Le Castellet et Méounes (Var)

Par Jean-Marie Guillon

Le Comité départemental de Libération du Var, qui était basé à Toulon, confia au chef départemental des FFI, le capitaine Salvatori, le soin de mettre en place les bases d’un maquis proche de Toulon pour intervenir rapidement le jour où l’ordre de mobilisation serait reçu. Ce maquis fut préparé au nord de Toulon, sur le plateau de Siou-Blanc, entre les communes du Revest et de Signes.
L’ordre de mobilisation intervint le 6 juin 1944. Près de 4 à 500 maquisards de Toulon et des environs se rassemblèrent donc aux emplacements prévus dans l’attente du débarquement que l’on croyait imminent en Méditerranée (ferme de Siou-Blanc, la citerne du gouvernement, Valbelle et Fiéraquet). Le centre des Compagnons de France de la Pinède replié à Chibron (Signes) fut "attaqué" le 8 juin pour récupérer des couvertures, des vivres, du matériel de cuisine et une camionnette. Plusieurs jeunes ainsi que deux gendarmes rejoignirent le maquis. Le 15 juin, l’exploitant de la ferme de Roboeuf, dans la zone de rassemblement du maquis, considéré comme suspect, fut arrêté par les maquisards.
La situation du maquis devint vite critique puisque le débarquement n’eut pas lieu : manque d’eau, manque d’armes, aucun des parachutages promis (sauf un, qui n’était pas destiné au maquis, récupéré vers la Sainte-Baume) et surtout la certitude que les Allemands se préparaient à réagir. En effet, non seulement les mouvements d’hommes n’étaient pas passés inaperçus, mais encore le CDL avait appris que la femme de l’un des responsables de la mobilisation s’apprêtait à tout dénoncer aux Allemands (cette personne fut exécutée sur ordre du CDL). L’ordre de dissolution du maquis fut donné le 16 juin et, dans l’ensemble, cette phase délicate se déroula bien. Mais, le groupe de jeunes gens des FUJ qui se trouvait à Roboeuf fut intercepté lors de sa descente par les Allemands qui stationnaient à Château Chancel (commune de Sainte-Anne d’Evenos). Les huit prisonniers furent fusillés le 17 juin à l’aube à La Rouvière, sur la commune du Castellet.
Leurs corps ne furent retrouvés que le 18 septembre.
De plus, deux autres maquisards furent tués dans les bois de Méounes le 20 juin.
D’autres résistants, onze au total, furent arrêtés après la dissolution. Maltraités à Hyères, siège de la GFP, emprisonnés à Toulon, il furent jugés le 6 juillet et condamnés à mort. Transférés à Fresnes le 4 août, ils furent libérés le 18 au cours des péripéties de l’insurrection parisienne.

Liste des tués

Le Castellet

  • ABRAINI Pierre, 21 ans, Toulon, traceur sur tôles, FUJ.
  • CARPE Jean, 19 ans, Toulon, mécanicien, FUJ
  • DELAGE Georges, 20 ans, Toulon, manœuvre, FUJ
  • FIET Jean, une vingtaine d’années, Toulon, FUJ.
  • GIANNOLI Pierre, 19 ans, Toulon, FUJ
  • GUERRINI Jacques, 18 ans, Toulon, ouvrier miroitier, FUJ.
  • LEVINE Roger, Toulon, FUJ.
  • SEGHETTI Roger, 24 ans, Toulon, FUJ.

Méounes

  • LOUIS Roger, 18 ans, Fréjus, FFI.
  • X inconnu

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article177731, notice Le Castellet et Méounes (Var) par Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 6 janvier 2016, dernière modification le 11 juin 2021.

Par Jean-Marie Guillon

SOURCES : Témoignages. — Presse locale ; Résistance du 8 novembre 1944. — Arch. Dép. du Var 1W72, Cour de justice de Toulon 20.— Jean-Marie Guillon, Le Var, la guerre, la Résistance 1939-1945, CRDP de Nice, 1984 (rééd. CDDP du Var, 1994), La Résistance dans le Var, thèse de doctorat d’Etat, Université de Provence (Aix-Marseille I), 1989.

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