FOURNIER Mathieu

Par Pierre Baudrier

Originaire de Janailllat (Creuse), à l’époque « Bellesauve », né le 11 mars 1769 de Jean et Catherine Caillaud, soldat de l’an II, mort le 11 germinal an III à l’ambulance d’Erixen (Palatinat) ; son identité fut reprise frauduleusement pour le donner comme mort lors de l’insurrection des 5 et 6 juin 1832 à Paris et capter ses droits.

.

Mathieu Fournier, de Janaillat (Creuse), maçon, s’engagea dans l’armée au début de la Révolution pour être finalement affecté à la 140e demi-brigade, armée du Rhin. En l’an V la famille reçut son acte de décès. Il décéda le 11 germinal an III à l’ambulance d’Erixen (Palatinat). On commença à liquider la succession.
En 1821, Antoine Fournier, frère du soldat, était à Bicêtre, dans la misère. Il vendit à un certain Girard le reliquat à percevoir de la succession de Mathieu Fournier.
Il avait également une sœur, Françoise, épouse de Léonard Suchon. La liquidation de l’héritage de Mathieu était défavorable aux deux époux de sorte qu’en apprenant que Mathieu ne figurait pas sur le registre de la 140e demi-brigade Suchon songea à contester l’acte de décès de l’an III.
L’occasion se présenta à Paris après l’insurrection des 5 et 6 juin 1832. Après la reddition du quartier général des insurgés, au 30 de la rue Saint-Martin, la 6e légion de la garde nationale avait massacré dix-neuf prisonniers. Le 7 juin ils furent transportés à la Morgue. Suchon et un complice, Brulat, s’y rendirent aussi et Brulat attesta reconnaître Mathieu Fournier dans le cadavre d’un vieillard exposé. Alors que Fournier et lui s’étaient trouvés côte-à-côte dans le quartier Saint-Merry, disait-il, Fournier avait été mortellement blessé à la tête par un biscayen. Le commissaire de police établit l’acte de décès de Mathieu Fournier. Fournier revenant de Pologne on ignorait s’il était marié, également son domicile.
Devant le tribunal de Bourganeuf, Suchon et son épouse tentèrent de faire procéder à un nouveau partage de la succession de Mathieu Fournier. La supercherie fut démasquée. Il faut dire que le président du tribunal, Jean Baptiste Léonard Rouchon, les attendait de pied ferme. Non seulement il avait été soldat de l’an II lui aussi, chasseur à la 12e demi-brigade légère à compter du 20 pluviôse an 2, mais encore, par la suite, il avait exercé des fonctions administratives dans les hôpitaux militaires (État des services militaires dans le dossier de LH).
Suchon fut condamné à 2 ans de prison et 100 francs d’amende. Le substitut avait demandé des circonstances atténuantes
Dans De la Bastille au Mont-Valérien Jean Maitron rappelle que Victor Hugo s’était inspiré de Mathieu Fournier pour dresser le portrait du Père Mabeuf des Misérables..

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article177856, notice FOURNIER Mathieu par Pierre Baudrier, version mise en ligne le 10 janvier 2016, dernière modification le 8 juillet 2022.

Par Pierre Baudrier

SOURCES : Gazette des Tribunaux, journal de jurisprudence et des débats judiciaires. Feuille d’annonces légales. Edition de Paris, des lundi 31 octobre et mardi 1er novembre 1836 (douzième année), n° 3472, page 3, 1ère et 2e colonne ; Journal des débats politiques et littéraires du mardi 1er novembre 1836, pp. 2 et 3.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable