CLAUDET Simone, Andrée [née GARNIER] alias LEGRAND, dite Hélène

Par Daniel Grason, Gérard Larue

Née le 30 novembre 1912 à Paris (Xe arr.), morte le 24 janvier 2014 à Bagnolet (Seine-Saint-Denis) ; employée de banque ; militante communiste et du Comité Mondial contre la guerre et le fascisme ; résistante FTP ; déportée.

Fille de Magloire et d’Anne Marie Rouxel, Simone Garnier alla à l’école primaire, elle obtint son CEP. Elle adhéra au Parti communiste en 1934 au rayon du XIVe arrondissement, fut membre du Comité des Femmes contre la guerre et le fascisme, devint membre du comité national. Elle épousa Pierre Claudet le 15 janvier 1937 en mairie du XVe arrondissement de Paris. Dès 1938 le couple vivait au 82 rue de l’Amiral Roussin (XVe arr.) dans un logement appartenant à Denise Claudet, mère de son mari.
Son mari prisonnier de guerre en Allemagne, Simone Claudet continua de militer dans l’organisation clandestine. Employée de banque au Crédit Lyonnais, elle fit l’objet d’une enquête le 4 mai 1940, elle était l’instigatrice d’une adresse de félicitations envoyée à Staline pour la signature du pacte germano-soviétique, ceci au nom de la section Banques, elle était également soupçonnée de distribution de tracts du parti communiste clandestin.
Elle eut au cours du mois de mai 1940 un contact avec Raymond Losserand, ex-conseiller municipal communiste du XIVe arrondissement, il lui proposa de devenir permanente, elle accepta. Elle démissionna du Crédit Lyonnais, fut affectée comme dactylographe à la branche propagande, appointée 1200 francs par mois. En juillet 1941, elle assura des liaisons pour le matériel « papier ». De janvier à avril 1942, elle dactylographia les stencils du matériel qui s’adressait aux femmes, elle s’arrêta jusqu’au début septembre pour cause de maladie.
En septembre 1942, le service des cadres la muta au service renseignements des FTP sous la responsabilité d’Élie Gras, rentré de captivité, commissaire politique. Ils se rencontraient dans un logement du 67 rue Sedaine (XIe arr.), leur collaboration fut de courte durée. Arrêté le 8 octobre 1942 par des policiers de la BS2, battu, torturé, Élie Gras mourut le jour même. Début novembre nouvelle affectation à P6, contacts avec deux chefs de détachements le 15 et 16 décembre « Germain » et « Ménard » (René Briand). Le secteur comprenait Clichy-la-Garenne, Asnières, Courbevoie et Levallois-Perret et au-delà jusqu’à la limite de la Seine-et-Oise (Val-d’Oise). Une cinquantaine de FTP se répartissait en six groupes dont l’un formé de quatre FTP était chargé du sabotage à l’usine Renault.
Simone Claudet fut arrêtée par deux inspecteurs de la BS2 le 16 décembre 1942 vers 9 heures, à l’angle des avenues Mathurin-Moreau et Simon-Bolivar à Paris (XIXe arr.), alors qu’elle avait rendez-vous avec Suzanne Lasne dite « Josette ». Celle-ci avait été appréhendée le 14 décembre à la tombée de la nuit ainsi que Raymond Lambert dit « Leclerc ». Emmenée dans les locaux des Brigades spéciale à la préfecture de police, les policiers saisissaient dans son cabas : deux carnets annotés et divers documents concernant son activité, 2000 titres de rationnement, quatre kilos de farine et une clé de verrou.
Son domicile de la rue Sedaine où elle vivait sous l’identité de Legrand était perquisitionné en présence du concierge, y fut trouvé : deux pèses acide, une carte d’identité en blanc, deux plans calligraphiés, des documents relatifs à la fabrication et à l’utilisation d’engins de destruction, une page de carnet figurait un projet d’attentat, trois exemplaires de La Vie ouvrière de novembre 1942, de la documentation éditée par le parti communiste.
Deuxième perquisition vers 17 heures en présence de sa belle-mère Louise Claudet rue de l’Amiral-Roussin, les policiers découvraient : deux bouteilles contenant un liquide incolore, six capsules incendiaires, trois paquets de farine, une carte d’identité avec sa photographie au nom de Bousquet Marie Louise, une carte d’identité en blanc portant le cachet de la mairie de Juvisy-sur-Orge avec sa photographie, une carte d’identité en blanc avec la photographie de Henri Chassepot qui devait rejoindre d’un des groupes de P6, des documents sur l’armement des groupes de Francs-Tireurs, des documents relatifs à la fabrication d’explosifs, une lettre manuscrite concernant Élie Gras, cinq exemplaires de La Vie Ouvrière et de l’Humanité clandestine, une lettre manuscrite concernant l’activité des FTP adressée à Lefèvre Adrienne 20 rue de Paris aux Lilas, un journal adressé aux Francs-Tireurs parisiens, etc.
Interrogée dans les locaux des Brigades spéciales à la préfecture de police, elle a été sévèrement battue à plusieurs reprises, concernant la documentation elle répondit qu’une grande partie de la documentation appartenait à Élie Gras. Elle assuma son activité indiquant qu’elle était rétribuée 2000 francs par mois plus les frais.
Selon ses déclarations il y avait environ cinquante FTP répartis en six groupes placés sous le commandement de « Chapier » et « Menars ». L’un des chefs de groupe se nommait « Chapier ». « Léon » était le commissaire politique et elle était chargée du matériel et de la propagande, « Renard » était le militaire. Le responsable du groupe spécial chargé des sabotages travaillait chez Renault.
La suite de son interrogatoire se déroula sous pression. La clef de verrou que lui avait remis « Léon » elle devait la remettre à « Germain », elle portait un carnet aide-mémoire, Simone Claudet tenta de s’en débarrasser. Elle assuma, les deux pèse-acide, elle les avait acheté, la carte d’identité en blanc idem « c’était pour les copains ». Les papiers pour la fabrication d’explosifs que lui donna « Josette », « Je comptais les reproduire pour les donner aux groupes. » La carte d’identité en blanc avec sa photographie « devait me servir en cas de besoin ». Les tracts saisis « étaient destinés à ma documentation ».
Les policiers lui présentèrent de nombreuses photographies de militants recherchés, elle affirma ne pas les connaître, hormis « Josette » (Suzanne Lasne), « Huguette » (Jeanne Alexandre) et « Robert » (Maurice Alexandre). Il n’y avait là aucune révélation, tous avaient été interpellés, « Josette » le 14 décembre 1942, « Huguette » et « Robert » le lendemain.
Après avoir été livrée aux Allemands, elle fut incarcérée à la prison de Fresnes. Le 26 juillet 1943 Simone Claudet était au départ de la gare de l’Est dans un convoi de 58 femmes dans des wagons aux fenêtres grillagées, toutes condamnées à la déportation pour leurs actions dans la résistance gaulliste ou communiste. Elles arrivèrent à Sarrebruck le lendemain, elles partirent le 30 juillet pour Ravensbrück, arrivèrent le 1er août.
Les détenues furent soumises à un régime qui s’apparenta à celui des Nuit et Brouillard « NN », condamnées à disparaître. Elles n’étaient soumises à aucun travail en Kommando extérieur, un régime d’isolement total, pas de colis, pas de courrier. Les déportées furent transférées au camp de Mauthausen (Autriche), le 22 avril 1945 la Croix-Rouge prenait en charge 43 déportées dont Simone Claudet, matricule 21656.
Le 29 juin 1945, elle témoigna devant la commission d’épuration de la police, elle déclara avoir été détenue pendant huit jours dans les locaux des Brigades spéciales. Lors de son interrogatoire l’un des inspecteurs la gifla violemment à plusieurs reprises, ce qui déclara-t-elle lui « déclencha des saignements d’oreilles pendant tout l’hiver ». Un autre se comporta grossièrement avec elle, la traita de « putain ! ». Elle déposa plainte contre les inspecteurs qui l’arrêtèrent.
Le couple Claudet divorça le 18 novembre 1946, elle se remaria le 13 janvier 1957 avec Alphonse Ernest Maurice Lampe.
Simone Claudet a été homologuée au titre de la Résistance intérieure française (RIF), et Déportée internée résistante (DIR).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article177656, notice CLAUDET Simone, Andrée [née GARNIER] alias LEGRAND, dite Hélène par Daniel Grason, Gérard Larue , version mise en ligne le 27 mars 2020, dernière modification le 27 mars 2020.

Par Daniel Grason, Gérard Larue

SOURCES : Arch. PPo. 77W 486 (dossier Henri Fongarnand), GB 114 bis BS2 22 bis, KB 1, KB 24. – Bureau Résistance GR 16 P 244231 Garnier épouse Lampe, Simone, Andrée. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – État civil.

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