BOZETTO Georges, François, Jean

Par Jacques Girault

Né le 23 novembre 1910 à Annecy (Haute-Savoie), mort le 27 janvier 1983 à Annemasse (Haute-Savoie) ; instituteur en Haute-Savoie ; militant syndicaliste du SNI, secrétaire de la section départementale, membre du bureau national.

Bozetto, dirigeant la chorale des élèves de l’école de La Muraz qui remporta le concours des chorales scolaires (UFOLEA) à Bonneville en avril 1954
Bozetto, dirigeant la chorale des élèves de l’école de La Muraz qui remporta le concours des chorales scolaires (UFOLEA) à Bonneville en avril 1954
. Il est à gauche et son épouse est l’avant-dernière à droite.

Son père, barbier devenu coiffeur dans la vieille ville d’Annecy, était un laïque électeur radical-socialiste. Veuf avec trois enfants, il se remaria avec une ancienne ouvrière de la manufacture-filature locale (indiquée « cuisinière » dans le registre d’état civil), qui avait cessé de travailler avant la naissance de Georges Bozetto. Trois autres enfants suivirent.

Élève de l’école primaire supérieure du quai Jules Philippe, il entra à l’École normale d’instituteurs de Bonneville en 1926. Devenu instituteur à partir d’octobre 1929, il fut nommé à La Clusaz, puis ce poste étant supprimé, il enseigna pendant une année dans une classe primaire du collège Guillaume Fichet de Bonneville.

Il effectua son service militaire dans les chasseurs alpins dans l’arrière pays niçois,
et se maria à l’église en août 1933 à Cran-Gevrier (Haute-Savoie) avec une institutrice, dont il divorça.
Membre du club alpin français et syndiqué au SNI, Robert Bozetto fut mobilisé comme sous-officier en septembre 1939 puis, après sa démobilisation dans l’été 1940, rejoignit son poste d’instituteur. Il se remaria à l’église en décembre 1940 à Genève (Suisse) où résidait son épouse, Denise Suatton, née en 1921, étudiante, qui devint institutrice en 1949. Ils eurent trois enfants qu’ils ne firent pas baptiser, et se séparèrent au milieu des années 1960.

Georges Bozetto enseigna après 1940 dans diverses écoles rurales, dont Chilly Coussy-Mougny, Seyssel jusqu’en 1944, Scientrier, La Muraz où il était aussi secrétaire de mairie. Nommé directeur de l’école élémentaire intégrée au centre SNCF « Bois-Salève » au Pas de l’Échelle en 1955, qui avait le statut « d’école de plein air », il eut un rôle déterminant pour y créer une classe de perfectionnement, encadrée par son épouse Denise. Celle-ci fut nommée en 1965 directrice de l’Institut médico-pédagogique « Nous Aussi » à Vétraz-Monthoux jusqu’en 1983.

Après la guerre, Bozetto était membre du conseil syndical de la section départementale du Syndicat national des instituteurs, dont il devint secrétaire général à partir de 1952-1953. Puis il fut secrétaire de la section départementale de la Fédération de l’Éducation nationale en 1961-1962. Il engagea les organisations dont il était responsable dans des actions avec les organisations syndicales départementales et avant tout l’Union départementale CGT. Aussi était-il soupçonné d’être communiste d’autant qu’il militait au SNI dans le courant "cégétiste".

Lors du congrès national du SNI à Pau, le 17 juillet 1953, Bozetto annonça que sa section voterait contre le rapport moral qui maintenait les zones de salaires. Il renouvela ces critiques dans un article de L’École libératrice, le 12 mars 1954, « Et les zones de salaires ? ». Il se prononçait pour une union avec les autres syndicats, y compris la CFTC. Lors de l’élection du bureau national, il figura en troisième position sur la liste « Pour renforcer l’unité et l’efficacité du SNI ». Élu, avec trois autres colistiers, lors de la réunion du conseil national le 26 décembre 1953 (874 voix sur 31567 suffrages exprimés), il accomplit ce premier mandat national assez effacé. Lors des congrès de Paris (6 juillet 1954), de Bordeaux (9 juillet 1955), de Paris (17 juillet 1957), de Brest (17 juillet 1958), il fut désigné comme membre de la commission d’organisation des débats. Il présida la séance du 9 juillet 1954. Il intervint le 21 juillet 1955, dans la discussion du rapport moral, à nouveau sur les zones de salaires et sur la lutte pour la paix. À la fin de 1955, sur la liste « Pour renforcer l’unité et l’efficacité du SNI. Liste d’action laïque et de défense de l’Éducation nationale », conduite par Georges Fournial, il figurait en quatrième position comme à la fin de 1957, sur la liste « Pour l’unité, la démocratie et l’efficacité du SNI », mais cette fois, le scrutin le plaça en troisième position (839 voix). À la fin de 1958, il fut réélu au bureau national en cinquième position sur la liste « Pour l’unité, la démocratie et l’efficacité du SNI », puis à nouveau en décembre 1959 placé en quatrième position par les membres du conseil national. À la fin de 1961, il fut un des six élus de la liste « Le prestige du SNI dépend d’une orientation correcte et ferme et de la vraie démocratie syndicale » ; il en alla de même à la fin de 1961. Il avait été élu le 14 mars précédent à la commission administrative paritaire centrale, en 10e position sur la liste présentée par le SNI « Pour la défense et la promotion de l’école laïque ». Mais il ne fut pas candidat au bureau national en décembre 1963. Il avait été durant cette période suppléant à la commission administrative nationale de la Fédération de l’Education nationale (1953-1955, puis 1961-1962).

À partir de janvier 1956, Bozetto fit partie de différentes commission du SNI : des affaires pédagogiques, de l’Union française (devenue Outre-mer en 1958), des finances, des œuvres et des réalisations sociales. S’ajouta en 1959 celle des relations internationales. En 1962, il appartint aux commissions de l’administration, de la pédagogie, des finances, des œuvres et réalisations sociales. Il participa à plusieurs réunions internationales d’enseignants et se rendit à plusieurs reprises dans les démocraties populaires pour de telles réunions.

Lors de la réunion du conseil national du SNI, il présida la première séance, le 31 mai 1958. Le 19 mai 1961, dans L’École libératrice, il appelait lors du prochain congrès, à repousser le rapport moral. Il en fit de même pour le congrès suivant.

La position de Georges Bozetto était originale puisqu’il n’était pas membre du Parti communiste français. Lors de la réunion du bureau national, le 11 octobre 1956, après l’intervention soviétique en Hongrie, après que Georges Fournial eut justifié l’intervention en faisant un parallèle avec la guerre d’Espagne, il exprima son désarroi. Il s’apprêtait à condamner l’intervention, mais il précisa « Le parallèle avec l’Espagne est pour moi un argument déterminant, mais mes sentiments d’humanité et la répulsion que j’éprouve pour les violences font que je m’abstiendrai », et il ajouta que sa position ne s’apparentait pas à « une dérobade ». Quatre ans plus tard, lors de la réunion du BN, le 31 octobre 1960, Raymond Allard proposa une motion défendant l’action de Denis Forestier dans la préparation du meeting à la Mutualité du 27 octobre, en faveur de "l’Appel à l’opinion pour la Paix négociée en Algérie", organisé par l’UNEF, la FEN et la CTC mais sans la CGT. Les 4 élus « cégétistes » votèrent contre et Bozetto s’abstint, regrettant dans son intervention, « d’avoir à prendre position sur l’attitude d’organisations syndicales extérieures au SNI ». Il n’approuvait « pas les attaques personnelles dont fait l’objet le secrétaire général de notre organisation », tout en critiquant « sans autre information, la façon dont a été conduite l’action avant la journée du 27 octobre ». Plus tard, lors de la réunion du BN, le 8 novembre 1962, Denis Forestier protesta contre l’absence d’Alfred Sorel qui, ce jour-là, participait à une réunion en Seine-et-Oise. Pierre Desvalois proposa une motion estimant que le mandat national surpassait l’activité départementale. Les élus « cégétistes » votèrent contre, tandis que Bozetto s’abstint.

Georges Bozetto participait aux activités des mutuelles sans avoir de mandats d’administrateur et des associations laïques regroupées dans la Fédération des œuvres laïques.

Son épouse dirigea des colonies de vacances UFOVAL de 1949 à 1958 avec lui comme économe. Il s’investit dans les Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active dont son épouse était instructrice. Celle-ci présenta d’ailleurs un rapport sur la musique et le rythme, lors de la journée d’étude du SNI à Vichy sur l’enfance inadaptée, publié dans L’École libératrice du 4 septembre 1963.

Mais les relations entre l’UFOVAL et les CEMEA se dégradèrent à propos de la participation des directeurs de colonies de vacances aux postes de direction de l’UFOVAL et Bozetto cessa de collaborer avec l’UFOVAL dont il estimait que le fonctionnement n’était pas assez démocratique, ce qui lui valut la méfiance des militants socialistes de la FOL.

Bozetto participa à la création des premières maisons familiales de vacances, et dans le cadre de l’UFOLEA, dirigea des chorales scolaires à Scientrier, à La Muraz et à Bois-Salève. Pour l’UFOLEP-USEP, il encadrait la pratique du hand-ball dans le cadre scolaire et postscolaire. Avec les CEMEA, il organisa des rencontres de jeunes en Italie entre 1959 et 1961.

Après sa prise de retraite en 1965, Bozetto, qui habita à Ambilly puis à Ville La Grand, présida le Foyer des jeunes et d’éducation populaire d’Annemasse. Il y participa au développement des sections de hand-ball, de judo, de canoë-kayak, du ciné-club. Il fut membre du conseil d’administration de la FOL de 1967 à 1975. Dans les années 1970, il présida la Ligue Dauphiné-Savoie de hand-ball et participa à la fondation de l’office municipal des sports d’Annemasse. Il fut aussi membre de la société crématiste comme beaucoup de militants de gauche.

Militant du Mouvement de la Paix depuis les années 1950, Georges Bozetto adhéra au PCF en 1974, avec son gendre et sa fille, après l’élection présidentielle. Il pensait que l’union de la gauche ayant failli l’emporter, il fallait renforcer une des composantes et se méfier de François Mitterrand. Trésorier de sa cellule, il se contenta de militer « à la base ».

Lors de son incinération, son ami Romain Baz lui rendit hommage.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17748, notice BOZETTO Georges, François, Jean par Jacques Girault, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 7 avril 2022.

Par Jacques Girault

Bozetto, dirigeant la chorale des élèves de l'école de La Muraz qui remporta le concours des chorales scolaires (UFOLEA) à Bonneville en avril 1954
Bozetto, dirigeant la chorale des élèves de l’école de La Muraz qui remporta le concours des chorales scolaires (UFOLEA) à Bonneville en avril 1954
. Il est à gauche et son épouse est l’avant-dernière à droite.
Bozetto, président de la section hand-ball du club des jeunes d'Annemasse dont il était vice-président au milieu des années 1960.
Bozetto, président de la section hand-ball du club des jeunes d’Annemasse dont il était vice-président au milieu des années 1960.

SOURCES : L’École libératrice. — Renseignements fournis par Rémy Pergoux, gendre de l’intéressé.

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