Curbans, Col de Blaux, Alpes de Haute-Provence (11-12 décembre 1943)

Par Jean-Marie Guillon

Quatorze maquisards y furent capturés par les Allemands et transportés à Marseille pour y être exécutés.

La camp Robespierre installé à l’automne 1943 au col de Blaux, à la limite des départements des Hautes et Basses-Alpes, était commandé par un jeune communiste, Henri Silvy de Ceyreste, près de La Ciotat. La plupart de ses membres, qui étaient au nombre de dix sept, venaient de la région marseillaise, de celle de Toulon ou des environs. Ce camp dépendait de la direction régionale de l’AS qui, en 1943, alors que les maquis FTP ne revendiquaient pas encore leur singularité, était largement composée de communistes ou anciens communistes. Ce camp fut investi dans la nuit du 11 au 12 décembre 1943. Quatorze maquisards furent pris et la ferme qui les abritait fut dynamitée. L’inspecteur départemental des camps AS-MUR fit enquêter sur les circonstances de cette attaque par Henri Cartier-Condemine qui conclut que les attaquants avaient été guidés, qu’ils étaient arrivés de deux côtés, par Curbans et par La Curnière (un camion), qu’il n’y avait pas de garde (ce que contesta le seul rescapé), que les hommes avaient été surpris dans leur sommeil et qu’ils avaient commis diverses imprudences, notamment en se rendant régulièrement à La Saulce (Hautes-Alpes). Aucun coup de feu n’a été tiré. L’existence de la 8e compagnie de la Division Brandebourg, spécialisée dans l’infiltration des maquis, n’était pas connue à l’époque. Or il est probable que, comme les camps de Banon (Basses-Alpes) démantelés exactement au même moment, le camp Robespierre en ait été victime.

L’heure n’était pas encore au massacre sur place des maquisards arrêtés. Ceux-ci furent transportés à Gap, puis à la prison des Baumettes à Marseille. Chose exceptionnelle, treize d’entre eux furent jugés le 9 mars 1944 par le tribunal militaire de Lyon, ce qui est un cas unique dans la répression de la Résistance du Sud-Est. Dix d’entre eux furent condamnés à mort et fusillés le 31 après avoir été autorisés à écrire à leur famille. Les Allemands refusèrent d’indiquer le lieu de l’exécution aux familles et leurs corps ne furent jamais retrouvés. Il semblerait qu’ils aient été fusillés à Marseille, aux Baumettes. D’autres sources disent Lyon. Deux Italiens furent condamnés à 10 ans de travaux forcés et un maquisard qui venait d’arriver fut déporté. Le quatorzième maquisard arrêté, qui n’a pas comparu à Lyon, a été envoyé au travail obligatoire en Allemagne. Originaire de Marseille, ayant des attaches à La Saulce où il se rendait au ravitaillement, Il fut soupçonné d’avoir « donné » ses camarades et fut déféré devant la cour de justice de Toulon, mais bénéficia d’un non lieu le 12 septembre 1945.

La plaque apposée à Curbans à la mémoire de ce maquis ne comporte que huit noms – parfois mal orthographiés. Il s’agit de :
ARNAUX René (probablement Arnoux)
BURLE Jean
INGOLENGO Pascal
LLUCH François
POGGIOLI André
QUEIREL Pierre
SILVY Henri
VENTURE Jean
D’après le service des anciens combattants, devraient être ajoutés les noms de :
MARTINICOL Jean
VACHER.
Il faut y ajouter un troisième Varois :
CADEGIANI Paride

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article177780, notice Curbans, Col de Blaux, Alpes de Haute-Provence (11-12 décembre 1943) par Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 7 janvier 2016, dernière modification le 31 octobre 2019.

Par Jean-Marie Guillon

SOURCES : Presse locale : Résistance, 12 avril 1945, La Marseillaise, 26 juin 1994. — Archives départementales du Var, cour de justice de Toulon, 1W72 et 82. — Richard Duchamblo, Maquisards et Gestapo. Vingtième cahier, Gap, Librairie des Hautes-Alpes, 1995. — Jean Garcin, De l’armistice à la Libération dans les Alpes de Haute-Provence 17 juin 1940-20 août 1944, Digne, 1983 et rééd. 1990. — CDIHP, Le Mémorial de la Résistance et des combats de la Seconde Guerre mondiale dans les Basses-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence), Digne, 1992.

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