HANNEQUIN Henri

Par Frédéric Bonaut

Syndicaliste CGT des Alpes-Maritimes ; secrétaire général du syndicat des ouvriers et employés des Tramways de Nice et du Littoral (TNL).

Grève des Tramways des TNL en juin 1904.
Grève des Tramways des TNL en juin 1904.

Membre du bureau du syndicat des ouvriers et employés des Tramways de Nice et du Littoral (TNL) lors de sa création le 5 juin 1904 en tant que secrétaire général (président Léon Juvenel*). Hannequin est à l’initiative de la rédaction d’un livret intitulé "Réglementation générale des conditions de travail du personnel de la Cie TNL", le document fut adopté et le 16 novembre 1904 en Conseil syndical. Ce document fut soumis à la direction de la Cie TNL le 30 novembre 1904 pour application de ce dernier au 1er Janvier 1905 et ultimatum de réponse d’acceptation au 24 décembre 1904, ainsi H.Hannequin adressa au Préfet des Alpes-Maritimes une copie du livret le 6 décembre 1904. Ce document jetait les bases du minimum social pour l’époque dans une entreprise où la direction régnait de manière arbitraire voire féodale au mépris de ses employés et même de sa clientèle, lorsque le directeur Lemonnier se vantait de faire marcher la population laborieuse niçoise avec une "baguette de deux sous". Mais l’ensemble revendicatif de H.Hanequin ne fût pas retenu semble-t-il par la direction des TNL, il y eut en effet une grève en décembre 1904 qui n’a pas l’air d’avoir porté ses fruits, beaucoup des éléments cités à l’intérieur du livret seront des revendications qui ne seront appliquées qu’au fil des décennies suivantes par les luttes, tel que par exemple la création d’un conseil de discipline avec représentation ouvrière mentionné dans le livret, mais seulement créé en 1912.
Quant à la 1ère grève de juin 1904, elle a été largement soutenue par la population niçoise qui s’empara de cet acte fondateur syndical corporatiste pour en devenir un point de départ du mouvement ouvrier niçois dans un esprit de classe et masse. Pour rappel : Le syndicat "rouge" des TNL s’était constitué dans la clandestinité à ses débuts après d’âpres tentatives avortées (vers 1897) déjà du temps des tramways à traction animale ou encore en 1900 (La Cie TNL étant celle des tramways électriques depuis 1899 succédant à celle des tramways hippomobile ; SNTN) à s’organiser dans une organisation enfin indépendante et non chapeautée par les pouvoirs publics et directionnels (par opposition dit "syndicat jaune" organisation maison et para-municipale des TNL) qui ont abouti au syndicat dit "rouge". Organisation syndicale née dans la lutte et le sang dans des journées quasi-insurrectionnelles dans les rues de Nice (incidents violents, intervention de la troupe qui tira sur la foule, peines de prison pour des traminots, renversement de tramways de non-grévistes sur la chaussée, démontage des aiguillages) jusqu’à son assise définitive pour l’avenir, puisque sa descendance est l’actuel Syndicat Général des transports urbains et suburbains de Nice affilié C.G.T. Ce haut lieu clandestin qui donna naissance à ce Syndicat fut le Grand Café de Rome de Nice, où fût lancé l’appel aux traminots de la formation du syndicat rouge de Léon Juvenel* pour enjoindre la corporation à la syndicalisation massive , haut lieu (avec le café d’Auréglia ; place d’Armes également) où se réunissaient quelques courageux qui bravaient toutes les interdictions, les sacrifices et menaces de ces temps, en laissant aux futures générations le fruit d’un statut social sans cesse développé par et pour les traminots.
Il est important de rappeler le grand élan que connut le Syndicat des T.N.L lors de sa grève de juin 1904 et le grand mouvement de masse qu’il déclencha malgré lui et qui draina à la pointe des manifestations jusqu’à 5 000 niçois entonnant l’Internationale (énorme pour l’époque).
Dans l’histoire de Nice cela permit de faire entendre un début de respect de la classe laborieuse niçoise et d’en démontrer sa légitime existence par sa place et ses besoins politiques de reconnaissance en tant que groupe social agissant et à part entière, que Menica Rondelly, chansonnier populaire local sut dans la malice de la langue niçoise mettre en relief dans sa fameuse Cansoun dé la Grèva en soutien aux traminots dans son journal La ratapignata. Par la suite, il y eu bien une grève en 1905. Le 1er mai 1906, qui releva d’une grève et non d’un jour férié chômé, le préfet et le maire de Nice interdirent tout drapeau rouge, les traminots défilèrent toute la journée avec au son de l’Internationale en bravant l’interdiction au travers de la ville, tantôt avec les dockers et tantôt avec les porteurs de gare. Au fil de leurs rencontres sur leur parcours pour se solidariser avec les autres corporations, en fin de journée le drapeau rouge du syndicat des TNL remonta encore l’avenue Malaussena où il y a des accrochages avec la troupe, mais parvînt en marque de respect à être remis intacte comme un trophée au domicile du président du syndicat François Pedinielli*, où Henri Hannequin semble aussi être domicilié dans cet immeuble sis au 2, rue Michelet, et où le groupe rassemblé entonne divers chants sous leurs fenêtres.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article177609, notice HANNEQUIN Henri par Frédéric Bonaut, version mise en ligne le 6 janvier 2016, dernière modification le 10 janvier 2016.

Par Frédéric Bonaut

Grève des Tramways des TNL en juin 1904.
Grève des Tramways des TNL en juin 1904.

SOURCES : Archives départementales des Alpes-Maritimes. — Coupures de presse de L’éclaireur et du Petit niçois. — Publication de la bourse du travail de Nice, L’Union Syndicale, BNF.

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