ALEXANDRE Jeanne, Antonine [née BORDERIE] dite Huguette

Par Daniel Grason, Gérard Larue

Né le 27 mars 1912 à Chambon par Anglards-de-Salers arrondissement de Saint-Flour (Cantal), morte le 8 mars 1943 à Auschwitz (Pologne) ; cartonnière, contrôleuse ; agent de liaison des FTP.

Fille de Célestin Borderie, vacher, et d’Ernestine Rolland, cultivatrice, Jeanne était orpheline à l’âge de quatre ans. Son père Célestin soldat au 159e Régiment d’infanterie tué à l’ennemi le 16 septembre 1914, fut déclaré « Mort pour la France » le 19 novembre 1920, par le Tribunal de la Paix de Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis) où habitait sa mère. Du fait de la situation précaire, Jeanne et sa sœur Élise, adoptées pupilles de la Nation en septembre 1919, étaient placées dans une institution religieuse à Senlis (Oise).
À l’âge de quatorze ans, Jeanne entrait en apprentissage à la joaillerie Christofle à Saint-Denis, elle devint contrôleuse de l’argenterie jusqu’en 1939. Elle fit connaissance de son futur mari Maurice Alexandre, ajusteur-outilleur de précision. Ils se marièrent, le couple eut un enfant né en 1938, la famille quitta Saint-Denis et habita 20 rue Albert Ier à Eaubonne (Seine-et-Oise, Val-d’Oise).
Le 15 décembre 1942, membre des FTP Maurice et Jeanne Alexandre et Charlotte Klein avaient rendez-vous avec Suzanne Lasne dite Josette rue Léon-Renault aux Lilas (Seine, Seine-Saint-Denis). Or, le successeur de Roger Pinçon, Raymond Lambert, chargé de la répartition du matériel pour l’inter région parisienne FTP était arrêté par des policiers de la BS2 ainsi que son hébergeur, Charles Lasne.
Tous les trois étaient Interpellés par quatre inspecteurs de la BS2. Emmenée dans les locaux des Brigades spéciales à la préfecture de police, les policiers découvraient dans le sac à provisions de Jeanne Alexandre : un carnet sur lequel des notes étaient écrites, une boîte d’allumettes dans laquelle se trouvait un rapport de Maurice Alexandre. Jeanne Alexandre devait remettre ce rapport à un agent de liaison surnommée « Line ».
Au domicile du couple Alexandre, les policiers saisissaient : un engin incendiaire, un revolver calibre 6,35 mm de marque unique avec cinq balles dans le chargeur et une dans le canon, un percuteur de grenade, des brochures et des tracts du parti communiste clandestin, plusieurs rapports internes su l’action des FTP, des croquis et des plans, une brochure intitulée « Généralités sur les poudres et explosifs », dix cartes de textiles provenant des mairies de Maisons-Alfort, Vigneux-sur-Seine, Champagne-sur-Oise etc., des cartes d’alimentation de diverses provenances.
Contrairement à son mari, Jeanne Alexandre ne fut pas battue lors de son interrogatoire dans les locaux des Brigades spéciales à la préfecture de police. Le 24 janvier 1943, elle était dans un convoi de 230 femmes à destination d’Auschwitz II Birkenau, les détenues arrivèrent à destination le 27 janvier. Jeanne Alexandre malade était rapidement admise au revier (infirmerie), un lieu mouroir, matricule 31779 elle y mourut de la dysenterie le 8 mars 1943. Sur les 230 femmes qui étaient dans ce convoi cent quatre-vingt une moururent (78,7%).
Le 8 août 1945, Maurice Alexandre témoigna devant la commission d’épuration de la police. Il fit part que son épouse Jeanne et lui-même avaient été conduits dans les locaux de la préfecture de police pour y être interrogés séparément. Il précisa « Ma femme n’a pas été maltraitée ». Maurice Alexandre porta plainte contre les inspecteurs qui l’arrêtèrent lui et sa femme, les rendant responsable de sa mort au camp d’Auschwitz (Pologne), et contre les inspecteurs qui lors de la perquisition de son appartement s’étaient rendus coupables de vols.
Son mari obtint pour elle l’homologation comme adjudant dans la Résistance intérieure française (RIF), et la carte de Déportée internée résistante (DIR). Par arrêté du 24 mars 1987, le secrétariat d’État aux anciens combattants lui attribua la mention « Morte pour la France ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article177540, notice ALEXANDRE Jeanne, Antonine [née BORDERIE] dite Huguette par Daniel Grason, Gérard Larue, version mise en ligne le 5 janvier 2016, dernière modification le 22 mars 2020.

Par Daniel Grason, Gérard Larue

SOURCES : Arch. PPo. 77W 486 (dossier Henri Fongarnand), GB 114 bis BS2 22 bis, KB 6, KB 24, KB 25. – Bureau Résistance GR 16 P 73621. – Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Éd. de Minuit, 1995. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – État civil en ligne cote 5 Mi 674/7, vue 68.

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