COLOMBAIN Marie-Louise [née MÉCHAIN] dite Louisette

Par Daniel Grason, Gérard Larue

Né le 12 avril 1920 à La Courtine arrondissement d’Aubusson (Creuse), morte le 17 décembre 1998 à Draguignan (Var) ; ; couturière, employée ; militante communiste ; agent de liaison FTP ; déportée.

Marie-Louise Méchain
Marie-Louise Méchain

Fille de François Méchain, marchand fruitier, et d’Alexandrine Malpertu, ménagère, Marie-Louise Méchain épousa Henri Colombain le 20 août 1938 à Fontenay-en -Parisis (Seine-et-Oise, Val-d’Ooise), le couple eut un enfant et vivait 106 rue Lecourbe à Paris (XVe arr.), elle était employée à la mairie du IIe arr. de Paris.
Marie-Louise Colombain partageait les activités clandestines de son mari et fournissait des cartes d’alimentation en blanc aux militants dans l’illégalité. Henri Colombain fut arrêté en octobre 1941 à son domicile, la ronéo qu’il utilisait ainsi que le papier furent saisis. Prévenue par un voisin, elle changea de domicile. Elle fit l’objet d’un mandat d’arrêt par le tribunal de la Seine le 6 novembre 1941, pour infraction à au décret du 26 septembre 1939 portant interdiction du Parti communiste. En fuite, la police la recherchait activement.
Malade de la diphtérie, l’enfant du couple mourut faute de sérum antidiphtérique réquisitionné par les Allemands. Marie-Louise Colombain vivait 126 rue Émile-Zola à Noisy-le-Sec (Seine, Seine-Saint-Denis). Résistante FTP, elle assurait les liaisons de la région P4. Suzanne Lasne dite Josette fut interpellée le 14 décembre 1942 alors qu’elle se présentait en compagnie de Raymond Lambert dit Leclerc au local atelier du 22 rue de Loos (Jean-Moinon) dans le Xe arrondissement. Là était entreposé du matériel devant servir lors d’attentats.
Le 16 décembre 1942 vers 9 heures 30, des inspecteurs de la BS2 surveillaient un lieu de rendez-vous rue Armand-Carrel à Paris (XIXe arr.), deux jeunes femmes faisaient le va-et-vient, Marie-Louise Colombain et Paulette Baylac, elles furent interpellées. Dans le sac de Marie-Louise Colombain, sur une lettre figurait des indications sur des attentats en préparation. Au dos d’un ticket de métro, le nom d’un inspecteur de police d’Alforville (Seine, Val-de-Marne) avec une mention abrégée : « part. anti-com. ». Au dos d’un second ticket de métro, des inscriptions avec des adresses sur un attentat à réaliser. Deux autres petits papiers avec deux adresses, l’une rue de Bagnolet à Paris (XXe arr.), l’autre à Sartrouville (Seine-et-Oise, Yvelines), une feuille avec les horaires des chemins de fer de la banlieue et de la région Est, etc.
Fanny Ladsky militante communiste du XIXe arrondissement fut arrêtée alors qu’elle entrait dans le logement. Elle était hébergée par Marie-Louise Colombain depuis le 10 décembre, internée à Drancy en tant que Juive, déportée au camp d’extermination de Sobibor elle y mourut.
Quant à Paulette Baylac âgée de dix-huit ans, demeurait 94 rue Alexandre-Dumas à Paris (XXe arr.), elle n’était pas encore intégrée dans l’organisation clandestine, mais accompagnait Marie-Louise Colombain. Interrogée, détenue quelques semaines elle était libérée le 19 janvier 1943.
Marie-Louise Colombain fut emprisonnée dans le quartier Allemand de la prison de Fresnes. Le 24 janvier 1943, elle était dans le convoi de 230 femmes dont 119 étaient communistes ou proches du parti communiste au départ de Compiègne à destination d’Auschwitz (Pologne). Le 25 mars 1943, elle quitta Birkenau, fut affectée dans un atelier qui fabriquait des uniformes de femmes SS, la journée de travail était de douze heures de six heures du matin à dix-huit heures, les autres détenues l’appelait familièrement Marilou. Il y avait dans ce lieu quelques chances de survivre, l’appel durait quelques minutes et il y avait des douches. Début avril elle eut la dysenterie, puis le typhus, elle ne sortit du revier (infirmerie) qu’en juin.
Le 2 août 1944, elle était transférée à Ravensbrück, puis le 2 mars 1945 à Mauthausen (Autriche). Elle fut libérée par la Croix-Rouge le 22 avril 1945. À son retour, elle apprenait la mort de son mari Henri le 20 avril 1945 à Gusen, Kommando de Mauthausen.
Elle a été homologuée combattante de la Résistance intérieure française (RIF). Marie Colombain se remaria le 23 décembre 1950 aux Lilas (Seine, Seine-Saint-Denis) avec Henri Rosé, dont elle divorça en 1980, le couple eut trois enfants nés en 1946, 1951 et en 1955. Elle témoigna sur son action résistante, sa captivité et sa nouvelle vie auprès de Charlotte Delbo : « Je ne crois pas m’être bien réadaptée. Je trouve très heureux d’avoir des enfants. Ils m’empêchent de trop penser et ils m’obligent à une certaine activité ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article177679, notice COLOMBAIN Marie-Louise [née MÉCHAIN] dite Louisette par Daniel Grason, Gérard Larue , version mise en ligne le 6 janvier 2016, dernière modification le 5 avril 2020.

Par Daniel Grason, Gérard Larue

Marie-Louise Méchain
Marie-Louise Méchain

SOURCES : Arch. PPo. 77W 486 (dossier Henri Fongarnand), GB 114 bis BS2 22 bis, KB 24. — Avis de recherches de la police (Notes de Claude Pennetier). — Bureau Résistance GR 16 B 408266 — Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Éd. de Minuit, 1995. — Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. — État civil.

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