail après un accident de bicyclette, il fabriqua sa première valise contenant un dispositif de mise à feu électrique qu’il remit à Jean Debrais dit Roger. Ayant repris son travail chez Citroën, Roger Gouffault fabriquait valises, boîtes en bois de petite dimension, boîtes métalliques destinées à faire sauter des rails de chemin de fer… pendant ses jours de repos. Il fournissait les régions P1, P3, P5 et les FTP-MOI de la région parisienne, la direction des FTP le dédommageait de ses frais et le rétribuait en fonction du temps passé.
Trois inspecteurs de la BS2 l’interpellèrent le 13 décembre alors qu’il se présentait au domicile de Roger Pinçon. Les policiers perquisitionnèrent le local de la rue de Loos, ils saisissaient : une tonne de tracts, 700 charges d’ablonite, 2000 ovules en gélatine permettant la confection d’engins incendiaires, 15 kilos de mitraille, 15 kilos de chlorate de potasse, des pièces détachées permettant la fabrication d’une cinquantaine de grenades, des charges de poudre noire, 200 cartouches de différents calibres, des rouleaux de cordons Bickford, 150 corps d’engins découpés dans des tubes de chauffage central, deux pistolets (un parabellum, un 7,65 mm) etc.
Emmené dans les locaux des Brigades spéciales à la préfecture de police, Roger Gouffault fut frappé à plusieurs reprises. Selon ses déclarations il aurait fabriqué près d’une vingtaine de valises, boîtes métalliques et en bois, les charges explosives étaient placées par les FTP et FTP-MOI eux-mêmes. Sous les coups, il reconnaissait qu’il assurait également l’approvisionnement en engins destinés à faire sauter les voies ferrées dans un dépôt situé à Ermont (Seine-et-Oise, Val-d’Oise).
Incarcéré à la prison de Fresnes, livré aux Autorités allemandes, Roger Gouffault était le 23 août 1943 dans un wagon à destination de Neue Bremm. Classé « NN » Nuit et Brouillard (destinés à disparaître), les 42 détenus prenaient ensuite la destination de Mauthausen (Autriche). Transféré à Ebensee où des milliers de détenus creusaient des tunnels dans la montagne, devaient y être installées des usines souterraines. Le 6 mai 1945 le camp était libéré, plus de 16 000 déportés y travaillaient, Roger Gouffault matricule 34534 avait survécu aux épreuves.
Après la Libération quand la commission d’épuration de la police siégea, Roger Gouffault ne se présenta pas, il était en Corrèze. Il a été homologué combattant des Forces françaises de l’intérieur (FFI), et Déporté Interné Résistant (DIR).
En novembre 1972, à Memmingem, Roger Gouffault a témoigné lors du procès de l’Hauptsurmführer Anton Ganz, commandant SS du camp d’Ebensee.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article177467, notice GOUFFAULT Roger, Charles dit Léon par Daniel Grason, Gérard Larue, version mise en ligne le 26 janvier 2016, dernière modification le 21 janvier 2022.

Par Daniel Grason, Gérard Larue

SOURCES : Arch. PPo. 77W 486 (dossier Henri Fongarnand), 1W 198, GB 114 bis BS2, KB 5, KB 11. – Bureau Résistance GR 16 P 264555. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – État civil. – Nos remerciements à Jean-Michel Valade, auteur de Au bout de l’enfer concentrationnaire : la vie. Paroles de rescapés corréziens des camps nazis, Écritures, Brive, 2002, p. 192

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 179.

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