GOUFFAULT Marie, Rose, Berthe [née LEFÈVRE]

Par Daniel Grason, Gérard Larue

Née le 4 avril 1895 à Paris (XVIIIe arr.), morte le 30 mars 1978 à Brive-la-Gaillarde (Corrèze) ; agent des services hospitaliers à l’Assistance Publique ; internée.

Fille d’Étienne Alfred, palefrenier et d’Hélène Louise Cailleux, journalière, Marie Lefèvre épousa le 24 août 1912 Clovis Louis Charles en mairie du XVIIIe arrondissement. Mobilisé pendant la Grande Guerre, Clovis Gouffault fut grièvement blessé. Marie Gouffault accoucha de Roger et Pierre le 21 avril 1924, la famille vivait dans le XVIIIe arrondissement. Clovis Gouffault mourut le 29 septembre 1929, le ministère des Anciens combattants et Victimes de guerre lui attribua la mention « Mort pour la France ».
La famille Gouffault demeura à Nogent-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne), à l’école primaire les deux frères eurent comme institutrice Marguerite Pinçon. En cette année 1936 marquée par le Front populaire, Roger et Pierre allaient aux leçons de culture physique de L’Étoile sportive nogentaise affiliée à la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT), le moniteur Roger Pinçon était le fils de l’institutrice.
La famille déménagea le 1er mai 1940 au 6, place du Combat (Colonel Fabien) à Paris (XIXe arr.), Roger Pinçon vint également à Paris, il épousa Simone Nève. Ils habitèrent 6 rue du Château-d’Eau où ils tenaient un café, au début de la guerre en raison des difficultés d’approvisionnement ils fermèrent le débit, habitèrent 10 rue de la Grange-aux-Belles (Xe arr.). Les deux familles se rendaient visite, ces relations revêtaient un caractère un caractère amical.
Marie Gouffault travaillait comme agent des services hospitaliers à l’Hôpital Saint-Louis à Paris (Xe arr.), Roger exerçait son métier de modeleur sur bois et Pierre d’ajusteur outilleur. Les deux frères jumeaux furent en juillet et août 1941 recrutés au sein des FTP par Roger Pinçon. Ce dernier était interpellé le 13 décembre 1942 en début de matinée en compagnie d’Henri Fongarnand à la gare de Clichy Levallois-Perret, Roger et Pierre Gouffault furent arrêtés le même jour, tous étaient inculpés pour « menées terroristes ».
Les policiers perquisitionnèrent le domicile de Marie Gouffault, ils saisissaient des livrets de chants révolutionnaires, des feuilles de tickets d’alimentation, une feuille de tickets textiles. Les coupons provenaient des cambriolages des mairies de Vigneux-sur-Seine (Seine-et-Oise, Essonne) et de Champagne-sur-Oise (Oise, Val-d’Oise).
Interrogée dans les locaux des Brigades spéciales à la préfecture de police, elle déclara qu’elle ignorait que ses enfants « avaient des relations d’ordre politique avec Pinçon », « je ne savais pas qu’il appartenait au parti communiste. Jamais nous n’avons parlé politique ensemble ». Quant aux cartes d’alimentation, elle ne savait pas qu’elles provenaient de cambriolages. Quant aux chants révolutionnaires, ils dataient de l’autre guerre. D’autres chants lui avaient été donnés « en 1936 dans la manifestation communiste de Garches », Marie Gouffault faisait référence à la fête de l’Humanité du 30 août 1936. Elle affirma à ses interrogateurs qu’elle n’avait jamais été membre d’un parti politique, ni même sympathisante, et qu’elle ignorait que ses fils étaient FTP.
Livrée aux Autorités allemandes, celles-ci écrivaient le 29 avril 1943 dans une note à la préfecture de police qu’ « aucune inculpation judiciaire ne peut être retenue par la police Allemande contre la femme Gouffault. En raison de ses sympathies communistes, un internement administratif est proposée ».
Déjà internée à la caserne des Tourelles à Paris (XXe arr.), en application du décret-loi du 18 novembre 1939 qui prévoyait l’internement administratif sur décision du préfet à l’encontre des « individus dangereux pour la défense nationale et pour la sécurité publique ». Marie Gouffault fut internée le 3 mai 1943 au camp de La Lande à Monts (Indre-et-Loire), puis au camp de Poitiers (Vienne).
Elle épousa le 6 avril 1946, Daniel Bourget en mairie d’Aulnay-sous-Bois (Seine-et-Oise, Seine-Saint-Denis). Elle entreprit en 1951 des démarches auprès de la direction interdépartementale des Anciens combattants et Victimes de guerre pour obtenir réparation de son internement. Elle fut homologuée au titre de la Résistance intérieure française (RIF).
Elle mourut le 30 mars 1978 à Brive-la-Gaillarde (Corrèze).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article177502, notice GOUFFAULT Marie, Rose, Berthe [née LEFÈVRE] par Daniel Grason, Gérard Larue, version mise en ligne le 21 décembre 2015, dernière modification le 25 janvier 2022.

Par Daniel Grason, Gérard Larue

SOURCES : Arch. PPo. 77W 486 (dossier Henri Fongarnand), 1W 198, GB 114 bis BS2. – Bureau Résistance GR 16 P 353629. – Site internet Mémoire des Hommes. – État civil, Paris 18ème arrondissement.

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