GOUFFAULT Pierre, Clovis dit Ludovic

Par Daniel Grason, Gérard Larue

Né le 23 avril 1924 à Paris (XVIIIe arr.), mort le 20 décembre 2009 à Paris (VIIe arr.) ; ajusteur outilleur ; résistant FTPF ; déporté.

Fils de Clovis Gouffault, employé de chemin de fer, et de Marie-Rose Lefèvre, sans profession, Pierre Gouffault était le frère jumeau de Roger. Leur père Clovis très grièvement blessé pendant la Première Guerre mondiale mourut le 29 septembre 1929, il fut déclaré « Mort pour la France ». Les jumeaux furent adoptés pupilles de la Nation en mars 1931. Âgé de douze ans Pierre Gouffault fit la connaissance de Roger Pinçon moniteur de gymnastique en 1936 à Nogent-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne) ville où il habitait, au sein de L’Étoile Sportive Nogentaise affiliée à la Fédération Sportive et Gymnique du Travail (FSGT).
De plus, Pierre et Roger Gouffault eurent Marguerite Pinçon mère de Roger comme institutrice. La famille Gouffault déménagea 6 place du Combat (Colonel Fabien) à Paris (XIXe arr.), elle rendit visite plusieurs fois à la famille Pinçon qui tenait un café 6 rue du Château-d’Eau à Paris (Xe arr.), Marie-Rose Gouffault travailla au café comme serveuse, le couple Pinçon vint place du Combat.
Pierre Gouffault obtint à l’issue de l’école primaire son CEP, et son CAP d’ajusteur à la fin de son apprentissage. Ajusteur outilleur, il travaillait aux Établissement DECA à Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne). Sollicité par Roger Pinçon, son frère Roger, modeleur sur bois accepta en juillet 1941 d’entrer dans les FTP, il demanda à Pierre de faire de même. Roger lui expliqua que les Francs-Tireurs devaient commettre des attentats à l’aide d’engins explosifs contre l’armée allemande. Il demanda à Pierre dit dorénavant Ludovic de lui fournir des chutes de métaux pour les placer dans les bombes artisanales.
Le dimanche 13 décembre 1942, Henri Fongarnand, responsable militaire FTP de la région P1 de l’inter région parisienne avait rendez-vous vers 8 heures 45 à la sortie de la gare de Clichy-Levallois-Perret avec Roger Pinçon, responsable du matériel. Les deux hommes se rencontraient pour la seconde fois, à la sortie de la gare des policiers des Brigades spéciales d’intervention des deux commissariats et de la BS2 les arrêtaient.
En fin de matinée, après être allé à des cours de formation d’agent de maîtrise à l’école Turgot (IIIe arr.), Pierre Gouffault rentra à son domicile. Simone Pinçon était là, elle lui annonça que des policiers étaient à son domicile 25 rue de la Grange-aux-Belles (Xe arr.). Elle demanda à Pierre d’aller aux abords du logement pour prévenir son mari de la présence policière. Erreur fatale, il s’y rendit, des policiers municipaux l’interpellèrent.
Remis à la BS2, il fut interrogé dans les locaux des Brigades spéciales à la préfecture de police, il reconnaissait avoir fourni à son frère : « des vis, des ressorts, des couvercles de boîte en tôle et quelques rivets ». Brutalisé sur les raisons de son engagement dans les FTP, il déclara : « Je n’ai jamais fait de politique, ni appartenu à un parti quelconque. J’ignorais que les Francs-Tireurs étaient une organisation communiste ». Il assura que sa mère ne s’était jamais « intéressée à la politique » et qu’il ignorait le rôle de son frère dans les Francs-Tireurs.
Incarcéré, Pierre Gouffault était le 24 janvier 1943 au départ de Compiègne dans le convoi de 1557 hommes à destination de Sachsenhausen (Allemagne), 230 femmes furent dirigées sur Auschwitz (Pologne). Affecté au Kommando Heinkel, les déportés travaillaient pour le constructeur d’avions Ernst Heinkel, ils étaient plus de 8000 en 1944. Le 21 avril 1945 les déportés furent évacués du camp, Pierre Gouffault transféré à la prison de Wittslock située au nord-ouest de Berlin. Matricule 59092 il était libéré le 2 mai 1945.
Après la Libération Pierre Gouffault habita 16 rue Alix à Aulnay-sous-Bois (Seine-et-Oise, Seine-Saint-Denis) où il se maria le 19 mai 1951 avec Lucienne Lenepveu. Il entreprit des démarches administratives auprès de la Direction interdépartementale des Anciens combattants et Victimes de guerre. Il a été homologué combattant des Forces françaises de l’intérieur (FFI), et Déporté interné résistant (DIR).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article177484, notice GOUFFAULT Pierre, Clovis dit Ludovic par Daniel Grason, Gérard Larue, version mise en ligne le 26 janvier 2016, dernière modification le 21 janvier 2022.

Par Daniel Grason, Gérard Larue

SOURCES : Arch. PPo. 77W 486 (dossier Fongarnand), 1W 198, GB 114 bis BS2.– Bureau Résistance GR 16 P 264554. — Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. — État civil.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 179.

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