BRAIZE Charles, Henri

Par Yves-Claude Lequin

Né le 5 décembre 1900 à Morez (Jura) ; ouvrier mécanicien lunetier. Militant syndicaliste et communiste.

Le père de Charles Braize, athée et sympathisant socialiste, était mécanicien lunetier. Lui-même, après l’obtention d’un brevet de mécanique, débuta en 1916 dans le même métier. Quelque temps après l’armistice, il adhéra à la CGT puis, en 1922 au Parti communiste (sous l’influence, dit-il lui-même, de « la grande révolution de Lénine ») et s’attacha dès le début à l’organisation locale de celui-ci.
En 1930, il fut, avec son camarade Chevassus, le principal dirigeant local d’une grande grève à Morez. Durant près de deux mois (du 23 janvier au 18 mars) cette grève, entreprise pour obtenir une augmentation de salaires et étendue à tous les ateliers et usines de lunetterie de la ville, mobilisa les 1 100 ouvriers lunetiers jusqu’à satisfaction presque complète ; la conduite de cette grève fut très dure étant donné sa durée et aussi en raison de la venue (fin février) de gardes mobiles ; après un incident, Charles Braize fut arrêté le 2 mars 1930, aussitôt jugé et condamné à huit jours de prison avec sursis. Puis, peu de temps après la reprise du travail, il fut licencié de son entreprise et eut beaucoup de peine à retrouver un emploi.
A noter que cette grève contribua localement à envenimer les rapports déjà difficiles entre communistes et socialistes : en effet unitaires et communistes accusèrent le maire socialiste de Morez, Henri Lissac, ancien député de la circonscription (1914-1919) et industriel lunetier d’avoir lui-même fait appel aux gardes-mobiles. Les socialistes répliquèrent que cela venait en fait du sous-préfet et critiquèrent les méthodes « gauchistes » des unitaires qui dirigeaient la grève.
Quant à Charles Braize, après cette période mouvementée, il poursuivit ses activités. En 1932, il était trésorier de la cellule de Morez (voir Lyon G.*) et il utilisa notamment les différentes élections pour propager les idées communistes : il fut à plusieurs reprises candidat à des élections municipales, au conseil d’arrondissement en 1934, enfin lors des élections législatives d’avril 1936 dans la circonscription de Saint-Claude, où il recueillit 1 076 voix sur 10 782 suffrages exprimés. À la même date il semblait être secrétaire du conseil des prud’hommes de Morez.
Fait prisonnier en 1939 et interné, il s’évada et se réfugia à Ladoye-sur-Seille (Jura) commune toute proche de Morez mais séparée de celle-ci par la ligne de démarcation ; pendant cette période, il servit de passeur et hébergea des résistants en mission dans la région.
Aussitôt après la Libération, il participa à la réorganisation syndicale : secrétaire de l’Union locale CGT de Morez, il fit partie dès le 19 octobre 1944, de la commission administrative de l’Union départementale CGT reconstituée ; il continua également à militer dans la section communiste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17771, notice BRAIZE Charles, Henri par Yves-Claude Lequin, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 20 octobre 2008.

Par Yves-Claude Lequin

SOURCES : Arch. Nat. F7/13130 (1932). — Arch. Dép. Jura, série M suppl. 46, dossiers non cotés d’élections législatives. — Statistique des grèves, 1930, p. 139. — Le Semeur, notamment 8 février, 22 mars et 30 juin 1930. — Le Jura socialiste, 1er et 22 février ; mars et avril 1930. — Le journal de Dole, 11 novembre 1944. — Lettre de Charles Braize, juin 1974.

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